
A Mercy, dans l’Oklahoma, le passage d’une tornade a bouleversé la vie de la famille McCloud. La fratrie, déjà orpheline de mère, y a perdu son père, qui lui a été arraché en même temps que la maison et sa petite ferme attenante, avec ses quelques poules, vaches et chevaux, objets de toutes les attentions.
Totalement démunis, Darlene, Tucker, Jane et Cora se réfugient dans une caravane, seul hébergement à leur portée. A dix-neuf ans, Darlene tire un trait sur ses projets d’avenir pour se charger de la famille. Tucker, âgé de dix-sept ans, est censé l’aider mais, trois mois après la catastrophe, une violente dispute l’oppose à Darlene et il part, laissant un vide immense dans le cœur de Cora, six ans.
Trois ans se sont écoulés lorsqu’il ressurgit à l’insu de Darlene, blessé, pour emmener avec lui Cora, sa petite sœur qui lui ressemble tant, dans sa tumultueuse croisade écoterroriste …
Parmi les nombreuses qualités de ce roman qui m’a d’emblée emportée, il y a l’alternance des deux points de vue, celui de Cora et celui de Darlene. On commence avec Cora : elle raconte à la première personne, revenant sur ce passé appréhendé à la hauteur de ses six puis neuf ans d’alors. Le récit s’ouvre sur la tornade, premier événement dont elle se souvient.
Plus loin, le relais sera pris par Darlene, avec un récit à la troisième personne offrant une perspective différente et complémentaire, en particulier sur le personnage de Tucker.
Chronique de quelques mois pas ordinaires, ceux où Cora, comme elle le dit, disparut, « Zoomania » est une plongée saisissante dans la psyché d’un jeune homme, Tucker, convaincu que l’écoterrorisme est le seul moyen d’intervenir efficacement pour lutter contre la maltraitance animale et les ravages de l’ère anthropocène. Auprès de Cora, à ses yeux son âme sœur, il s’épanche et s’explique, au moins dans les grandes lignes, défendant ardemment ses positions. Cora, enthousiaste, le suit … jusqu’à un certain point, où pour elle tout bascule.
Si Cora est fascinée par Tucker, ce frère qu’elle aime tant, le lecteur peut l’être aussi, en reconnaissant chez lui ses propres préoccupations environnementales. Mais ses actions, témoignant de sa volonté d’y faire face avec cette fougue qui le caractérise, s’inscrivent en marge de la légalité et s’avèrent de plus en plus dangereuses. Plus le roman avance et plus Tucker apparaît en effet comme un jeune homme dévoré par un tel feu intérieur qu’il en oublie tout le reste, au risque de s’y perdre et Cora avec lui.
Prenant, porté par une écriture mouchetée de métaphores originales et témoignant d’une profonde empathie pour tous ses personnages, « Zoomania » n’apporte pas de réponses mais pose à sa manière, passionnée et passionnante, les bonnes questions.

« Zoomania« , Abby GENI
titre original The Wildlands (2018)
traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy
éditions Actes Sud (357 p)
paru en janvier 2021
L’avis de Cathulu, enthousiaste elle aussi.
Comme moi, tu sembles friande de métaphores réussies ! 🙂
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Je survole ton billet parce que je suis en pleine lecture.
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Je comprends 😉 !
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Il est dans ma pile à lire, mais pas forcément pour tout de suite, je suis passée à la bibliothèque et j’ai quelques livres (fort intéressants) à lire avant !
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J’ai eu la chance de le recevoir avec la dernière Masse Critique donc il n’est pas resté longtemps dans ma PAL 🙂 !
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Et me voilà tentée !
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J’avais beaucoup aimé le précédent d’Abby Geni, celui-ci me rend curieuse !
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