Ne faites pas comme moi qui, la première fois que j’ai aperçu cet album, me suis dit : « Pfft ! Trop facile d’utiliser une histoire hyper connue pour faire une BD ! » et n’y ai pas davantage prêté attention. Sur les recommandations de mon libraire préféré, j’étais malgré tout retournée sur mes pas pour aller y voir de plus près et là, nouvel obstacle, le graphisme ne me plaisait pas !
Ceci dit, j’ai rangé mes réticences et sauté sur l’album dès qu’il a été disponible en bibliothèque (d’autant que je l’avais quand même, à Noël, offert à une nièce, jugeant que tout le monde n’était pas obligé de réagir comme moi), pour me faire mon opinion. Verdict : il aurait été dommage de passer à côté !
Parce que, certes, Joseph Lambert nous raconte une histoire que nous connaissons (rappel au cas où : Helen Keller, née en 1880 aux Etats-Unis, est devenue sourde et aveugle à dix-neuf mois ; lorsqu’elle a six ans, ses parents engagent Annie Sullivan, malvoyante maîtrisant la langue des signes, pour être son professeur particulier ; c’est elle qui parviendra à entrer en contact avec Helen Keller et à la tirer de la nuit dont elle était prisonnière (au point de se comporter comme un petit chat sauvage) puis à lui apprendre la langue des signes et l’écriture). Mais d’une part il la raconte de telle manière qu’on la redécouvre en la vivant de l’intérieur. D’autre part, il l’éclaire de telle sorte qu’on s’aperçoit (enfin, en ce qui me concerne) qu’elle est bien plus riche et complexe que celle figée dans nos souvenirs. Quant au graphisme, eh bien, une fois dans le récit, je l’ai adopté parce qu’il est expressif et que, ici, c’est l’expressivité qui prime. Alors, oui, la fin de l’album a bien failli jeter une ombre au tableau, parce que j’étais frustrée que ça s’arrête là, comme ça, d’un seul coup et en plus après des pages et des pages sur l’affaire, qui fit grand bruit, du conte (« Le Roi Givre ») inventé ou pas par Helen Keller. Mais j’ai cessé de renâcler (je renâcle facilement ces temps-ci, je donne dans le lecteur rétif), après avoir dévoré les trois pages de Notes qui viennent approfondir certains aspects du récit et notamment celui-ci, qui méritait effectivement que le narrateur s’y attarde car il occupe une place importante dans le parcours d’Helen.
Avec « Annie Sullivan et Helen Keller », ce que signifie être sourde et aveugle et la difficulté qu’a eue Annie Sullivan à franchir cette barrière de géant est mis en images magistralement : c’est par le biais d’un de nos sens, la vue, que nous percevons physiquement ce que pouvait ressentir Helen. L’album met aussi en lumière la personnalité d’Annie Sullivan, forte et marquée par les années qu’elle a vécues, avec son plus jeune frère, dans un hospice insalubre.
Une lecture passionnante et qui m’a beaucoup touchée.
« Annie Sullivan & Helen Keller », Joseph LAMBERT
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sidonie van Den Dries
Coédité par les Editions çà et là et les Editions Cambourakis (90 p)
Paru en octobre 2013
Chouette. Mon seul bémol concernait les dessins.
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Pas ma tasse de thé non plus, ce genre de graphisme ! Mais ça fonctionne, c’est l’essentiel.
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Merci pour cette chronique. C’est vrai que cette histoire « mille fois connue » aurait pu me faire passer à côté. A bientôt
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Un album qui mérite un détour !
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Le livre m’avait bouleversé, cette adaptation est une belle idée !
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Je ne l’ai lu que dans sa version jeunesse, sûrement abrégée. Il faudrait que je me procure l’intégrale.
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J’ai lu le livre (paru il y a longtemps) mai ton avis m’interpelle, et comme la bibli vient de l’acheter;.. hop!
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La bibli a acheté une bonne partie de la sélection Angoulême, donc j’en profite !
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Comme quoi, il faut parfois passer outre nos a-priori !
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Yep !
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J’avais adoré le roman inspiré de sa vie, lu gamine. Je tenterais bien l’aventure BD 😉
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N’hésite pas !
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Le graphisme me rebute un peu mais je suis prête à passer outre…!
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Ce n’est pas la première fois que je fais un effort pour passer outre un graphisme qui ne me séduit pas : ça ne marche pas à tous les coups, c’est vrai, mais c’est bien d’essayer quand l’histoire le mérite.
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Comme toi, je l’avais refusé puisque l’histoire m’était bien connue et que le graphisme me semblait bien léger pour une telle aventure mais je le prendrai la prochaine fois que je le vois encore sur les rayons! Je ne pensais pas que ce serait aussi bien!
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J’espère qu’il te plaira !
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J’ai adoré ce livre quand j’étais petite… ça a limite inspiré ce que je voulais faire plus tard :)))
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ça ne m’étonne pas : il y a des livres qu’on lit étant jeunes qui ont une sacrée influence sur nous !
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