« Le temps où nous chantions », Richard POWERS

temps ou nous chantionsIls se rencontrent à Whashington, en 1939. Elle, Delia Daley, jeune cantatrice noire. Lui, David Strom, Juif allemand réfugié aux Etats-Unis où il a été accueilli à bras ouverts car c’est un physicien aux intuitions brillantes dont le génie se consacre à l’étude du temps. De cette union, qu’ils qualifient de l’oiseau et du poisson, naîtront trois enfants. Ils voudront les élever hors de toute considération de races, portés par la musique avant tout. Mais le monde qui les entoure ne cessera de s’opposer à eux et, quelque distance qu’ils aient voulu prendre avec lui, les rattrapera …

Ce « temps où nous chantions », c’est celui de l’enfance, où la famille baignait dans un univers à part, la musique rythmant leur quotidien, et volontairement protecteur (les parents faisaient classe à leurs enfants à domicile). Mais qui peut réellement protéger parents et enfants en butte à l’incompréhension et plus souvent à l’hostilité, y compris chez certains de leurs proches ?
Le roman parcourt ainsi un demi-siècle d’histoire américaine où la question brûlante de la race ne peut jamais être occultée. Il est construit sur deux axes tournant l’un autour de l’autre. Joey, le cadet, déroule le fil de ses souvenirs, inextricablement liés à ceux de son frère, Jonah, chanteur à la voix prodigieuse. Régulièrement, ce fil croise celui du récit des origines, avec la rencontre de Delia et David et ce qui s’en est suivi. Ces deux thèmes se répondent et s’amplifient mutuellement (la musique irrigue tout le récit, dans le fond comme dans la forme), mais il y a aussi une autre dimension, celle du temps qui, selon David Strom, n’existe pas tel que nous le concevons. Et c’est elle qui donnera au roman son ultime et plus bel écho.

Roman long (sans que j’aie eu l’impression qu’il comportait des pages en trop), lent (j’ai pris mon temps pour le parcourir, j’avais une autre lecture plus rythmée en parallèle) et dense (mais jamais difficile à suivre, contrairement à ma première expérience avec l’auteur), « Le temps où nous chantions » fait partie de ces livres d’exception face auxquels on craint les mots maladroits et inaptes à rendre compte du moment qu’on a vécu (tout ça pour expliquer que ça fait 15 jours que je diffère la rédaction de ce billet). Alors je ferai court : magistral.

Marquant !« Le temps où nous chantions », Richard POWERSpavé 2015-petit Mle110mois américain
Titre original The Time of Our Singing (2003)
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nicolas Richard
Editions Le Cherche Midi – collection Lot 49 (2006)
lu en 10-18 (1046 p)

23 commentaires sur “« Le temps où nous chantions », Richard POWERS

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  1. Je ne l’ai toujours pas lu, mais il est bien noté et je le réserverai pour un moment où j’aurai du temps devant moi (comme toi, dans ces cas là, j’intercale des lectures parallèles).

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  2. j’adhère complètement à ta conclusion c’est un roman extraordinaire et qui m’a tenu pendant plus d’un mois , j’ai ensuite été un peu déçue par ce qu’il a écrit ensuite, malgré moi je m’attendais à ce qu’il m’entraîne encore plus haut et plus loin.

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  3. Passé le temps de ma surprise (tu ne l’avais donc pas encore lu?), je suis allé directement voir combien de parts de tarte tu lui avais attribué avant de lire ta chronique 😉
    Ce roman mérite amplement les 4 parts (avec peut-être même un supplément de crème ou une boule de glace, non ?)

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    1. Je t’accorde très volontiers le supplément de crème et la glace 🙂 !
      (et tu sais, je n’ai pas lu non plus « De sang froid », que j’avais pourtant acheté pour cet été. En attendant, c’est ma fille cadette qui l’a lu et a beaucoup aimé. )

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  4. C’est un roman qui m’aurait donné en vie d’ouvrir un blog pour en parler si ce n’avait déjà été fait ! (c’est presque ce qui s’est passé, je l’ai lu au tout début de mon premier blog, après en avoir entendu parler… sur un autre blog probablement). Bref un superbe souvenir de lecture !

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  5. Oh oui magnifique ce roman ! J’ai essayé à plusieurs reprises de relire l’auteur depuis mais ses autres titres sont plus hermétiques. « Le temps où nous chantions » m’avait bouleversée !

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