Sophie, trentenaire écrivain/journaliste pigiste au chômage, tire le diable par la queue (lequel ne tardera pas à se manifester) pour arriver à joindre les deux bouts. Le jour où, pour une question d’ordre administratif, son allocation mensuelle ne lui est pas versée, elle en vient à connaître les affres de la faim.
Et ce n’est que le début de ses tourments !
Je me suis réjouie de trouver en médiathèque ce roman au sujet duquel j’avais lu de bonnes critiques … et heureusement, car elles m’ont encouragée à persister quand j’avais un peu de mal à accrocher. L’habillage plaisamment décalé, avec en prime les commentaires off de la voix maternelle, ne masquaient pas à mes yeux un propos tristounet, les choses n’avançaient pas (et pour cause, on ne sort pas du jour au lendemain d’une situation critique, on s’y enfonce) et la propension de l’auteur à accumuler sur le mode ludique (parfois à n’en plus finir) des énumérations de groupes de mots et autres expressions diverses et variées a bien failli avoir raison de moi (mais j’ai souri en distinguant à un moment, parmi tout un salmigondis de cet ordre, un « vous avez l’droit d’sauter des pages » : c’était précisément ce que j’étais en train de faire !).
Allez ! Cela aurait quand même été dommage car, pour nous conter par le menu les péripéties hautes en déconvenues de sa vie de chômeuse, enfin je veux dire de celle de la narratrice, mais son prénom et sa profession prêtent à confusion, elle fait preuve d’une belle inventivité langagière (j’ai particulièrement apprécié la construction de verbes tout neufs, nés du télescopage de deux existants). « Quand le diable sortit de la salle de bain » projette une lumière tantôt crue, tantôt mélancolique (le retour dans le cocon familial), mais dans ce cas l’amertume n’est pas loin (les proches eux aussi sont prompts aux jugements à l’emporte-pièce), sur une réalité contemporaine. Ce faisant, ce tragicomique roman (j’emprunte à l’ami de Sophie son savoureux positionnement des adjectifs) bouillonne d’effervescentes et cocasses trouvailles, car c’est un texte qui sort gaillardement des sentiers battus (au risque de s’enliser dans quelques ornières, libre à chacun d’en repérer ou pas, en fonction de sa sensibilité et de son humour). Bref, on y trouve à boire et à manger (d’ailleurs, l’héroïne fait une expérience dans la restauration comme serveuse), mais cette originale et parfois drolatique escale socio-littéraire mérite un détour.
« Quand le diable sortit de la salle de bain », Sophie DIVRY
Editions Notabilia (309 p)
Paru en août 2015
Nous avons les mêmes lectures ! De mes trois dernières lectures (catégorie rentrée littéraire française avec humour à l’intérieur) c’est celui que j’ai préféré…
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Oui, on a eu deux lectures concomitantes !
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Ce roman me titille depuis un certain temps , j’espère bien le lire , ce que tu en dis me tente mais je vois bien les réserves .
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Tu as bien vu : je ne suis pas inconditionnelle.
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Déjà repéré (mais que deux parts?)
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Oui (pour le cas où mon billet ne serait pas assez clair), mais c’est déjà bien, deux parts !
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J’ai été plus enthousiaste et pourtant son précédent roman m’était tombé des mains ! 🙂
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Je l’ai repéré, celui-là, sans oser m’y risquer (de peur de m’y ennuyer).
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Je vais tester en bibli, je n’ai encore rien lu d’elle.
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C’est aussi le premier que je lis d’elle, même si j’avais déjà repéré ses précédents romans, mais sans franchir le pas.
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On parle beaucoup de ce roman. Le titre précédent n’étant pas vraiment un coup de coeur, j’ai passé mon tour pour celui-ci.
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Il me tendait les bras à la médiathèque : pas pu lui résister !
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J’ai été tentée par l’originalité annoncée. Il est dans ma PAL. J’espère accrocher…
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ça va l’faire !
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En sortant de la salle de bain, il portait une serviette autour des reins, le diable, ou pas ??
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Ah ! Ah ! Ah ! Je reconnais bien là les préoccupations hautement intellectuelles de ma chère Belette !
Ce diable-là ne s’encombre pas d’une serviette, le bougre, aucune raison de masquer des attributs dont il se soucie tout particulièrement (je n’en dirai pas plus, niark ! niark !) !
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Miam miam miam !! je veux voir le bout de sa queue fourchue !!
Tu as eu de ma part le commentaire le plus constructif… 😀
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Je lis des billets enthousiastes mais malgré tout je suis persuadée que ce livre n’est pas pour moi.
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Tu peux toujours tenter en bibliothèque, pour confirmer (ou pas) ton intuition.
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Ca partait bien mais la foison créative a eu raison de moi, j’ai fini par abandonner. Dommage parce que le fond me plaît beaucoup !
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Oui, j’avais vu cela chez toi et je comprends qu’on n’accroche pas plus que cela.
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ah ! je dois le lire pour mon club de lecture …
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J’aimerais bien être une petite souris pour assister aux échanges qui suivront (je ne pense pas que ce livre fera l’unanimité et ça risque d’être drôle !) !
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J’avoue que moi il me fait peur ce roman… J’aime être bousculée dans mes habitudes de lecture pourtant mais là…
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Tu apprécies l’originalité, donc je ne crois pas qu’il y ait lieu d’être inquiète, pour ce qui te concerne 🙂 .
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Je n’ai jamais lu l’auteure, mais je trouve ton avis très mitigé, alors on verra bien….
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Pas très mitigé, mais un peu mitigé, oui !
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