Igor arrive, s’arrêtant comme chaque année à la maison des frères Iliakov où la narratrice vient de passer l’hiver, et sa présence animale lui est tout de suite une évidence :
« Pour lui, l’amour est partout. Quand il passe une journée à couper des bûches, son corps entier tend vers la matière. On peut parler d’amour. Mais je crois, après tant d’années, que le mot n’est pas complètement juste. Dans son cas, le désir provoque des arrêts et des observations. Il examine, explore. Son amour est pareil à la glace qui brûle à force de froid. »
Elle repart avec lui et tous deux poursuivent ensemble leur existence précaire, subsistant grâce à ce que la taïga et son lac leur procurent. Il y a le quotidien et les rencontres. Au fil des pages remontent à la surface les années avant l’arrivée chez les Iliakov, quand elle vivait encore avec Baba. Se tisse aussi la mémoire des absents et des jours anciens, avant le Grand Oubli. Des origines d’Igor il sera enfin longuement question car son histoire fait partie de celle, plus large, d’un peuple prompt à exclure ceux qui ne lui ressemblent pas. On marche à son côté, donc, attentif à ce qui l’entoure. On ne saura sans doute pas tout, mais « on vit aussi bien sans réponses ».
Laurine Roux, dont c’est là le premier roman, pose sur l’éphémère des jours et les secrets de jadis des mots précis et précieux : ils sont autant de jalons lumineux ou sombres dans ces contrées glacées où « toujours le silence épaissit le temps » et où il faut continue à avancer, quels que soient les aléas du chemin.
« Une immense sensation de calme », Laurine ROUX
Editions du Sonneur (119 p)
Paru en février 2018
C’est la tarte en bas à gauche ? 4 parts ? Je tourne autour de ce roman depuis sa parution.
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Ben oui, Aifelle, c’est 4 parts de tarte 🙂 !
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Je viens de le lire et j’ai été happée aussi !! je mets ton billet en lien 🙂
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