Storytelling

Voici ma participation à un petit jeu d’écriture proposé par AsphodèlePlumes à thème 6 – Innocence »), consistant à écrire un texte en y intégrant les mots suivants :
blancheur – doute – débauche – enfance – pureté – accuser – angélique – temps – diablotin – naïveté – mensonge – fredonner – fastueux – flaque.
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Je n’y ai jamais cru, à son histoire.
Elle avait beau me regarder, souriant de son air angélique, je flairais le mensonge derrière chacun de ses mots. Mais c’était une cliente potentielle et, dans mon métier, on n’a pas le temps de s’attarder sur des questions aussi futiles que la vérité. J’ai donc mis mes doutes de côté pour me concentrer sur sa requête, en calculant mentalement les honoraires que je pourrais facturer. Je n’avais pas la naïveté de croire que son mari était aussi abject qu’elle le décrivait, un libertin sans égard pour elle, se complaisant dans la pire débauche. Je pouvais même entendre le diablotin en moi fredonner que l’accuser était le meilleur moyen d’obtenir ce qu’elle voulait, un divorce à son avantage, qu’il accepterait pour éviter tout scandale et qui lui permettrait, à elle, de conserver un train de vie fastueux. L’enfance de l’art pour une femme de son espèce. J’en avais déjà rencontré : elles sont comme moi, elles n’existent pas que dans les romans noirs.
Pendant qu’elle parlait, fichant son regard dans le mien et répondant précisément à chacune de mes questions, je ne pouvais m’empêcher d’admirer la blancheur de son teint et la pureté de ses traits. Mais dans les deux flaques d’encre noire de ses yeux, toute innocence s’était depuis longtemps noyée, seule surnageait la cupidité : encore quelque chose que nous avions en commun.

Ce jour-là, elle devint ma cliente.
Trois mois plus tard, il était impossible à quiconque de ne pas croire à son histoire.

41 commentaires sur “Storytelling

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  1. Eh oui parfois les gens cachent très bien leur peine et leur vérité en ayant un masque de dureté et on ne peut croire que ces gens-là peuvent aussi souffrir et être victime…
    Très beau texte !
    Bonne journée à toi 😀

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    1. Je ne la voyais pas souffrir et être victime mais tu la perçois ainsi : ce qui prouve bien que, une fois écrit, le texte appartient au lecteur !
      Bon dimanche, Laure !

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    1. Ah, c’est marrant, ça : je n’avais jamais pensé qu’on pourrait imaginer que le narrateur était une femme, pour moi il était évident que c’était un homme (un privé/ avocat /ce n’est pas précisé…), comme dans les romans noirs.

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  2. il est toujours plus facile de cracher son venin, surtout si l’on souffre, mais la personne qui le reçoit en porte le poids, chose voulue sans doute, pour se libérer un peu

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    1. Oui, je n’ai pas vraiment fait dans l’innocence, malgré le thème choisi … mais c’est parce que c’était plus amusant d’opter pour le glaçant 😉 !

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    1. Ah ! Tu as vu deux femmes là où je voyais une femme face à un interlocuteur, sans l’avoir certes précisé expressément (mais comme je me référais aux romans noirs, on pouvait se représenter la scène typique de la belle jeune femme qui vient chercher de l’aide auprès d’un privé).

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  3. « Mais dans les deux flaques d’encre noire de ses yeux, toute innoncence s’était depuis longtemps noyée… » Voilà une bien jolie formule. Est-ce qu’il va se passer quelques chose entre le narrateur et cette jeune femme?

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