Celia, Bree, April et Sally se retrouvent pour le mariage de cette dernière à l’université de Smith, quatre ans après la fin de leurs études. Elles étaient alors inséparables et ces retrouvailles les ramènent aux années qu’elles y ont passées ensemble.
Depuis, leurs chemins ont divergé et elles ont fait leurs premiers pas dans la vie adulte. Mais ces vies qui sont maintenant les leurs ressemblent-elles à ce qu’elles attendaient ? Et leur amitié de Smithies peut-elle perdurer, à l’extérieur du cocon qu’elles s’étaient créé ?
L’université de Smith est, je l’ai découvert grâce à ce roman, l’une des universités exclusivement féminines (parmi le regroupement dit des Sept Sœurs) présentes aux Etats-Unis. Elle s’illustre par quelques noms prestigieux et l’auteur elle-même la connaît bien puisque elle y a fait ses études. En gros, cela donne deux mille quatre cents filles pendant quatre ans sur un campus ! Et si cette absence de mixité vous étonne, rassurez-vous, elle surprend aussi aux Etats-Unis, comme en témoignent les réactions d’incompréhension de la famille et des amis d’une des quatre héroïnes.
C’est donc sur ce séjour à Smith que le roman, dans un premier temps, revient, avec l’arrivée des quatre jeunes filles, voisines de chambres (la première année, elles ont quatre petites chambres isolées sous les combles avec une salle de bains partagée, ce qui crée d’emblée une proximité). L’occasion, pour le lecteur, non pas de faire une visite guidée du campus mais d’en percevoir l’atmosphère, studieuse bien sûr (« Il y avait beaucoup de pression pour réussir, se préparer à être quelqu’un plus tard.»), mais aussi résolument féministe et extravertie, une vie ponctuée de rites assez curieux, on va dire très démonstratifs et parfois assez dénudés, et de soirées fort arrosées. A noter, car cela va influer sur au moins une des protagonistes, que Smith est considéré comme un fief de lesbiennes, même si en réalité elles y sont minoritaires.
L’auteur se focalise tour à tour sur chacune des quatre jeunes filles (procédé qui se poursuit dans le roman mais il n’y a pas de redite, l’histoire avance). Elle donne la tonalité de ces années passées à l’université en allant à l’essentiel, relevant les anecdotes ou les incidents significatifs. Elle réussit au final à éviter les clichés qu’elle me semblait frôler, en décrivant avec finesse et empathie quatre personnalités différentes, notamment celle d’April, la seule qui doive travailler pour participer au financement de ses études. Avant de s’avérer la plus révoltée, c’est elle la plus perturbée par le monde qui l’entoure :
« Parfois, April était inquiète à l’idée qu’elle ait pu être mal assemblée, qu’il lui manquait une pièce essentielle que tous les autres possédaient et qui leur permettait de faire face.[…] Mais la cruauté du monde, visible partout où on regardait, ne quittait jamais l’esprit d’April. C’était comme cela depuis son enfance. »
Le livre n’est pas qu’un roman d’apprentissage couvrant le temps passé sur le campus. Il capte ensuite les débuts dans leurs vies adultes de ces quatre amies, le regard qu’elles portent sur elles-mêmes et sur les trois autres, leur manière de se chercher, professionnellement et personnellement (y compris, pour l’une, dans sa sexualité) et de s’affirmer (ou non) par rapport à autrui. Si elles ont parfois l’impression que, tout compte fait, ce sont les circonstances qui leur dictent des choix quand ceux-ci leur paraissaient naguère tellement nombreux, elles s’efforcent toujours de ne pas les subir.
April, à nouveau, se distingue des autres parce qu’elle a opté pour le militantisme, luttant contre les violences faites aux femmes et en particulier le commerce sexuel dont elles sont victimes. Son personnage permet d’ailleurs à l’auteur de les dénoncer, d’une manière à mon sens un peu maladroite car trop appuyée. Et c’est à April, du fait d’un événement imprévu la concernant, que l’on doit la tension dramatique courant tout au long du dernier tiers du roman.
Roman sympathique et assez attachant, « Les débutantes » explore avec acuité et sensibilité les premiers pas de quatre jeunes filles privilégiées mais que la vie n’épargne pas toujours.
J. Courtney Sullivan, débutante en littérature, est un auteur que je relirais volontiers.
« Les débutantes », J.Courtney SULLIVAN
Editions rue Fromentin (517 p)
Paru en mai 2012
Elles l’ont lu et apprécié : Cathulu, Clara, Les livres de George
C’est donc un premier roman, si je te lis bien ? Voilà qui m’intéresse, avec le thème de l’apprentissage…
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Je confirme : c’est un premier roman.
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Il me tente. J’aime les histoires qui se passent dans les écoles américaines. Mais juste deux pointes… ça me fait hésiter.
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De mon côté, je n’ai pas eu d’hésitation : 2 parts de tartes !
Mais c’est déjà pas mal… et ce n’est que mon ressenti.
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Intéressant… connais-tu Les privilèges de Jonathan Dee ? Il a un peu le même point de départ pour balayer toute une vie d’ultra-riches new-yorkais, c’est très édifiant !
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Oui, je l’ai repéré, le roman de Jonathan Dee (chez toi, me semble-t-il 😉 ).
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Si je ne l’avais pas déjà lu, ton article me donnerait envie !
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Décidément, nous sommes en phase, puisque nos deux articles ont paru le même jour 🙂 !
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J’ai été en effet très séduite par ce roman. A faire passer 😉 !
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J’ai bien aimé ce que tu en dis (et c’est amusant de lire les différents billets, on voit à quel point nous recevons ce que nous lisons en fonction de nos préoccupations personnelles, notre sensibilité…).
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Un bon roman que j’ai dévoré !
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Je ne l’ai pas dévoré, au moins dans sa première moitié, car j’avais alors peu de temps à lui consacrer, mais j’ai trouvé qu’il se lisait facilement, malgré le nombre de pages.
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Et qu’en est-il du style ? J’ai eu l’impression que c’était un livre assez « girly ».
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Pas trop « girly » quand même (le tout début me l’a fait craindre), sinon je crois qu’il m’aurait lassée. Je n’ai pas trouvé l’écriture remarquable, au sens propre du terme, mais c’est enlevé et donc plaisant à lire.
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Il me tente de plus en plus alors que le titre m’aurait fait fuir. Et je note le titre dont parle Kathel et qui vient de sortir en poche, je crois.
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Le titre original, « Commencement« , te conviendra peut-être mieux 🙂 !
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ça me dit bien! allez hop dans ma liste!
merci
Luocine
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De rien 😉 !
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