« Lumières fantômes », Lydia MILLET

lumieres fantomesParce que sa femme, Susan, est plus qu’inquiète de la disparition de son patron à Belize, et parce qu’il découvre soudain qu’elle le trompe, Hal Lindley décide sur un coup de tête d’aller mener des recherches sur place, lui qui, jusqu’à présent, n’avait guère procédé à des investigations que dans le cadre de ses fonctions d’employé du fisc.
En réalité, il ne se soucie guère du disparu, il s’en fait clairement la réflexion une fois qu’il se retrouve là-bas :
« Il allait manger, faire une promenade. Comme personne ne l’écoutait, il pouvait donc bien l’avouer : il n’était pas là pour trouver quelqu’un. Pas là pour se démener mais plutôt pour fondre, se stabiliser, s’amalgamer et se relever dans une forme neuve… mais il pouvait quand même s’occuper quelques heures par jour en recherches quelconques. Ça lui allait. Ça lui donnerait quelque chose à faire. »
Loin de chez lui et des siens, Hal compte donc (se) chercher un peu, mais son (en)quête, soudain dynamisée par un couple d’Allemands redoutablement efficace, va l’emmener aux lisières de lui-même et de son monde …

Dans l’hôtel où il réside, Hal rencontre en effet un sympathique et énergique couple d’Allemands (croqué avec bonheur !), qui se pique de l’aider presque malgré lui dans la recherche de Stern, le patron de sa femme. Son périple est narré sur le mode légèrement ironique-distancié avec lequel il appréhende ce qui lui arrive (il a en permanence l’impression de regarder un film). Mais, sous la chronique des incidents ou micro-événements auxquels il participe, affleure celle d’un quinquagénaire en proie au doute, sur ce qu’il est et l’existence qu’il a vécue jusqu’ici. Belize et l’affaire Stern, davantage qu’une toile de fond, servent ainsi de révélateurs, sans à-coups mais comme si la réalité, la vraie, s’infiltrait progressivement dans la conscience de Hal.

Lydia Millet concilie parfaitement un récit bien mené et les questionnements de son héros, les deux s’éclairant mutuellement. Hal est un personnage intéressant et attachant, dont certaines réflexions peuvent nous inviter à porter un regard critique sur nos propres positionnements. Le sentiment de dérision douce-amère émanant du texte contribue au charme qui s’en dégage : le lecteur a l’impression d’accompagner Hal dans ce périple moite et incertain hors de ses sentiers battus et, par procuration, de se mettre (un peu) en danger comme lui.
Un roman plaisant et intelligent qui, par ricochet, interroge aussi l’individu dans la société qui le (dé)forme.

J'ai bien aimé !« Lumières fantômes », Lydia MILLET
Titre original « Ghost Lights » (2011)
Traduit de l’américain par Charles Recoursé
Editions du Cherche-Midi (260 p)
Paru en octobre 2013

L’avis de Keisha.

12 commentaires sur “« Lumières fantômes », Lydia MILLET

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  1. J’avais bien aimé Le coeur est un noyau candide sur les inventeurs de la bombe atomique transportés de nos jours. J’avais trouvé l’idée originale et les personnages attachants. Après, ça reste du Lot49 et j’avoue que je n’avais pas toujours suivi l’auteur. J’ai l’impression que l’auteur a poursuivi sur une même lancée, du coup je pourrais me laisser tenter à l’occas…

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