A 17 ans, Tomura, après avoir été saisi par la découverte d’un accordeur de piano à l’œuvre dans le gymnase de son lycée, décide soudain d’embrasser cette profession, lui qui pourtant n’est pas musicien. Venant de la montagne, c’est un garçon discret et qui va le rester, alors qu’il entame un long parcours d’apprentissage au cours duquel il ne cesse de douter, persuadé qu’il ne dispose pas du talent nécessaire pour réussir.
« Une forêt de laine et d’acier », celle qui s’offre à quiconque se plonge dans l’intérieur d’un piano, où « les marteaux en feutre de mouton frapp[ent] les cordes en acier », est un roman d’apprentissage centré sur l’accordage du piano et les résonances qu’il a chez son jeune et sensible héros. Enclin à voir les accords comme autant d’images d’une nature dont il se sent toujours proche, il se remémore ses promenades dans la forêt qui réussissaient à l’apaiser et y découvre une beauté dont il n’avait en ce temps-là pas conscience :
« Seules mes promenades en solitaire me donnaient un sentiment d’appartenance au monde.
C’était ce même sentiment que j’avais retrouvé dans les entrailles du piano. Cette sensation d’être en harmonie avec le monde, sa beauté miraculeuse que je ne pouvais exprimer à travers les mots, je voulais la transmettre par le timbre. Je voulais reproduire cette forêt à l’aide du piano. »
Le livre coule paisiblement, la fluidité de l’écriture répond à celle de la narration. J’ai suivi avec intérêt les premiers pas de cet accordeur en devenir, découvrant la complexité et l’importance représentées par l’accordage d’un piano, l’impact de l’environnement dans lequel l’instrument se trouve mais aussi le rôle tenu par l’instrumentiste, dont les capacités et les attentes conditionnent les choix de l’accordeur. Attentive à la manière qu’a Tomura d’appréhender les sons et réceptive à ce qu’elle dit de notre relation à la musique, j’ai apprécié ce parcours atypique en quête de beauté.
« Debout devant le clavier, il plaqua des octaves des deux mains.
Le piano-paysage se mit à respirer.
A mesure que s’égrenaient les sons, le corps imposant s’éveilla, étirant ses membres gourds avant de déployer ses ailes pour se préparer à chanter. »
« Une forêt de laine et d’acier », Natsu Miyashita
titre original Hitsuji To Hagane No Mori (2015)
traduit du japonais par Mathilde Tamae-Bouhon
éditions Stock – collection La Cosmopolite (272 p)
paru en mars 2018
Encore un qui pourrait tout-à-fait me convenir. C’est noté 🙂
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le titre est vraiment bien choisi.
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Le résumé me tentait, mais ta critique me confirme que ce livre risque de me plaire ! 🙂 Merci pour ton avis !
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J’ai envie de me laisser tenter.
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je viens de lire le billet chez Anne et du coup je viens lire ce billet qui donne totalement envie de lire ce livre
du coup il est doublement noté
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