« Demain sans toi », Baird HARPER

Un homme en attend un autre, qui doit sortir de prison ce jour-là. Mais la sortie s’avère décalée de vingt-quatre heures et le temps de la vengeance, puisque vengeance il y a, va se déporter d’autant.
Celui qui doit sortir de prison, après les quatre années qu’il y a purgées, c’est Hartley. Son crime et ce qui l’entoure vont nous être dévoilés au fil des chapitres composant le roman, chacun centré sur un des personnages, de la famille ou des proches, liés de près ou de loin à l’affaire.

Sans doute la tension n’était-elle pas suffisante pour que je sois réellement accrochée par l’histoire (ou peut-être que je ne m’intéressais pas plus que cela à ses protagonistes), pourtant j’ai aimé sa construction : elle n’est pas livrée clés en main, c’est à nous d’assembler les éléments fournis pour reconstituer le déroulement des événements et appréhender les liens des différents personnages entre eux. L’écriture, elle aussi parfaitement maîtrisée, se met au service d’un récit qui, en se focalisant tour à tour sur ceux que le drame touche ou concerne, directement ou par ricochet, donne au final un aperçu plutôt réaliste d’une certaine frange de la société américaine.
Une lecture de qualité, repérée dans la sélection des Inrockuptibles, mais qui m’a laissée à distance, l’impression d’être entrée puis ressortie de ces pages sans une égratignure.

Extrait :

« Il s’éveille lentement, nage vers la surface de son rêve, des goûts de vin et de gloss tournoient dans sa bouche, jusqu’à ce qu’il émerge enfin dans la cellule bétonnée qui est toujours son foyer. Un violeur ronfle paisiblement sur le lit du bas. C’est le milieu de la nuit avant le jour prévu pour sa remise en liberté. Il n’y a aucune horloge pour lui dire l’heure, aucune fenêtre pour faire entrer la lueur de l’aube dans sa cellule. À chaque rêve, à chaque réveil, le jour nouveau refuse d’arriver. L’avenir cale. La respiration du monstre allongé en dessous de lui compte les secondes à l’envers. Le temps s’inverse. Le passé se tient tapi dans l’obscurité d’avant l’aube. Il entend son souffle lent, sa bouche noire consumant l’avenir. Le jour n’arrivera pas, il ne parvient pas à le voir. Il ignore qui viendra le chercher. Sa mère sera là, mais son père ? Et sa femme ? Il ferme les yeux et nage dans un espace assombri. Pénètre dans la gueule de la bête. Qui viendra et où l’emmènera-t-on ? Où est-il désormais chez lui ? »

« Demain sans toi », Baird HARPER
Titre original : Red Light Run : Linked Stories
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Brice Matthieusent
Editions Grasset (288 p)
Paru en août 2017

6 commentaires sur “« Demain sans toi », Baird HARPER

Ajouter un commentaire

  1. Tu me rassures, je l’ai commencé sans réussir à accrocher… Je n’aime pas les romans qui alignent des situations sordides, sans empathie pour les protagonistes, et c’est là l’impression que j’ai eue.

    J’aime

Un commentaire ? N'hésitez pas !

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Un Site WordPress.com.

Retour en haut ↑