« Des vies d’oiseaux », Véronique Ovaldé

A Villanueva, le lieutenant Taïbo est saisi de plusieurs plaintes émanant d’habitants des riches demeures de la colline Dollars : de retour de vacances, ils constatent que leur logement a été occupé en leur absence par des gens qui n’ont rien volé mais profité de tout.
Gustavo Izzara est le premier à s’être manifesté. Sur place, le lieutenant fait connaissance de son épouse, la belle Vida. Il découvre peu après que celle-ci lui a caché la disparition depuis un an de leur fille de vingt ans, Paloma. Quelque temps plus tard, il lui propose de l’accompagner, dans le cadre de son enquête, à Irigoy, miséreuse bourgade de tous les dangers dont Vida lui a appris qu’elle était originaire.

« Des vies d’oiseaux », ce sont celles, entrecroisées, des quelques protagonistes de ce roman qui se lit en douceur, on s’y laisse aller en se demandant vaguement le cours que vont prendre les événements, mais c’est plutôt le voyage en lui-même que l’on goûte. Les faits et les êtres (une princesse s’ennuyant en son palais, un lieutenant pansant un ancien mal d’amour et d’autres, plus jeunes mais blessés et inquiets aussi…) sont posés sans faux-semblant, les vérités étayées d’une métaphore ou d’une de ces considérations arrivant derrière les choses et les gens, subtiles et poétiques ou simplement décalées, dont l’auteur a le secret et qui font tout le charme de son écriture. Il y a ce ton et un temps aussi, présent de narration et d’instant, donnant aux choses et aux sentiments complexes la douce et trompeuse apparence de la simplicité de ce qui est, mais pour mieux lui permettre de céder la place à ce qui devient.
Excepté Gustavo, tranquillement bardé de ses certitudes, chacun des personnages cherche un nouveau point d’équilibre d’où il pourra reprendre son envol. Pour les deux femmes, cela passera par le sentiment amoureux avec (schéma récurrent qui, je le reconnais, m’a un peu gênée) une prise d’appui, au moins provisoire, sur une présence masculine forte. Pour tous, le passé enraciné, découvert par le lecteur au fil des pages, détermine les choix nouveaux.
Des histoires du quotidien, parfois douloureuses, souvent emblématiques, évoquées par une Véronique Ovaldé dont j’apprécie une fois de plus le magique talent de conteuse.

Extrait :

La tristesse de Villanueva lui plaît, elle a un goût de vieil alcool. Mais parfois il se dit qu’il n’aime pas vivre ici. L’océan et le ciel, toute cette eau, de l’eau qui se noie dans l’eau. La pluie d’hiver. Quand on nage il se met à pleuvoir et il y a ce sable froid sur lequel on s’assoit. Vous plongez la main dedans et le sable glacé et sombre fait des kilomètres de profondeur. S’il n’a pas plu le sable sec est comme un mince épiderme, le sable mouillé apparaît à cinq millimètres de la surface et il n’y a rien à faire pour que le monde soit un peu plus accueillant. Il y a toujours cette humidité, vos cheveux sont toujours poisseux, ils ondulent et prennent une densité étrange.
Taïbo se dit régulièrement, « Ici, c’est comme une remorque attachée à la terre, il n’y a plus rien derrière ».

« Des vies d’oiseaux », Véronique Ovaldé
Editions de l’Olivier (236 p)
Paru en août 2011

14 commentaires sur “« Des vies d’oiseaux », Véronique Ovaldé

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    1. Oui, tu peux être rebutée par le côté surréel (que j’aime bien, moi), donc ce serait dommage d’en rester là puisqu’il a disparu dans les suivants.

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  1. J’aurais mis trois parts si l’histoire m’avait davantage convaincue. Le problème c’est que, comme pour ses deux précédents, je suis emballée par sa manière d’écrire… mais pas autant par ce qui m’est raconté (non, je n’ai pas dit qu’elle pourrait me raconter n’importe quoi… quoique !), mais c’est vraiment une question (personnelle) d’affinités.

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