« La langue des oiseaux », Claudie HUNZINGER

langue des oiseauxEn rupture de ban, une femme écrivain part s’installer pour un an seule dans une cabane au milieu de la forêt. Avec Emily Dickinson, des livres chinois à traduire, une paire du jumelles pour observer les oiseaux et aussi un ordinateur connecté à internet.
C’est l’histoire de cette femme (l’auteur ?) mais aussi de sa relation avec Kat-Epadô, une Japonaise qui vend sur ebay des vêtements de la ligne « Comme des garçons » : chacun est présenté au travers d’un texte qui est à lui seul un petit poème en prose. La narratrice commande un des vêtements puis entame une correspondance avec Kat-Epadô …

Cela faisait quelque temps que j’avais repéré Claudie Hunziger sur les blogs, mais je n’arrivais pas à me décider à lire « la Survivance », pas sûre que ce récit soit pour moi.
Le doute n’a pas été de mise, en revanche, dès les premières pages de « La langue des oiseaux » : il m’a semblé que ce livre allait être une (très belle) rencontre et ce fut le cas. Tout m’a plu dans ce court roman (s’inspirant en bonne partie de la vie de l’auteur, Aifelle donnait ce lien à la fin de son billet, j’y ai juste jeté un œil parce que les textes de Kat-Epadô me semblaient trop vrais pour pouvoir avoir été inventés, mais je n’ai pas cherché à démêler plus avant le réel du fictif). A la fois la situation dans laquelle l’auteur s’inscrit volontairement et ses motivations profondes, sa manière de la vivre, intensément, et la langue qu’elle utilise pour partager ce qu’elle vit. Je lisais ce livre, j’essayais de prendre mon temps pour en savourer l’écriture mais j’aillais quand même un peu trop vite, curieuse de l’étrange histoire de Kat-Epadô et des liens que la narratrice nouait avec la jeune femme, me demandant ce que l’auteur allait pouvoir faire de cette relation improbable, sachant déjà qu’elle avait commencé à en tirer un livre (écrivain se nourrissant de l’autre, quelque mauvaise conscience qu’il en ait). Et j’ai aimé ce qu’elle en a fait.

Un moment de lecture rare !

Extrait :

« Après la neige, on annonçait du vent. Il s’était levé. Ma première nuit là-bas, la tempête y allait. Je me sentais de son côté, hargneuse. Parfois, j’aurais pu tout insulter, saccager, détruire, pour que tout renaisse autrement. Cela faisait trop longtemps que nous suivions lâchement notre ruine, le soir, aux actualités, tandis que des pans entiers de la banquise se détachaient en direct sous nos yeux, charriant nos dernières ourses blanches. Nos dernières illusions. Mais la plupart du temps je n’éprouvais qu’une sorte d’amertume désolée : j’avais revu mes aspirations à la baisse ; j’étais entrée dans le rang. Il fallait gagner ma vie. Comment avais-je pu en ressortir ? C’était fait. Pour une année au moins. »

Marquant !« La langue des oiseaux », Claudie HUNZINGER
Editions Grasset (261 p)
Paru en septembre 2014

26 commentaires sur “« La langue des oiseaux », Claudie HUNZINGER

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  1. Dans mes bras Brize !! J’ai beaucoup aimé ce roman dont on n’a pas assez parlé à sa sortie. J’ai encore des descriptions de vêtements dans la tête (et pas que ..)

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    1. C’est un livre que je relirai, j’en avais conscience en même temps que je le lisais (je l’avais emprunté à la bibliothèque mais je l’achèterai).
      Merci à toi pour cette belle découverte !

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  2. Il est dans ma PAL (à cause d’Aifelle aussi) mais j’attendais un moment favorable pour le lire, quand je l’ai acheté je n’étais pas en forme ! Je vais le tenter ! Tu me (re)donnes envie !

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  3. Le coup de la cabane au fond des bois avec quelques livres et dans l’observation de la nature fait très Nature writing, mais l’histoire de la japonaise rend l’histoire assez étrange…

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  4. J’adore l’extrait… Je me laisserais bien tenter malgré une déception récente concernant un bouquin qui parle d’oiseaux;))) ( « monde sans oiseaux » de Karin Serres, tu l’as lu?)

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    1. Non, je ne l’ai pas lu et je n’ai que moyennement envie de m’y risquer (il me semble l’avoir déjà aperçu en bibli, mais sans même aller jusqu’à le feuilleter, ne me sentant pas d’humeur) car, depuis le début, je me demande s’il me correspondrait …
      Pour celui-ci (très différent, d’après ce que j’ai lu au sujet de « Monde sans oiseaux »), il faut tenter !

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  5. Moi aussi j’ai pensé à « Monde sans oiseaux » et « Il pleuvait des oiseaux », deux romans étranges et merveilleux et si je comprends bien, on peut y ajouter celui-ci !! Je note…

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