Dans un château depuis longtemps abandonné des hommes, les animaux de la ferme ont continué à vivre en autonomie. Mais la république placée sous le signe du collectivisme initialement née dans ces circonstances s’est, progressivement, transformée en une dictature : l’énorme buffle Silvio, entouré de molosses à son service, en est le président autocratique. Quiconque déroge aux règles en vigueur se retrouve cloué au pilori et mordu à mort par ses sbires. Silvio justifie son exercice despotique du pouvoir en arguant du fait qu’il est le seul en mesure de défendre la population contre les loups qui la menaceraient. Sous son autorité, chacun travaille donc d’arrache-pied pour obtenir de quoi tout juste subsister, pendant que lui jouit de son oisiveté et, dans le secret de ses appartements, s’abreuve à une baignoire remplie de champagne.
Parmi les animaux de cette ferme-château, on compte un unique chat. C’est Miss Bengalore, qui a hérité du travail de son défunt compagnon afin de pourvoir aux besoins de ses deux chatons et s’échine donc à tirer de lourdes pierres avant de les transporter jusqu’au sommet des échafaudages d’une tour en construction.
L’oie Marguerite veille, en son absence, sur ses deux petits. Mais l’organisation de ce quotidien de dur labeur va voler en éclats le jour où Marguerite prend la tête d’une révolte spontanée de la population, affamée et ne supportant plus de se voir confisqués tous les biens qu’elle produit …
Ainsi commence « Le château des animaux », fable animalière qui se développera sur 4 albums. Sans être l’adaptation de « La ferme des animaux » de George Orwell, elle s’inscrit en quelque sorte dans son prolongement. C’est ce que nous explique le scénariste Xavier Dorison dans son Préambule, après avoir rappelé l’œuvre de l’écrivain :
« George Orwell a donc vu juste. Mais il n’a pas tout vu.
Et c’est à ceux qui nous ont montré qu’il existait une voie étroite, dangereuse, incertaine mais bien réelle vers un monde meilleur que cette fable espère rendre un modeste hommage. »
Tout m’a plu dans cette chouette bande dessinée (même si j’ai eu un peu de mal avec la police de caractère, manquant à mes yeux de lisibilité) ! Moi qui ne fais pas partie des amoureux des chats, j’ai craqué pour la douce et courageuse Miss Bengalore, capable de voler au péril de sa vie au secours d’un canard en détresse, capable aussi, lorsque l’occasion lui en sera donnée, de se mettre en danger pour faire changer les choses.
Car au-delà de personnages attachants (dont César, le lapin prostitué au grand cœur, qui apporte une touche d’humour bienvenue dans le récit), évoluant dans un environnement sans pitié, c’est bien de changement qu’il est ici question. Un rat vient en effet à passer, saltimbanque conteur d’histoires de rébellions pacifiques et, quand son séjour se prolonge, les premières idées de manifestations d’opposition au pouvoir vont naître, en usant d’une arme inattendue : le rire.
« Le château des animaux » dépeint les vies ordinaires d’animaux brutalement exploités, autrefois par les hommes et maintenant par leurs semblables, qui dans ce premier tome empruntent le chemin de la résistance non violente. La chronique, graphiquement très réussie, est enlevée et prenante. Voilà une série qui s’annonce divertissante et intelligente dont je guetterai les tomes suivants !
« Le château des animaux – tome 1 : Miss Bengalore », Félix DELEP (dessin) et Xavier DORISON (scénario)
Editions Casterman (71 p)
Paru en septembre 2019

Il a de quoi me plaire !
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Effectivement, j’aime beaucoup l’idée de départ !
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ça pourrait me plaire!
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C’est vrai que ça fait beaucoup penser à Orwell et ce que tu en dis m’intrigue beaucoup…
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La couv’ me fait peur…
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Et toi tu me fais rire ^^ !
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C’est beau! La couverture est impressionnante je trouve.
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Pourquoi pas ? Même si ce que tu dis sur la police de caractères me fait un peu peur…
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J’ai failli ne pas en parler, mais mon mari (qui a une meilleure vue que la mienne) a ressenti aussi une petite gêne. De mon côté, je m’en suis très bien tirée … en usant d’une énorme loupe qui avait ressurgi lors du déménagement : je l’avais achetée à l’époque où je m’étais mis en tête de faire de la broderie (on arrête de rire !) ! ça n’a pas duré et la loupe est restée !
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tu donnes bien envie en tout cas !!
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Je pense que tu n’es pas la seule personne à guetter avec impatience la suite de cette fable ! Au plaisir de te relire…
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Merci de ton passage, Eric the Tiger, qui me permet de découvrir le Blog Brother 🙂 !
Et pour ce qui est d’attendre, je pense qu’il va nous falloir être patients : si j’en crois l’article paru au sujet de ce volume dans le magazine Casemate, la gestation de ce premier tome a été longue, donc un an sera vraisemblablement le minimum entre chaque tome.
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Intéressant, je note et je vais voir si je la trouve en médiathèque 🙂
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Xavier DORISON, c’est celui qui est dans la bédé Undertaker, que j’adore. Je note cette bédé aussi !!
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