« Une maternité rouge », Christian LAX

Au Mali, le jeune Alou trouve dans les ruines d’un arbre qu’un groupuscule djihadiste a fait exploser (parce qu’il y cherchait du miel) une statuette de mère à l’enfant. L’ancien Dogon à laquelle il l’apporte reconnaît celle qu’il cacha autrefois, à l’époque où le pays, avant d’être indépendant, était pillé par les Français de ses trésors artistiques. Malgré tout, il estime que c’est au Musée du Louvre que la statuette mériterait dorénavant de se retrouver en sécurité. Il charge donc Alou de se rendre en France, à Paris, pour remettre l’œuvre aux représentants du Louvre …

Ce postulat de départ m’a fait tiquer : Alou aurait peut-être décidé d’émigrer, mais j’ai eu du mal à accepter l’idée que le ressort utilisé pour lui faire franchir le pas soit le transport d’une statuette.
Mais même si ce motif m’a paru peu vraisemblable, le parcours d’Alou est ensuite dépeint en séquences-clés qui donnent lieu à des images fortes.
En parallèle, on se propulse à Paris, sur les quais de Seine, où environ cinq cents Africains venant de divers pays et ayant fui l’islamisme radical se sont réfugiés. Dans leur campement de fortune, ils (et aussi ceux qui essaient de les aider) sont en proie à l’indifférence ou à l’hostilité des riverains.
A Paris, on s’intéresse par ailleurs à Claude, scientifique du Musée du Louvre chargé d’authentifier et dater les pièces présentes ou proposées au Musée, grâce à un accélérateur de particules de vingt-sept mètres de long, AGLAE, capable de procéder de manière non invasive, une machine fascinante que je découvrais.

Le décalage entre les préoccupations des chercheurs et le sort des migrants est spectaculaire et, contrairement à Claude, je me souciais davantage de ce qu’allait devenir Alou que de l’objet dont il avait la responsabilité. Cette histoire de statuette était certes nécessaire pour coller au cahier des charges, puisqu’il s’agit d’une bande dessinée réalisée dans le cadre du partenariat Futuropolis – Editions du Musée du Louvre (qui a déjà donné lieu à plus d’un bel album) et elle nous permet de diriger nos pas vers le Pavillon des Sessions, consacré aux Arts premiers. Je l’ai cependant perçue comme artificielle et mon appréciation du scénario s’en est ressentie.
Il n’empêche que, abstraction faite de cette réserve toute personnelle, « Une maternité rouge » s’avère un album de grande qualité, tant sur le fond, avec son récit de migration marquant, que sur la forme : c’est un superbe objet graphique où l’on croise certaines planches de paysage magnifiques mais aussi d’autres retraçant des épisodes de l’odyssée d’Alou expressives au point d’en être bouleversantes.

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« Une maternité rouge », Christian LAX
Editions Futuropolis – Le Louvre éditions (138 pages)

L’avis (enthousiaste) de Nathalie (sur le site Un Amour de BD)

Rendez-vous aujourd’hui chez Moka !

 

16 commentaires sur “« Une maternité rouge », Christian LAX

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  1. Je l’ai déjà vu passer effectivement. Je ne crois pas connaître cette collection en partenariat avec le musée du Louvre…

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    1. Les éditions du Louvre éditent de la bande dessinée en partenariat avec Futuropolis (et d’autres éditeurs, je viens de le voir sur leur site, mais je pense qu’elles ont démarré avec Futuropolis), il y a déjà tout un catalogue car ça date de plusieurs années.

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  2. Intéressant ton avis sur la statuette. C’est vrai que parfois les albums coédités par le Louvre sont un peu artificiels. Maintenant je n’ai plus qu’à trouver cet album en bibliothèque pour me faire mon avis.

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  3. Cette collection est en effet, dans l’ensemble, très réussie. Malgré ton bémol (qui s’est retrouvé concrètement il y a peu dans l’actualité), j’aimerais pouvoir lire cet album.

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