« Vita Nostra », Marina et Sergueï DIATCHENKO

Sarah a seize ans et passe deux semaines dans une station côtière en compagnie de sa mère quand son chemin croise celui d’un inconnu inquiétant. Il lui enjoint de se lever chaque matin à 4 heures pour aller nager. Sacha ne tarde pas à comprendre qu’elle n’a pas le choix : si elle ne s’exécute pas, ses proches sont en danger.
Après chaque séance de nage, elle vomit quelques pièces d’or.
De retour chez elle, elle pense être tranquille mais l’inconnu réapparaît, avec de nouvelles exigences.
Jusqu’au jour où, munie des pièces d’or accumulées, elle est contrainte de se présenter aux portes de l’Institut des Technologies Spéciales de Torpa pour y faire ses études …

Quel curieux roman d’apprentissage que celui-ci, où la jeune Sarah, animée pourtant de la soif d’apprendre, n’a droit à aucun faux-pas, par peur de ce qui pourrait alors arriver à ceux qu’elle aime ! Il nous vient d’Ukraine, est écrit à quatre mains et les auteurs, Marina et Sergueï Diatchenko, ne nous servent rien qui sente le déjà-lu.
L’Institut des Technologies Spéciales se situe dans une petite ville de province difficile à repérer sur une carte. A peine arrivés, les premières années n’ont pas manqué de repérer quelques anomalies physiques guère rassurantes dans le comportement des deuxièmes années. Les conditions de vie dans l’établissement sont modestes, avec des chambres pour trois aux lits en fer et un chauffage capricieux. On y dispense des matières classiques et un enseignement dit de spécialité, qui déstabilise Sarah et ses camarades autant que le lecteur, puisqu’il s’agit dans un premier temps de lire et mémoriser des textes ressemblant à du charabia. Mais finalement, si on ne considère que lui, on pourrait dire qu’il s’agit plutôt d’un roman de « désapprentissage »…

Un tel environnement ne favorise pas le développement des relations entre les étudiants, concentrés sur ce qu’on exige individuellement d’eux, mais des liens se créent pourtant et il faut tâcher de les intégrer à son propre processus de transformation : ce n’est pas pour rien que « Vita Nostra » est le premier volet d’un triptyque (où chaque tome est indépendant, si j’ai bien compris) dénommé « Les Métamorphoses ».
Comme Sarah, le lecteur marche sur le fil du rasoir, à la fois curieux et effrayé face à ses bouleversements intimes, aux manifestations parfois spectaculaires, et inquiet de ce qu’il va trouver au terme de ce périple angoissant, avec cet examen en fin de troisième année d’étude dont la teneur reste inconnue.

« Vita Nostra » est un roman surprenant, qui se plaît à pousser ses protagonistes dans leurs retranchements, en bousculant leurs perceptions et les nôtres par la même occasion, un voyage atypique et incertain, ponctué de scènes saisissantes, jusqu’aux confins de ce que le langage permet à l’esprit d’appréhender.

« Vita Nostra », Marina et Sergueï DIATCHENKO
Traduit du russe (parution 2007) par Denis Savine
Editions L’Atalante (528 p)
Paru en octobre 2019

Les avis de : Cuné, Lune, Justaword, Feydrautha, Célindanaé, Boudicca, Gromovar …

Europe orientale et Russie

10 commentaires sur “« Vita Nostra », Marina et Sergueï DIATCHENKO

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  1. Il est dans ma PAL, j’ai hâte de m’y plonger quand je lis les critiques le concernant – et notamment le dernier paragraphe de ta chronique !

    Aimé par 1 personne

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