« Poumon vert », Ian R. MacLeod

Dans sa douzième année, Jalila quitte avec ses mères les hauts plateaux des montagnes de Tabuthal où elles vivaient isolées, pour rejoindre la ville côtière de Al Janb.
Sur place, tout est différent et étonnant : l’air toujours froid et glacé a cédé la place à une chaleur moite, des parterres de luxuriantes fleurs des marées tapissent le rivage et les lieux s’avèrent regorger de curiosités de toutes sortes. Quant à l’environnement humain, il se révèle soudain dense et l’adolescente découvre la vie de la cité, fourmillante. Il y a aussi un garçon, Kalal, le premier que rencontre Jalila, un pêcheur taiseux avec lequel elle part régulièrement explorer les alentours. Par hasard, ils surprennent dans un qasr proche une vieille tariqa : elle est l’une de ces étranges créatures tout juste humaines qui pilotent les fusées stationnées dans le planétoport proche, franchissant les Portails pour parcourir les Dix Mille et Un mondes au-delà des lunes d’Habara …

Plonger dans « Poumon vert », une novella de Ian R. MacLeod (dont j’avais beaucoup aimé « Les îles du soleil »), c’est s’immerger dans un environnement et une culture inconnus, ceux de la planète Habara, mais aux couleurs orientales, avec leur vocabulaire spécifique fourni sans glossaire : dépaysement garanti et de quoi perdre un peu pied au début, mais on se repère assez vite. Et puis, comme il s’agit d’une civilisation féminine, pas d’écriture inclusive, c’est le féminin qui l’emporte dans tous les pluriels, qu’il soit question de choses ou d’individus (procédé dont j’imagine qu’il est moins marquant dans la version originale anglaise compte tenu de la grammaire différente de la langue).
Il ne sera pas donné d’explication quant aux circonstances ayant conduit à la quasi-disparition du paysage des hommes, le fait est là, c’est tout. Kalal et son père vivent, dans un bateau, à la périphérie de la communauté, personne n’y trouve à redire (on se méfie juste un peu de leur nature portée à l’agressivité) et ses mères n’empêchent pas Jalila de côtoyer le jeune garçon (sans encourager pour autant une fréquentation durable).
On voit grandir et mûrir notre jeune héroïne, d’un naturel réservé et peu encline à frayer avec ses bavardes semblables, même si l’une d’elles, Nayra, l’attire. La tariqa, qui l’avait de prime abord effrayée, se rapproche d’elle et lui devient plus familière.

« Poumon vert » chemine à un rythme tranquille mais sans jamais susciter l’ennui (et pourtant, chez moi, il est prompt à poindre), au fil d’années ponctuées par les micro-événements du quotidien, réunions vespérales ou fêtes religieuses par exemple, au sein de la petite ville et de ses habitantes. Jalila, que la plume de l’auteur sait nous rendre infiniment proche, poursuit son exploration du monde qui l’entoure, expérimente et apprend à mieux se connaître. La voie qu’elle choisira liera à jamais ce qu’elle fut à ce qu’elle sera.
Une novella d’apprentissage à l’écriture chatoyante, aussi subtile que surprenante dans sa manière brillante d’ancrer l’histoire dans le registre de la science-fiction.

« Poumon vert », Ian R. MacLeod
titre original Breathmoss (2002)
traduit de l’anglais par Michelle Charrier
éditions Le Bélial – collection Une Heure Lumière
paru en 2017 (144 p)

Les avis de : Apophis, Célinedanaë, L’ours inculte, Just a word, Vert, les Chroniques du Chroniqueur, Lorhkan, Boudicca, Lhisbei , Belette

9 commentaires sur “« Poumon vert », Ian R. MacLeod

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  1. J’adore cette novella. J’ai acheté Les îles du soleil récemment pour découvrir d’autres textes de l’auteur, dommage qu’il fasse moins de 550 pages 😁

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