« Oh, William ! », Elizabeth STROUT

William est le premier mari de Lucy Barton, celui qu’elle a quitté mais ils sont restés amis. Depuis, Lucy s’était remariée avec David, mort il y a peu. Quant à William, à maintenant soixante et onze ans (sept de plus que Lucy), il se retrouve à nouveau quitté par l’autre femme qu’il avait épousée après le départ de Lucy, Estelle.
Celle-ci, pour son anniversaire, lui avait offert une inscription à un site de généalogie. C’est ainsi que William découvre un pan du passé de sa mère, Catherine Cole, dont il n’avait pas idée. Il demande à Lucy de l’accompagner dans le Maine pour une recherche sur place à ce sujet …

De l’auteure, j’avais lu à sa parution « Je m’appelle Lucy Barton », dont je garde un bon souvenir, raison pour laquelle j’ai souhaité découvrir ce nouvel opus autour du même personnage (entre les deux, il y a eu « Tout est possible », que je n’ai pas lu mais ce n’est pas gênant).
Le voyage avec William est l’occasion pour Lucy, alors qu’elle partage avec son ancien mari le choc des révélations concernant Catherine, d’égrener certains de ses/leurs souvenirs. En même temps, elle se remémore ce qu’elle pouvait ressentir auprès de lui, à la fois la certitude d’être en sécurité et, étrangement, l’impression de se trouver toujours à distance de lui.
Certains aspects de la personnalité de la narratrice, transparaissant au travers du flux des souvenirs, je pense à son impression persistante d’être invisible aux yeux des autres alors qu’elle est un écrivain reconnu ou à ses crises de panique, m’ont paru si loin de moi que j’ai ressenti assez peu d’empathie à son égard, pourtant je sais qu’ils résultent des traumatismes liés à son enfance et à son adolescence.
En laissant émerger des bribes de réminiscences, Lucy pose sa parole avec précaution (elle l’entoure d’expressions telles « c’est ce que je veux dire » ou autres approchantes), comme une offrande de mots aux contours incertains et prend son lecteur à témoin. J’ai eu un peu de mal à accrocher à cette hésitante manière de dire (elle n’était pas présente dans « Je m’appelle Lucy Barton », dont la teneur était différente, le roman étant centré sur les relations de Lucy avec sa mère), mais elle correspond au propos de fond du roman.
Ceci étant, j’ai à nouveau été sensible à l’écriture de l’auteure, soucieuse d’analyser avec finesse et lucidité les êtres et leurs relations entre eux, « Mais qui peut vraiment comprendre quelles expériences vivent les autres ? », déclare-t-elle à la fin d’un chapitre. D’ailleurs elle conclut le roman sur une remarque de la même teneur :
« Nous sommes des mystères, voilà ce que je crois.
C’est peut-être la seule chose au monde que je sache vraie.
 »
« Oh William ! », en évoquant des histoires de couples passés ou présents, de ruptures ou d’abandons, est l’illustration de cette troublante opacité de ceux que nous côtoyons.

« Oh William ! », Elizabeth STROUT
traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre Brévignon
éditions Fayard (260 p)
paru en janvier 2023

9 commentaires sur “« Oh, William ! », Elizabeth STROUT

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  1. C’est le troisième avec le personnage de Lucie Barton, parce ce qu’il y a eu aussi « tout est possible » entre temps. J’ai lu les deux premiers (pas de billets). Il va me falloir le 3e.

    Aimé par 2 personnes

      1. Certes, mais on a tellement parlé de ce fameux roman, que même en regardant peu la télé, j’ai réussi à capter les trucs les plus croustillants 😆

        Dès le 1er janvier, je pense au mois anglais ! 🙂

        J’aime

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