« La fuite de monsieur Monde », Georges SIMENON

simenonLe jour de son quarante-huitième anniversaire, que personne ne lui souhaite, monsieur Monde s’en va de chez lui, laissant là sa seconde épouse acariâtre, son fils oublieux et tout le train de ses florissantes affaires …

Sans l’ambitieux et séduisant projet « Lire le monde » de Sandrine, je ne serais sans doute pas allée faire cette incursion sur les terres de Simenon, auteur belge prolifique que je connais comme tout un chacun au travers des multiples adaptations filmées de ses romans mais que je n’avais jusque-là jamais lu.
Pour la lecture commune prévue ce jour, mon choix s’est porté sur « La fuite de monsieur Monde », un court roman « classique » (pas un policier) dont le thème me plaisait (je suis toujours séduite par ces histoires de personnages en rupture de ban) et dont je me souvenais avoir bien aimé l’adaptation télévisuelle avec dans le rôle-titre Bernard Le Coq, acteur que j’apprécie.
Les premières pages m’ont bluffée car, je ne sais pas pourquoi (allez, un petit préjugé tenant au fait que Simenon a surtout écrit des polars ?), je ne m’attendais pas à une telle qualité littéraire. J’ai souri en découvrant la description physique de monsieur Monde, un homme replet au visage poupin auquel Bernard Le Coq ne ressemble absolument pas. Malheureusement, je n’ai pas été intéressée plus que cela par le tour que prend la fuite de monsieur Monde, peut-être parce qu’il n’arrête pas de retomber sur des femmes dont il m’a semblé qu’elles ne faisaient qu’entraver sa nouvelle liberté de mouvement. Mais il n’y a pas que cela, car sa liberté, sur le fond, il la retrouve, même au sein d’un environnement étriqué. Le fait est que les trois personnages féminins présentés dans le roman me sont apparus quelque peu datés, voire désuets comme le roman lui-même, tant elles ne correspondent plus à l’image de la femme de nos jours et cela m’a gênée. Je ne peux pas comparer le roman avec l’adaptation télévisuelle que j’évoquais initialement car je n’ai qu’un vague souvenir de celle-ci.

Une découverte intéressante quant au style de l’écrivain, donc, mais un peu décevante par ailleurs, même si l’aperçu donné de l’évolution de monsieur Monde ne manque pas de subtilité et de profondeur.

On verra si les autres romans qui seront présentés aujourd’hui (j’ajouterai les liens à la fin de ce billet) me donneront envie d’aller à nouveau lire Simenon !

J'ai bien aimé !« La fuite de monsieur Monde », Georges SIMENON (paru en 1945)Lire-le-monde-icone
in « Tout Simenon », tome 1 (pages 115 à 206) – Editions Omnibus (2002)

Lecture commune (dans le cadre du projet « Lire le monde ») à laquelle ont participé : Sandrine avec « Le chat« ; Kathel avec « La fuite de monsieur Monde » et « Maigret s’amuse » ; Le Bouquineur avec « Le Petit Saint » ; Hélène avec « Trois chambres à Manhattan« ; Yueyin avec « Pietr le letton« 

20 commentaires sur “« La fuite de monsieur Monde », Georges SIMENON

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  1. Je suis ravie de te faire lire Simenon, voire même plus que ravie. Tu as choisi le même roman que Kathel.
    Je ne connais pas la vie personnelle de Simenon, mais il est bien possible, après lecture du roman que j’ai choisi et de ton billet, qu’il ait eu un problème avec les femmes…. La situation est forcément datée dans le temps, sa vision de la femme aussi, mais c’est comme lire un roman du XIXe ou une pièce du XVII : la vision de la femme à l’époque n’est pas celle d’aujourd’hui, c’est contextuel et difficile de le reprocher à l’auteur, il me semble. C’est psychologiquement que c’est plus intéressant, je crois…

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    1. Je me suis fait exactement les mêmes réflexions que toi, qu’on ne pouvait pas reprocher à un auteur d’être de son époque, mais mon billet se veut juste le reflet de ce que j’ai ressenti (plus exactement de ce que j’ai essayé de m’expliquer après, en me demandant ce qui m’avait gênée dans cette lecture). D’autant que je n’ai pas forcément cette impression de daté-désuet en lisant des œuvres d’auteurs des siècles précédents, cela dépend de la manière dont sont traités les personnages.

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  2. C’est amusant, sur le nombre de romans de Simenon, nous avons choisi le même ! J’ai pris ce que j’avais, ceci dit (un volume réunissant trois romans et vendu avec Le Monde il y a quelques années). J’ai apprécié aussi de retrouver un vrai style littéraire, que j’avais un peu oublié, et la finesse psychologique. Mais c’est vrai que les personnages ne sont pas attachants dans ce roman…

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    1. En continuant à y réfléchir, je crois que j’ai trouvé les personnages féminins trop « appuyés » pour être attachants, voire même authentiques. Le portrait de monsieur Monde a davantage retenu mon attention.

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  3. Je dois à cet auteur .on peu de goût pour les romans policiers et d’avoir découvert qu’on pouvait s’ennuyer ferme à la lecture de livres qui étaient encensés par la critique. C’est peu de dire que je n’aime pas Simenon.

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  4. Il me tente bien. J’ai fait une incursion dans la vie de Simenon pour écrire mon billet et je pense qu’effectivement ses relations avec les femmes étaient quelque peu… tumultueuses !

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  5. Simenon était pas mal misogyne, ce n’est pas chez lui que tu trouveras des personnages de femmes évoluées … J’en ai lu un certain nombre à la chaîne dans ma jeunesse, des Maigret, mais pas que .. Je me souviens d’un roman poignant où il évoquait le suicide de sa fille sous couvert de la fiction. J’en relirai bien un pour voir aujourd’hui, mais je crains qu’il me paraisse aussi daté qu’à toi.

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  6. En tant que Belge, je connais bien Simenon. Connu pour être un « homme à femmes » , un peu collabo durant la guerre…bref, c’est pas un monsieur très sympa mais qui possède une plume…Quoique ..je le trouve démodé. Un conseil, si vous voulez connaître un peu mieux la littérature belge actuelle, lisez le truculent Tom Lannoye. Troisièmes Noces, Les Boîtes en carton, Le Livre de ma mère…c’est plein de sensibilité et d’humour.

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  7. Et moi, et moi bon j’ai publié un peu tard… C’est vrai que les romans de Simenon sont très daté, dans certain cas cela donne un petit charme supplémentaire, l’impression de voyage dans le temps, dans d’autres ça agace un tantinet 🙂 mais quel talent pour planter un cadre ou recréer une ambiance…

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    1. Indéniablement, l’homme a du talent !
      (ça y est, j’ai ajouté le lien vers ton billet : t’inquiète, je voulais que ça soit complet, moi, donc je n’allais pas te rater 😉 !)

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  8. C’est un peu le problème avec les romans contemporains qui datent un peu. On y retrouve plus ou moins notre vie avec cependant un petit coup de vieux. L’effet est souvent désagréable. Chose que l’on ne ressent pas en lisant un roman écrit au 18ième, là on ne se pose pas la question, on sait que s’est une autre époque. Je partage donc ton sentiment mais j’ai cependant envie de découvrir la plume de cet auteur que je n’ai jamais lu. Je pense cependant lire un roman policier et même peut être un Maigret. Ca parait tellement évident 🙂

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    1. C’est vrai qu’on est plus « tolérant » pour des romans davantage éloignés dans le temps, tu as raison. Quant à Maigret, on pense bien sûr tout de suite à lui quand on évoque Simenon mais le personnage tel que j’ai pu le voir interprété à l’écran ne m’attire pas vraiment.

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