« L’ombre des Lumières – tome 1 : L’ennemi du genre humain », Alain AYROLES – Richard GUÉRINEAU

France – mai 1745
Le chevalier Justin Fleuri de Saint-Sauveur, débauché notoire, s’est mis en tête de séduire la belle Eunice de Clairefont : il s’en ouvre librement à sa confidente, une certaine Mme de ***, à laquelle il écrit régulièrement.
Mais Mme de Clairefont n’a cure des missives dont il la harcèle et les brûle sans les lire. En revanche, la jeune femme fait la connaissance du baron de la Tournerie, en villégiature dans les environs et se lie bientôt d’amitié avec lui. Comme elle, il se passionne autant pour la science que pour la philosophie et manifeste une conscience sociale aiguë.
Saint-Sauveur, cependant, n’a pas dit son dernier mot …

Si vous trouvez à ces prémices un petit air des « Liaisons dangereuses », c’est normal, puisque le roman fait partie des sources d’inspiration du scénariste, Alain Ayroles, à qui on doit le fameux « Les Indes fourbes ».
« L’ombre des Lumières » est donc une bande dessinée épistolaire (ça ne doit pas être fréquent), exercice pas évident à mener mais réussi. Le point de départ d’Alain Ayroles, comme il l’explique au magazine Casemate (n°170 de juillet-août 2023), était de « Faire entrer en collision l’univers des Liaisons dangereuses et celui du Dernier des Mohicans » (ce dernier aspect apparaît à la fin de le première partie, dans un aperçu de deux pages en mode petit bond dans le futur, exposant ce qui attend plus tard notre héros !). Il s’agit dans un premier temps d’une trilogie, mais il n’est pas exclu, si les lecteurs sont au rendez-vous, que d’autres aventures de Saint-Sauveur nous soient ensuite proposées en one shot et « Le dernier tome de la série se déroulerait à la fin de la Terreur. »

Tout commence, c’est ce que nous expose la préface, avec la découverte d’un secrétaire recelant « une correspondance s’étalant sur presque tout le siècle » et dressant « l’effarant portrait d’un malfaisant ». Sa publication a été décidée à des fins édificatrices (de quoi justifier sans doute que les lettres les plus libertines n’aient pas été censurées 😉 ! ), elle doit contribuer au « triomphe de la Vertu ».
En filigrane, les courriers présentés donnent à voir la période des Lumières. Alors que la misère du peuple demeure prégnante, on rédige l’Encyclopédie et des personnalités comme Émilie du Châtelet, qu’Eunice de Clairefont admire, montrent qu’« une femme est en droit d’apprendre et de penser »… ce dont certains ne cessent de se gausser. On s’intéresse aussi aux Indiens d’Amérique, l’un d’eux viendra d’ailleurs faire son apparition dans le récit.
Ce tome 1 se découpe en deux parties : la première se déroule en 1745 et la seconde nous propulse en 1753. On suit avec curiosité les pas de Saint-Sauveur (en se demandant quelle peut être l’identité de sa mystérieuse correspondante Mme de ***), personnage sans scrupule, oisif et fier de l’être, soucieux seulement de satisfaire ses envies, charnelles en premier lieu. Ses péripéties nous sont contées dans un récit rythmé, porté par un graphisme réaliste, élégant et fouillé.

Un premier tome agréable, avec une fin ouverte (en forme de points de suspension) qui donne envie de poursuivre l’aventure puisqu’il s’agit d’une trilogie, sachant qu’elle va nous conduire au-delà des mers et que notre héros, comme je le disais plus haut, va s’y retrouver en (très) fâcheuse posture.

Je l’ai lu dans sa version numérique via NetGalley mais j’ai eu ensuite le plaisir de découvrir la version papier, dans un grand format (26 x 33) de belle facture, avec une couverture texturée.

Rendez-vous aujourd’hui chez Noukette !

« L’ombre des Lumières – tome 1 : L’ennemi du genre humain », Alain AYROLES (scénario) et Richard GUÉRINEAU (dessin)
éditions Delcourt (72 p – format 25,8 x 33)
paru en septembre 2023

13 commentaires sur “« L’ombre des Lumières – tome 1 : L’ennemi du genre humain », Alain AYROLES – Richard GUÉRINEAU

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    1. Eh oui ! Je l’ai quand même acheté (après l’avoir lu en numérique via NetGalley), parce que je n’ai pas pu résister à la belle version papier et parce qu’on ne part pas pour une longue série mais pour une trilogie.

      Aimé par 2 personnes

  1. Oh là là qu’est-ce que ça fait envie ! Une BD épistolaire ! Et puis Alain Ayroles, en plus, à qui ont doit De Cape et de Crocs avec son comparse Jean-Luc Masbou – excellente série bourrée de références que je recommande ++++ !
    wishlist direct !

    Aimé par 1 personne

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