« On ne s’attendait pas à trouver le paradis. On pensait être confrontés à des épreuves, du danger, voire à l’échec. On espérait créer une nouvelle société, en pleine harmonie avec la nature, mais dix-neuf d’entre nous avaient péri dans des accidents ou succombé à des maladies depuis notre arrivée, en comptant les trois femmes mortes la veille sans raison apparente. »
Sur Pax, l’an I de l’arrivée des premiers colons, Octavo, biologiste, raconte les difficultés que leur petite société, une cinquantaine de rescapés partis de la planète terre en perdition afin de prendre ailleurs un nouveau départ, rencontre pour s’acclimater dans un environnement déconcertant : les plantes semblent parfois s’en mêler pour ne pas les laisser agir à leur guise, rétives à l’empreinte qu’ils veulent donner au sol en lui apportant certaines modifications. C’est ainsi qu’ils ont toutes les peines du monde à démarrer les cultures vivrières indispensables à la pérennité de leur implantation. Les trois morts qu’ils viennent de constater finissent par les contraindre à accepter l’idée de devoir composer avec une forme d’intelligence d’ordre botanique …
Le roman se présente sous la forme de chroniques tenues par divers intervenants sur plus de cent ans. Les sauts dans le temps n’émoussent pas l’intérêt car à chaque fois c’est accrocheur et on ne se désespère pas d’avoir perdu de vue le narrateur précédent, on se demande plutôt ce qui s’est passé durant le laps de temps écoulé dans l’intervalle, curieux de découvrir où on en est maintenant. A chaque chapitre, donc, une voix différente et l’auteur réussit à nous attacher immédiatement aux pas de ce nouveau (ou de cette nouvelle) narrateur (trice).
Dans la seconde partie du roman, les écarts temporels se réduisent et des éléments inattendus et importants font basculer le récit, l’orientant sur une voie lui permettant d’approfondir les questionnements relatifs à notre rapport à l’altérité.
Pas de manichéisme dans cette histoire, contrairement à ce que j’avais pu craindre au début, en ayant l’impression qu’un schéma tout fait, un peu classique, allait s’imposer et qu’on se dirigeait vers un déroulement prévisible. Non, j’ai été surprise et j’ai aimé ça, autant que la tension narrative, qui ne faiblit pas, avec du rythme et des personnages (quelle que soit leur nature) capables d’évolution.
« Semiosis » est un roman original et prenant, invitant intelligemment le lecteur à interroger ce qui lui semble acquis, ses cadres de référence et sa propre place dans le monde.
« Semiosis – Un récit de premier contact », Sue BURKE
Titre original Semiosis (2018)
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Florence Bury
Editions Albin Michel Imaginaire (435 p)
Paru en septembre 2019
D’autres avis chez : Lune, Justaword, Feydrautha, Le Chien critique, Lorhkan, TmbM, Apophis, Gromovar, Boudicca, Chut Maman lit, Yogo, Lutin82, Célindanaé , Cuné , Keisha …
Comment ça tu ne l’avais pas lu? J’attends le second volume (si, il existe quelque part en vO)
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Je l’ai lu en février… et me décide enfin à rédiger mon billet (heureusement que j’avais pris quelques notes 📝) afin de pouvoir voter pour le roman dans le cadre du Prix 🏆 des blogueurs du Planète SF.
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Une lecture vraiment surprenante – et pas que grâce à ce cher Stevland ^^. J’ai beaucoup aimé ce titre et l’angle choisi pour traiter de la colonisation de cette planète.
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Je suppose que tu en as parlé sur ton blog … mais je ne trouve pas l’endroit où on peut faire une recherche sur ton blog.
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Oui j’avais fait un article en effet.
Tiens c’est vrai que je n’ai pas d’onglet de recherche, effectivement.
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Ce brave vieux google fait le job aussi ^_^
https://lesmotsdemahault.blog/2019/11/25/semiosis-1-sue-burke/
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pas certaine de le lire pourtant vous êtes à deux pour me convaincre!
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Deux que tu connais, parce que dans les avis recensés, il y en a pas mal de (très) positifs aussi 😀 !
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J’ai quelques Albin Michel Imaginaires mais encore eu le temps de les lire… je voudrais aller plus souvent dans la SF, pour changer un peu de registre.
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D’autant que je suis certaine que c’est un registre qui te convient parfaitement !
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Je ne suis pas « fan » de la SF mais j’y fais des incursions, j’aimerais en lire plus, en découvrir, mais je veux trop faire et les journées ne font que 24h, faut dormir aussi…. 😀
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J’avoue avoir eu un peu de mal à m’accrocher aux narrateurs même si clairement, suivre la Colonie pendant une centaine d’années donne du rythme 🙂 Je crois que je suis la seule à m’être méfiée de Stevland. Il a un profil qui ne me revenait pas 😅
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Ah mais non, tu n’es pas la seule, rassure-toi ! (ATTENTION JE SPOILE : j’étais méfiante à fond, c’est ce à quoi je fais allusion quand je dis que le tour du récit m’a surprise, parce que j’étais sûre que notre « ami » allait s’avérer un despote manipulateur !)
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SPOIL : moi aussi ! 😁
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