
Lykke Andersen a les vêtements couverts de sang et le cou ceint d’ecchymoses lorsqu’elle est amenée devant la médecin légiste : celle-ci procède à un examen détaillé de son corps et à tous les prélèvements nécessaires.
Lykke ne consent à parler qu’à une seule personne, l’inspecteur Manfred Olsson.
Huit ans plus tôt, il fut chargé de l’affaire qui bouleversa leur vie, à elle et son mari, un écrivain célèbre de quinze ans plus âgé : le meurtre, dans la petite stuga toute proche de leur maison où logeaient leurs deux fils jumeaux de dix-sept ans, David et Harry, de leur jeune amie commune Bonnie …
C’est, dans un premier temps, Lykke qui parle. Son récit croisera régulièrement celui de Manfred et les deux narrateurs raconteront à tour de rôle les événements du présent et ceux du passé, éclairant progressivement la situation actuelle en braquant le projecteur sur le drame de naguère, dévoilé au fil des pages.
On fait ainsi la connaissance du couple formé par Likkie et Manfred, avec un aperçu de leur rencontre amoureuse et de leur vie centrée sur l’écriture et l’édition (milieu professionnel de Lykke), émaillée de fêtes données sur leur belle propriété (c’est la nuit suivant l’une d’elles que Bonnie a trouvé la mort).
En revanche, on n’a pratiquement aucun élément concernant les jumeaux. Tout juste le lecteur (en l’occurence, moi) peut-il s’étonner du bégaiement de Harry, évoqué sans que lui soit associée une quelconque thérapie qu’il aurait au moins tenté de suivre pour s’en débarrasser. Likkie n’en parle pas, de toute manière et contrairement à son mari Gabriel, qui semble plus lucide à ce sujet, elle est arc-boutée sur sa conviction viscérale qu’aucun de ses enfants n’a pu commettre un crime (même si, la stuga étant fermée de l’intérieur, la police est convaincue que l’un des jumeaux est le coupable). Son attitude est telle que j’ai éprouvé davantage d’agacement que d’empathie à son égard. Pourtant, quelques-unes de ses remarques actuelles paraissent bien moins catégoriques, de quoi permettre au lecteur de cogiter à ce propos …
Même si cette exposition initiale ne manque pas d’intérêt, j’ai fini par trouver que les choses n’avançaient pas très vite : il faut arriver à presque la moitié du roman pour que ça bouge un peu. En attendant, on piétine et l’auteure nous fait languir avant de daigner nous distiller des précisions concernant la situation présente de Likkie et son lien avec les événements passés.
A noter aussi la place non négligeable prise dans la narration par l’évocation de la vie personnelle de Manfred (dont j’ai appris ensuite que c’était un enquêteur récurrent dans les livres de l’auteure), sans autre lien avec l’affaire que la ressemblance physique de sa fille avec la victime : non seulement je ne lui ai pas prêté grande attention, mais elle ne m’a semblé qu’un autre moyen de ralentir le rythme du roman et de repousser les informations permettant la résolution de l’intrigue.
J’ai écouté la version audio du roman et trouvé les voix de Likkie et Manfred très bien choisies. Celle de Likkie, interprétée par Lola Naymark, est jeune, ferme et agréable, elle correspond à l’image qu’on se fait de la femme plutôt avenante qu’elle incarne. Il en va de même pour Manfred, dont François Hatt endosse le rôle : un timbre plus âgé et posé, là aussi conforme au personnage, réfléchi mais capable de s’emporter à l’occasion face à aux jumeaux soupçonnés de l’assassinat d’une jeune fille lui rappelant son propre enfant. A eux deux, les comédiens m’ont suffisamment accrochée au livre pour que je n’en lâche pas la lecture… enfin jusqu’à un certain point puisque, à défaut de pouvoir lire en diagonale quand j’en ai eu assez de voir les choses traîner en longueur, j’ai fini par accélérer le débit de lecture au point que ça devenait limite.
Heureusement, je n’ai pas eu besoin de le faire trop longtemps car enfin, dans la dernière partie du roman, il y a des éléments nouveaux qui nous amènent à la résolution de l’énigme. Celle-ci ne m’a pas déçue : non seulement je ne l’avais pas vue venir (mais d’autres plus perspicaces que moi pourraient deviner de quoi il retourne), mais elle m’a permis de constater et d’apprécier à quel point l’auteure s’était habilement jouée de moi. Pour autant, c’est l’impression d’une histoire délayée à l’envi afin de différer ces éclaircissements qui me restera.
Bilan plutôt mitigé, donc, pour cette première rencontre avec Camilla Grebe, auteure suédoise dont j’avais entendu parler et que j’étais contente d’avoir l’occasion de découvrir.

« L’énigme de la stuga », Camilla GREBE
titre original Välkommen till evigheten
traduit du suédois par Anna Postel
éditeur d’origine Calmann Lévy (parution février 2023)
AUDIOLIB – février 2023
10 H 43 mn
D’autres avis, plus positifs que le mien, sur Babelio (note moyenne : 4,19 /5)

C’est curieusement une autrice qui ne m’a jamais attirée (même après une rencontre) et ce n’est pas ton billet d’aujourd’hui qui va me faire changer d’avis.
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J’ai essayé de lire l’un de ses romans il y a quelques années mais l’ai abandonné très vite. Je n’ai jamais eu envie de retenter.
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Je n’ai jamais lu Camille Grebe, l’ai notée pourtant, mais rien n’arrive pour le moment à me décider. .-)
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Une auteure que j’apprécie, même si je ne prends pas forcément le temps de lire tout ses romans.
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J’avais lu son premier roman…
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Dommage que tu n’aies pas aimé ce livre, mais vraiment essaie-en un autre, c’est une des rares auteure de polar qui manie la finesse psychologique plutôt que l’hémoglobine.
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Je n’ai jamais lu cette autrice mais j’entends beaucoup parler de ce livre. Dommage qu’il se traîne un peu même si la fin a l’air d’être surprenante.
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