« Le meurtre de Roger Ackroyd », Agatha CHRISTIE

Le meurtre de Roger Ackroyd, retrouvé poignardé dans son bureau, suscite l’émoi à King’s Abbot. Or il se trouve que c’est précisément dans cette bourgade que le fameux détective belge Hercule Poirot, ancien policier à la retraite, vient d’élire domicile. Le voilà donc, à la demande de Flora Ackroyd, nièce de la victime et fiancée du principal suspect, Ralph Paton, beau-fils de Roger Ackroyd, amené à prêter main forte à la police dans son enquête. Il s’adjoint les services de son voisin, le docteur James Sheppard, un des piliers de la petite communauté : celui-ci dresse au quotidien le compte-rendu de leurs recherches …

En prévision du mois anglais, je m’étais lancée mi-mai dans la lecture de « La mystérieuse affaire de Styles », d’Agatha Christie, où on voit apparaître pour la première fois un de ses héros récurrents, à savoir Hercule Poirot. Cette lecture m’a si peu convaincue que je ne l’ai finalement pas chroniquée : la façon de l’auteure d’aller à l’essentiel, sans quasiment décrire le décor ou les personnages, m’avait presque donné l’impression de lire un scénario. Surtout, j’avais été particulièrement agacée par Hastings, l’acolyte de Poirot, son Watson en quelque sorte, sot infatué de lui-même qui ne comprend jamais rien à rien, une vraie caricature.
C’est Lilly qui, tout récemment, m’a donné envie de lire « Le meurtre de Roger Ackroyd » et cette deuxième expérience a été beaucoup plus satisfaisante !

Il faut dire qu’avec le docteur Sheppard, on a un narrateur autrement plus intéressant que le sieur Hastings. Lui au moins, il a oublié d’être bête, ça change ! Et pour ce qui est de relater les incidents et événements en les situant dans leur environnement, il manifeste un talent indéniable. Il fournit donc au lecteur les descriptions nécessaires à son immersion dans l’ambiance (campagne anglaise avec son manoir), raconte avec vivacité les investigations de la police et de notre détective belge et, surtout, fait preuve de beaucoup d’humour, malgré les circonstances sordides : il n’épargne ni sa sœur Caroline, de huit ans son aînée et avec laquelle il vit, championne toutes catégories de la collecte de potins, ni Poirot, dont il ne perçoit pas d’emblée les fameuses « petites cellules grises » que l’intéressé se targue de faire si efficacement fonctionner. Au passage, on a ainsi droit à un chapitre intitulé « Une soirée de mah-jong » qui est un chef d’œuvre de petite pièce comique !

Poirot, de son côté, est égal à lui-même : il se la joue perso à fond, refusant d’expliquer à quiconque, avant la fameuse scène de dénouement-révélations finale, le cheminement de ses pensées et les embranchements qu’elles prennent pour lui permettre de déterminer l’identité du coupable. Evidemment, je n’avais rien deviné et j’ai adoré être surprise ! Un très bon moment de lecture (ou de relecture, mais je ne crois pas, Agatha Christie n’a jamais été ma tasse de thé, même si j’ai bien dû lire quelques-uns de ses romans … il y a trèèès longtemps).

« Le meurtre de Roger Ackroyd », Agatha CHRISTIE
Titre original The Murder of Roger Ackroyd (1926)
Traduit de l’anglais par Françoise Jamoul (traduction entièrement révisée)
Editions du Masque (191 p)

31 commentaires sur “« Le meurtre de Roger Ackroyd », Agatha CHRISTIE

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  1. Il te reste maintenant à lire « Qui à tué Roger Ackroyd » de Pierre Bayard dans lequel l’essayiste propose une relecture du roman d’Agatha Christie ainsi qu’une réflexion sur le délire d’interprétation. Et, surtout, il démontre qu’Hercule Poirot s’est trompé et que le coupable n’est pas celui qu’on croit… Un ouvrage aussi brillant qu’original !

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  2. Je n’ai pas un grand souvenir de « L’affaire de Styles » non plus. Je l’avais lu pour rencontrer Poirot lors de sa première enquête.
    Tu as raison, le chapitre où les personnages jouent au mah-jong est très bien écrit. Je n’ai pas le souvenir d’avoir rencontré autant de finesse dans les autres livres de l’auteur.

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  3. Tu as la chance que personne ne t’aie donné la solution avant (c’est arrivé à une autre lectrice, fort dépitée)
    et bien sûr tu dois lire le bouquin de p bayard!!!

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  4. C’est l’un des rares romans, de toute ma vie de lectrice, dont je me rappelle la fin. Je l’ai pourtant lu il y a bien 3 décennies, mais je n’avais rien vu venir, et Agatha Christie m’avait complètement renversée !!

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    1. Pas vraiment tentée par ce que j’imagine être un nouveau décorticage de l’intrigue en mode brillant exercice de lecture : l’histoire originelle me convient très bien (et suffit à mon bonheur) 😊.

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  5. Je n’ai qu’un seul souvenir de cette lecture : j’avais voulu regarder la date de publication sur wikipedia et l’article annonçait d’emblée qu était le meurtrier. J’étais méchamment dégoûtée.
    Quant à l’affaire de Styles, sais-tu que le meurtre dans lequel le meurtrier use d’une substance pour précipiter les cristaux de Strychnine dans le fond de la bouteille de fortifiant pour que la défunte le prenne en une seule dose (j’espère ne spoiler personne en disant cela) est tellement bien trouvé qu’il est usé comme exemple dans certaines facs de médecine pour sa justesse scientifique ? Je trouve ça trop fort.

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    1. Ah oui, c’est vraiment trop rageant ! (pareille mésaventure pour moi récemment en voulant vérifier des dates sur la parution des différents romans de la Saga Vorkosigan … Faut vraiment faire gaffe à s’abstenir de chercher quoi que ce soit quand on a une lecture en vue !)
      Et pour ton anecdote, effectivement, trop forte, Dame Agatha !

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  6. Oh je l’ai lu il y a 112 ans… je ne me souviens de toute l’histoire… mais je l’avais bien aimé.
    J’en ai lu pas mal aussi, des Agatha, et c’était toujours un plaisir (à part Nemesis qui m’a moins boté… c’était mon dernier en date… et ça remonte à quelques années déjà).
    Hehe tu donnes envie de se replonger dans cette énorme bibliographie. Ca a quand même tout son charme!

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  7. La claque finale ! Je ne l’ai jamais oubliée et le relire en LC avec Bianca m’avait fait un bien fou car je cherchais les indices que Agatha avec disséminés un peu partout. Elle ne te prend pas en traître ! On aurait pu déduire que l’assassin était le colonel Moutarde dans la véranda 😆

    J’ai lu tous les Poirot.

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