« Ceux qui restent », BUSQUET et XÖUL

Un matin, ses parents constatent que leur petit Ben n’est plus dans son lit. La fenêtre de sa chambre est restée ouverte sur les toits et ils ne peuvent pas savoir qu’il a suivi un wumple, venu durant la nuit lui demander de l’accompagner pour sauver le royaume des Auxfanthas.
Alertée, la police se trouve rapidement à court d’indices. Comme souvent dans ces cas-là, les parents, d’abord objets de la compassion publique, finissent par voir les soupçons se porter sur eux. Et le retour de Ben ne parvient pas à faire taire les rumeurs : les incroyables aventures qu’il raconte sont perçues comme un conte à dormir debout visant sûrement à occulter une réalité indicible …

L’image de la fenêtre de la chambre restée ouverte sur les toits, la nuit, dans les premières pages de l’album, rappelle Peter Pan, avec la même ambiance graphique évoquant l’Angleterre des années 1900, très réussie. Et c’est bien cet imaginaire qui est ici convoqué, mais élargi à toutes sortes de créatures susceptibles d’entraîner les enfants dans leurs mondes. De ces autres mondes, on ne saura pas grand-chose car c’est dans le nôtre que tout se joue. Monde réel versus monde(s) imaginaire(s) : le choc est rude ! La société dans laquelle continuent à vivre les parents de Ben est bien sûr incapable d’admettre l’irrationnel. A partir de là, le cours des choses, implacablement, se déroule.

« Ceux qui restent », conte cruel et tragique, se plaît à rester de ce côté-ci du miroir pour offrir un angle de vue original, en poussant l’imagination dans ses retranchements. On y pointe du doigt les adultes incapables d’en faire preuve, cramponnés sur leurs convictions, mais on y découvrira en prime, cerise noire sur ce gâteau amer, que les pays imaginaires n’hésitent pas eux aussi à ériger d’impitoyables frontières…
Une histoire hors des sentiers balisés, qui m’a fascinée.

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« Ceux qui restent », Josep BUSQUET (scénario) et Alex XÖUL (dessin et couleurs)
Editions Delcourt (128 p)
Paru en mars 2018

Repéré chez Mo’

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21 commentaires sur “« Ceux qui restent », BUSQUET et XÖUL

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  1. Rho cet album ! J’ai beaucoup la manière dont sont traitées toutes ces désillusions ainsi que la question des préjugés des uns et des autres. Pour le coup, l’angle d’attaque de l’intrigue est original. Et cette fin !!! Elle glace. Elle est logique mais je ne m’y attendais pas du tout

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    1. Ce n’est pas une réécriture de conte : ici, on reste du côté des parents et on observe la manière dont leur environnement (police, voisins puis le cercle s’élargit quand les médias en parlent) réagit à la disparition (voire aux disparitions successives) de leurs enfants.

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  2. C’est terriblement tentant. Ma médiathèque ne l’a pas (pas encore en tout cas), mais pour le coup il a l’air tellement intéressant que je pourrais bien l’acheter. Est-ce que c’est abordable pour un adolescent (13 ans) ?

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    1. Lilly, la cible est clairement le public adulte et non pas jeunesse : on se positionne du côté des adultes qui restent, avec tout ce que la société peut nourrir de soupçons et de doutes à leur encontre. Et pour ce qui concerne les enfants eux-mêmes, la suite donnée aux aventures qu’ils ont vécues va elle aussi s’avérer plus qu’amère puisque l’accès aux contrées imaginaires leur est, quand ils grandissent, soudain refusé tout net par les créatures qui les ont sollicités plus jeunes, de quoi pour certains fiche leur vie en l’air. Bref, pas une BD que j’offrirais à un adolescent …

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