Nicolas Delesalle aura-t-il donné à ses lecteurs le goût du voyage en cargo ? Je l’ignore. En tout cas, il m’aura au moins appris que cette forme de croisière inhabituelle existe, certains cargos disposant d’une ou de plusieurs cabines passagers. Le journaliste-écrivain embarque donc en juillet 2015 sur le MSC Cordoba, énorme porte-conteneurs (275 mètres de long) partant d’Anvers pour se rendre à Istanbul.
Le périple est l’occasion pour ce grand reporter (de Télérama) d’appuyer sur la touche pause : « Pendant neuf jours, j’allais devenir un milliardaire du temps, plonger les mains dans des coffres bourrés de secondes, me parer de bijoux ciselés dans des minutes pures, vierges de tout objectif, de toute attente, de toute angoisse. J’allais me gaver d’heures vides, creuses, la grande bouffe, la vacance, entre ciel et mer. ».
Le temps libéré et l’isolement (pas de téléphone portable ni d’internet) lui permettent d’ouvrir quelques conteneurs personnels (pas ceux du bateau) et de nous emmener ainsi aux quatre coins du monde, au gré de ses souvenirs de moments forts ou de rencontres. Images ou scènes saisissantes se succèdent d’un chapitre à l’autre, qui sont autant de choses vues ou vécues à l’occasion de ses reportages et restées enregistrées en lui.
L’auteur nous raconte aussi les différentes étapes de son voyage proprement dit, tout en nous parlant du capitaine du cargo et des membres de l’équipage philippin avec lesquels il a lié connaissance.
Partage vivant et intéressant, témoignage sensible et engagé des expériences vécues par l’auteur, parfois « épuisé par le malheur des autres », « Le goût du large » ne manque pas d’offrir au lecteur de nombreuses occasions de questionner ce qui se passe dans le monde.
Extrait :
Je me sens proche de ce cargo, je devine qu’il est vivant, à sa manière ; il cache une âme sous cet acier rongé par le sel marin et repeint mille fois. Moi aussi, je suis rongé et repeint mille fois. Et moi aussi, je suis venu avec des boîtes. Le chargement a duré toute une vie. Je sais pertinemment ce qu’elles contiennent, mais j’ai envie, j’ai besoin de les rouvrir pour partager ce qui s’y trouve, maintenant, aujourd’hui, au cours de cette parenthèse liquide, sur ce bateau désert en partance pour Istanbul et qui fend la mer noire d’une nuit d’été. Elles sont pleines d’histoires, ces foutues boîtes, des tragédies, des secondes, des angoisses, des larmes, des rires ou des rencontres qui m’ont assez marqué pour que ma mémoire les enferme dans de petits conteneurs rangés au fond de mon crâne par des grues, des portiques et des poulies invisibles. Des histoires multicolores, empilées sur le même homme, comme les conteneurs venus de partout sont empilés dans le ventre du MSC Cordoba, ce cargo, ce frère.
« Le goût du large », Nicolas DELESALLE
éditions Préludes (320 p)
paru en janvier 2016
lu en numérique via NetGalley
L’avis de : Keisha, Bricabook, A propos de livres, Clara
je me souviens du billet de Keisha et aussi qu’on y parle des Hazaras chers à mon cœur
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Tu devrais croiser le livre un de ces jours en bibliothèque, je pense.
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J’attends qu’il arrive à la bibliothèque, j’ai hâte de découvrir l’auteur. (dont j’ai lu pas mal d’articles par ailleurs)
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J’ai vu que la mienne l’avait acheté.
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j’ai frôlé le coup de coeur
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Et c’est déjà pas mal !
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J’aime beaucoup tes citations, surtout la première, tant il est vrai que ce trésor après lequel on court tellement et que l’on voudrait amasser est le temps.
Merci pour ce billet, Brize, je note ce livre dans un coin de ma tête. J’aime voyager avec les écrivains.
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J’avoue préférer les romans aux œuvres des écrivains voyageurs, mais il y a des romans qui nous font aussi bien voyager.
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J’ai beaucoup aimé ce voyage aux côtés des containers !
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Je n’avais même pas idée qu’on ait la possibilité de voyager ainsi !
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Je le note! Je viens de terminer Un parfum d’herbe coupée et j’ai adoré…
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Ici, on n’est plus dans le roman, de quoi te permettre de découvrir l’auteur en tant que journaliste.
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je crois que c’est un bouquin pour moi celui-ci ! Rien que le titre… Il y a trop de livres qui me font envie en ce moment…
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Oui, un livre qui te plairait, je pense.
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il m’attends dans ma PAL!!!
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J’avais beaucoup aimé son précédent roman et ça m’avait beaucoup surprise (je l’avais reçu en SP sans le demander).
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Moi aussi, je suis surprise (te connaissant … enfin au moins via ton blog 😉 !) ! C’est un roman qui ne m’attirait pas, au point que je n’ai même pas tenté de le lire lorsque je l’ai vu en bibliothèque, persuadée qu’il n’était pas pour moi.
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Je ne savais pas non plus que ce genre de « croisière » existait ! Tu me diras, il y a ce qu’on appelle aussi le tourisme de l’extrême qui est un concept complètement farfelu pour moi.
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