« Camille Claudel », Eric Liberge et Vincent Gravé

Camille claudelVoilà un album que j’avais déjà croisé en librairie mais sur lequel je ne m’étais pas arrêtée, pourtant interpellée par cet œil-lune de l’artiste. Mais il était sur le présentoir d’une de mes médiathèques préférées, j’ai pris le temps de l’ouvrir et le graphisme m’a tellement plu (parce que je le trouvais en parfaite adéquation avec le propos) que l’emprunt allait de soi.
Ce qui va moins de soi, en revanche, c’est le parti pris de laisser à Paul Claudel, le frère cadet de Camille, le soin de narrer la vie de celle-ci, quand on sait le rôle qu’il a pu y jouer. Mais, bon, au fil d’une interview donnée à deux journalistes qui lui rendent visite, il raconte et n’hésite pas à l’occasion à faire son autocritique. Même si le voir se livrer ainsi ne m’a pas paru très réaliste, le procédé est efficace : il permet de rendre compte des événements avec un peu de recul, en les inscrivant dans leur contexte socio-familial.

On plonge donc, grâce au trait expressif et tourmenté de Vincent Gravé, soutenu par la superbe mise en couleur du scénariste Eric Liberge, dans la vie d’une jeune femme au talent confondant et à l’esprit sans aucun doute bien trop libre pour son époque (elle est née en 1864). Sa volonté farouche de s’affirmer, sans faire de concession, se heurte à la bienséance et au qu’en dira-t-on (je pense à l’épisode du drapé qu’il lui faudra ajouter à sa sculpture de valseurs nus). Sa relation avec Rodin est évoquée très clairement, aussi bien dans ses aspects positifs que négatifs. Tout au long de cette biographie qui, compte tenu de son format, ne peut évidemment pas prétendre à l’exhaustivité, on appréhende de manière fine les attentes, les déceptions ou les désarrois de Camille Claudel, tous ces mouvements intérieurs qui, en plus des contraintes extérieures (il faut être reconnue pour gagner de quoi vivre), finiront par tracer son destin.

Un magnifique portrait d’artiste (dont la vidéo ci-dessous vous donnera un aperçu) !

J'ai beaucoup aimé !« Camille Claudel », Eric Liberge (scénario et couleurs), Vincent Gravé (dessin)
Editions Glénat (70 p)
Paru en mars 2012

26 commentaires sur “« Camille Claudel », Eric Liberge et Vincent Gravé

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  1. J’espère le lire bientôt! J’aime toujours beaucoup voir les dessinateurs en action comme dans la vidéo que tu montres,surtout en accéléré: c’est impressionnant! !

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  2. Cette pauvre Camille est l’illustration de la fermeture du 19e siècle sur la liberté des femmes. Au siècle précédent elles écrivaient, tenaient salons, elles étaient de véritables intellectuelles. Le19e se referme, les femmes n’ont que deux statuts, prostituées ou épouses, mais surtout pas artistes. Ce n’est que 1968 qui écartera le carcan…

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    1. L’album rend bien compte de la manière dont l’époque à laquelle a vécu Camille Claudel n’était guère favorable à l’éclosion d’un génie comme le sien.

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  3. Un très bel ouvrage ! J’aime quant à moi le parti pris de la parole du frère car il a eu un rôle très important dans la vie de Camille Claudel, notamment pour permettre aux historiens de l’art de la redécouvrir par la suite ! et le graphisme évoque tellement bien le style de Camille Claudel !

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