« Cassandra Darke », Posy SIMMONDS

Cassandra Darke, 71 ans, solitaire et acariâtre, découvre un revolver dans le sous-sol qu’occupait un an plus tôt sa belle-fille Nicki. Retour sur ce qui s’est passé durant l’année précédente, avec deux récits en parallèle : celui concernant Cassandra et celui de Nicki.

Alors que Noël approche, Cassandra se sent de plus en plus menacée par la révélation de ses petits arrangements avec la vérité, dans le cadre de son métier de galeriste d’art. Quant à Nicki, elle ne supporte plus sa vie de privilégiée auprès de ses parents, au point de demander à Cassandra de l’héberger en échange de petits services au quotidien. Pour le reste, elle cherche à mener à bien sa thèse, en même temps qu’elle initie des manifestations artistiques visant à interpeller le public en partageant ses révoltes avec lui.
Au hasard d’une soirée qui tourne mal, Nicki fait la connaissance d’un jeune homme peut-être pas aussi innocent qu’il le paraît. Au passage, elle a donné à un inconnu inquiétant le nom et le numéro de téléphone de Cassandra, entraînant sa belle-mère dans un quiproquo tragi-comique, prélude à un imbroglio à rebondissements …
Ne vous fiez pas à la couverture, qui pourrait suggérer une histoire à la Miss Marple accompagnée de sa jeune coéquipière : s’il y a bien une part criminelle dans l’histoire, on a avant tout affaire à une comédie de mœurs, laissant apparaître en filigrane l’image critique de la société dans laquelle évoluent les protagonistes. Le récit est rondement mené, avec ces touches d’humour propres à l’auteur et qui en font tout le sel.

Cassandra Darke, malgré son physique caricatural (sa carapace de vêtements reflétant celle qu’elle a revêtue pour s’isoler de son environnement, ainsi l’a voulu l’auteur), représente un personnage auquel on peut croire. Par bien des côtés elle est détestable (sa manière de prendre de haut ceux qui vivent dans la rue, de traiter Nicki …), mais Posy Simmonds apporte suffisamment de détails à son portrait pour qu’on en perçoive toutes les nuances : Cassandra Darke est aussi une femme forte qui a dû s’affirmer seule contre vents et marées. En ce sens et à sa manière, parfois agressivement frontale, « Cassandra Darke« , en plus de se plaire à envisager la possibilité de voir changer les gens les plus ancrés dans leurs préjugés, est une œuvre engagée, résolument féministe.

Avec Posy Simmonds (dont j’ai lu toutes les œuvres traduites en français, ma préférée demeurant « Gemma Bovery« ), le terme « roman graphique » se justifie pleinement : la narration s’effectue aussi bien sous forme de grands blocs de texte (dont on appréciera la qualité littéraire) que de dessins les illustrant ou les complétant, sans qu’il y ait jamais de rupture pour passer de l’un à l’autre, c’est fluide et je ne connais pas d’auteurs procédant ainsi, avec un tel degré de maîtrise. Le dessin possède un trait précis et délicat que j’apprécie, autant que le raffinement de sa mise en couleurs. Vous l’aurez compris, j’ai savouré ma lecture de ce dernier opus de notre talentueuse dessinatrice britannique.

Rendez-vous aujourd’hui chez Stephie !

« Cassandra Darke« , Posy SIMMONDS
Traduit de l’anglais par Lili Sztajn
Editions Denoël Graphic (94 p)
Paru en avril 2019

L’avis de Jérôme

20 commentaires sur “« Cassandra Darke », Posy SIMMONDS

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  1. J’ai tout lu (et même relu pour certaines) donc je veux celui ci (et literary life ne t’a pas échappé, j’espère?)

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  2. Déjà qu’il me tentait beaucoup mais alors là, il me le faut absolument ! La trame a effectivement l’air originale, comme on peut le voir sur la page que tu as mise : c’est peu courant (voire pas du tout) de voir une BD présentée de cette façon (avec des blocs) et ça m’intrigue encore plus (je note en même temps, Gemma Bovery de l’auteur ^^)…

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    1. Je n’ai pas osé dire que ça ne se retrouvait nulle part ailleurs, ce mixte texte et images, car je ne prétends pas tout connaître, mais moi non plus je ne l’ai jamais rencontré sous cette forme chez un autre auteur de BD. Ici, tu verras si tu le lis, on a vraiment l’impression de lire un roman en même temps qu’une BD, c’est inhabituel et très agréable.

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    1. C’est comme pour un roman, il faut déjà être un peu tentée par le thème (OK, moi je m’en moquais un peu, j’étais curieuse de découvrir la nouvelle oeuvre de l’auteur 🙂 ) et je comprends qu’il n’attire pas forcément plus que cela (mais le traitement est piquant).

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