
En 1963, à Francfort-sur-le-Main, Eva mène une vie tranquille, entre le petit restaurant de ses parents, la Maison allemande, et son emploi de traductrice. Elle est sur le point de se fiancer à Jürgen, fils de notables, mais la différence de situation sociale entre leurs deux familles complique les choses.
Lorsqu’elle est contactée pour intervenir comme interprète du polonais vers l’allemand dans le cadre d’un nouveau procès mettant en cause d’anciens membres du parti nazi ayant sévi au camp de concentration d’Auschwitz, ni ses parents ni Jürgen ne voient la chose d’un bon œil. Ils la poussent à mettre un terme à sa participation …
Je connaissais Annette Hess en tant que scénariste de la série Berlin 56, Berlin 59 et Berlin 63 : 3 saisons disponibles sur Arte, qui ont l’air centrées sur l’explosion du rock’n roll mais méfiance, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg et globalement c’est très sombre. Je l’ai regardée in extenso car elle a su retenir mon attention jusqu’au bout. Pourtant elle m’a souvent fortement agacée par sa propension à mettre en scène des femmes victimes d’hommes (au choix, plusieurs options possibles pour le même individu) immatures/tourmentés/violents et je n’en pouvais plus du personnage odieux (le mot est faible) de la mère des trois héroïnes, capable du pire vis-à-vis de ses filles.
« La Maison allemande » est son premier roman et, dixit ma quatrième de couverture, fait aussi l’objet d’une adaptation en mini-série.
Eva est un personnage crédible, une jeune femme assez ordinaire et qui, comme nombre d’Allemands de sa génération, ne connaît finalement pas grand-chose de ce qui s’est passé pendant la guerre, les parents semblant avoir balayé le passé récent sous le tapis. Le jeune avocat canadien, David Miller, venu renforcer les effectifs, la considère d’ailleurs avec un certain mépris, « candide et ignorante » comme « ces millions de jeunes idiotes ». On se demande si elle résistera aux pressions, de ses parents, qui ne semblent pas du tout à l’aise avec l’idée qu’elle participe à un procès concernant le camp d’Auschwitz et de son fiancé, lui aussi hostile à cette idée.
« La Maison allemande » apparaît comme un récit d’apprentissage, dans tous les sens du terme. Eva s’avérera liée à Auschwitz d’une manière qu’elle n’avait pas soupçonnée et sera confrontée à un passé dont les échos vibrent encore intensément dans son présent. Je l’ai trouvée représentative de sa génération, prête à ouvrir les yeux, à refuser les compromis et l’oubli. Quant au personnage de David Miller, il est très intéressant car beaucoup plus complexe qu’il ne paraît d’un premier abord.
« La Maison allemande » est un roman bien mené qui, en plus de nous donner un aperçu empreint de vérité de ce fameux second procès d’Auschwitz, avec ses victimes confrontées à des bourreaux hautains, affirmant qu’ils ne faisaient qu’« obéir aux ordres », pose les bonnes questions, concernant l’implication et la culpabilité des citoyens « ordinaires » dans les agissements de l’Allemagne nazie et le poids de la responsabilité pesant sur tout un peuple.

« La Maison allemande », Annette HESS
titre original Deutsches Haus (2018)
traduit de l’allemand par Stéphanie Lux (2021)
éditions Actes Sud – collection Babel (395 p)
Repéré chez Livr’escapades
J’ai apprécié cette lecture moi aussi, même si par moment, l’héroïne est tout de même un peu trop naïve, mais après tout il faut considérer l’époque. C’est facile à voir aujourd’hui alors que nous connaissons l’évolution de l’histoire et de la place des femmes.
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai frémi quand j’ai vu Jürgen lui mettre des bâtons dans les roues ! Dans la série écrite par la même auteure, j’ai eu aussi du mal avec le pouvoir de coercition des hommes, l’impression que les femmes se laissaient trop facilement dominer. Mais bon, on n’y était pas …
J’aimeJ’aime
On a tellement parlé de ce livre avec Livr’escapades que j’ai eu l’impression pendant un moment de l’avoir lu 😅 Mais non, toujours pas, pourtant il a tout pour me plaire ! Je vais l’emprunter.
Comme toi, j’ai beaucoup aimé la série, même la mère qui était odieuse, certes, mais tellement bien jouée !
J’aimeAimé par 1 personne
Tu m’as fait rire, avec ton impression d’avoir lu le livre 😀!
La série, je ne peux pas dire que je l’ai beaucoup aimée, tant elle m’a trop souvent agacée. Mais une chose est sûre, c’est qu’elle ne m’a pas laissée indifférente et je voulais savoir ce qu’il allait advenir des trois soeurs !
J’aimeJ’aime
Et merci beaucoup d’avoir participé 😊
J’aimeAimé par 1 personne
Je suis très contente d’avoir, cette fois, « percuté » avec un temps d’avance, qui m’a permis de faire les lectures que je voulais. Et maintenant, ça y est, je n’oublierai plus : novembre, ce sont les Feuilles allemandes !
J’aimeJ’aime
Je l’avais repéré aussi mais je n’ai pas eu le temps de le lire. J’ai dû faire des choix. Je le garde en tête pour plus tard
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai beaucoup aimé ce roman que j’ai lu en parallèle de la série Berlin (Ku’damm en allemand) 56, 59 et 63. J’aimerais beaucoup relire Annette Hess, espérons qu’elle ne s’arrête pas à ce premier roman!
Merci beaucoup pour ta participation aux feuilles allemandes 😊
J’aimeAimé par 1 personne
Comme je le disais plus haut à Eva, maintenant, je n’oublierai plus et je devrais être fidèle à ce rendez-vous annuel très motivant (n’oublions pas que c’est grâce à vous deux que j’ai enfin lu « La Montagne magique » 😀!) !
J’aimeJ’aime
Lu l’année dernière, j’ai aimé ce roman, qui même s’il ne fait pas de grands effets de style, s’empare d’un sujet intéressant et en fait un roman prenant.
J’aimeAimé par 2 personnes
Je crois que je m’attendais à quelque chose de plus impressionnant, au niveau de la dramaturgie, justement. Mais c’est un roman qui se fraie son chemin et distille sa petite musique pleine d’amertume. Il me restera peut-être davantage que d’autres en mémoire, finalement …
J’aimeJ’aime
Ce n’est pas courant dans mes lectures d’aller se promener dans une Allemagne post 1945. Je suis très tentée.
J’aimeAimé par 1 personne
C’est un roman qui mérite d’être lu, je pense, dès lors qu’on s’intéresse à l’Allemagne d’après-guerre. Il permet d’aborder des questions difficiles à hauteur d’hommes (et de femmes), sans langue de bois.
J’aimeAimé par 1 personne
Il est noté dans ma liste de mes envies 🙂
Merci pour chronique !
J’aimeAimé par 1 personne
Une lecture dont j’avais apprécié la vision de l’intérieur d’une famille.
J’aimeAimé par 1 personne
C’est vrai que c’est plutôt bien vu, de manière assez réaliste, je trouve.
J’aimeAimé par 1 personne