« Un putain de salopard » (tomes 1 et 2), LOISEL et PONT

Kalinbantao – 1972
A l’aéroport de ce trou perdu au fin fond du Brésil, Max fait la connaissance de deux jeunes femmes, Christelle et Charlotte, venues effectuer un remplacement de trois mois dans un dispensaire, un premier job que leur a trouvé leur amie Corinne, déjà employée ici dans un bar.
Max, de son côté, est en quête de ses origines paternelles. Il a en effet quitté ce coin du pays alors qu’il était âgé de trois ans. Sa mère, morte il y a six mois, lui a laissé un petit héritage qui lui a donné envie de revenir pour chercher à découvrir lequel des deux hommes, sur les deux photos qu’il a retrouvées, est son père, sa mère ayant toujours refusé d’aborder la question.
C’est la patronne de Corinne qui, la première, identifie l’un des deux comme « un putain de salopard », un aviateur surnommé Mermoz et abonné aux combines, mort il y a longtemps des suites de ses trafics, après avoir piqué dans la caisse du caïd local et kidnappé sa fille, la petite Isabel, âgée de sept ou huit ans. L’avion se serait crashé dans la forêt et les recherches ont été vaines.
Muni de cette première piste, Max laisse à regret les trois copines (l’énergique Corinne, surtout, qui s’était intéressée à lui de près, comme à tous les gars qui passent dans son rayon d’action) et prend la direction du camp de bûcherons Hermann pour y rencontrer un contremaître ayant connu Mermoz. La jeune et belle Baïa est l’autre passagère du camion de Carlos qui l’y emmène. Pendant ce temps, Christelle et Charlotte rejoignent le dispensaire …

Toute la première partie de ce tome inaugural (il devrait y en avoir trois) se déroule sur un mode léger et bon enfant. Les trois copines sont heureuses de se retrouver, ça rigole et ça chahute, Max mène gentiment l’enquête tout en succombant à l’énergie contagieuse d’une Corinne toujours prête aux nouvelles rencontres masculines.
C’est sur la route du camp que tout bascule, lorsque Max, Baïa et Carlos croisent le chemin d’une jeune femme poursuivie, à laquelle ils veulent porter secours. Les événements dramatiques s’enchaînent alors, avec des conséquences en ricochet sur Christelle et Charlotte : elles ne vont pas tarder à découvrir que le camp de bûcherons est un espace qui se considère en dehors des lois et s’y frotter les mettra rapidement dans une situation dangereuse.

Des deux côtés (celui de Max et celui des deux infirmières), ça va de mal en pis et le tome 2 poursuivra sur cette lancée (ATTENTION SPOILERS SUR LA FIN DU TOME 1), alors qu’on avait laissé nos deux infirmières en mode sauve-qui-peut et Max avec Baïa toujours en fuite dans la jungle, où ils venaient de découvrir la carcasse d’un avion crashé. Seuls les déboires « sanitaires » de Max-dans-la-jungle apportent une touche d’humour (même si pas très finaude) dans un récit qui continue dans sa veine thriller. A noter, puisque je viens d’évoquer Max, qu’il n’est pas très dégourdi, pour une fois on a un gentil bébête au lieu d’une ravissante idiote, puisque Baïa, si elle est jolie, est très futée, elle, parvenant d’ailleurs fort bien à se faire comprendre alors qu’elle est muette. Les autres protagonistes féminins ont aussi des caractères bien trempés, j’ai apprécié.
La ligne claire du graphisme est très agréable, avec une caractérisation des personnages et une immersion dans les différents paysages efficaces. Le découpage des planches est classique mais dynamique et les couleurs chatoyantes. Ces deux tomes se lisent avec plaisir et je serai curieuse de découvrir la suite et fin de cette histoire pleine de suspense lorsqu’elle paraîtra.

Rendez-vous aujourd’hui chez Noukette !

« Un putain de salopard », Régis LOISEL (scénario) et Olivier PONT (dessin)
tome 1 – Isabel (84 p) – paru en avril 2019
tome 2 – O Maneta (86 p) – paru en octobre 2020

éditions Rue de Sèvres

16 commentaires sur “« Un putain de salopard » (tomes 1 et 2), LOISEL et PONT

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  1. J’ai feuilleté le deuxième tome hier en librairie, sans trop savoir de quoi ça parlait. J’irai voir à la bibli s’ils ont au mieux le premier (je dois patienter, le catalogue est inaccessible jusqu’au 15 février pour cause de changement de logiciel)

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  2. Et puisque cela se passe au Brésil, je peux ajouter un lien vers ce billet dans notre récp du mois latino, nous avons créé une catégorie « hors auteurs » latinos pour les titres se déroulant néanmoins dans une des contrées concernées !

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  3. Je ne l’avais pas repéré celle-ci, mais elle semble très « sympa » (à lire), bien qu’un peu éprouvante (j’ai du mal avec les histoires de trafic/kidnapping, c’est une des raisons qui me font éviter l’Amérique latine en littérature).

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