« Terminus », Tom SWETERLITSCH

Le Terminus, tel est le nom donné à cette fin du monde vers laquelle court l’humanité, tous les voyages d’exploration dans les futurs possibles, menés en secret par la marine américaine, aboutissent à ce cauchemar glacé peuplé de crucifiés hurlants. Shannon Moss, agent spécial du Naval Criminal Investigative Service, l’a vu et son corps en porte dorénavant les stigmates.

Quelques années après cette mission dramatique, Shannon est chargée d’enquêter avec le FBI sur un triple meurtre familial impliquant un membre de la Navy Seal, un de ces marins qui peut lui aussi avoir vu le Terminus et agi sous le coup du stress post-traumatique. Pour tâcher de comprendre ce qui s’est passé au présent et retrouver ainsi la jeune Marian, qui semble avoir échappé au massacre, Shannon est envoyée environ vingt ans dans le futur, en 2015 : elle a l’habitude de ce type de voyage éprouvant, synonyme de trois mois de solitude dans un vaisseau et la même chose au retour, le temps s’écoulant seulement pour elle et la vieillissant avant l’heure. Sur place, ses investigations l’amènent à tenter de répondre à une autre question : pourquoi le Terminus ?
Et lorsque l’échéance de celui-ci passe soudain de deux cents à vingt ans, elle se lance dans une hallucinante course contre la montre afin  de trouver une échappatoire pour l’humanité…

Waouh, quel bouquin ! On est projeté dans l’enquête de Shannon Moss, jeune femme (27 ans officiellement, 39 ans biologiquement parlant, si elle compte le temps passé dans le futur) fragilisée dans son corps mais qui reste forte, sa pugnacité et son courage nous impressionneront jusqu’au bout, un personnage fouillé que l’auteur sait faire exister. Et on marche à fond dans cette histoire en mode thriller d’anticipation pré-apocalyptique. Sur les pas de Shannon, on espère sauver Marian et on cherche à démêler les fils liant le présumé coupable des meurtres et ses ex-camarades de vaisseau, portés à tort disparus, à la découverte du Terminus. On voit le Terminus se rapprocher et on s’accroche à tout ce qui pourrait représenter une solution pour échapper à l’épouvantable, en tournant fébrilement les pages.

Le roman n’épargne ni son héroïne, ni son lecteur (quelques visions éprouvantes mais jamais gratuites, pas sûr cependant que je me précipiterai pour voir l’adaptation cinématographique prévue, il est moins facile de tenir des images sur grand écran à distance, mais le récit offre d’autres scènes saisissantes et il y a là matière à du grand spectacle). Sombre voire carrément angoissant, il bénéficie d’une construction impeccable, dont le lecteur démonte activement les rouages. Le voyage dans le temps, avec ses éventuels ricochets en échos, certains dans la vie-même de l’héroïne, en fait partie intégrante. Son traitement, original, ne m’a laissé aucun arrière-goût d’approximation, c’est un sans-faute, qui donne aussi au récit des accents d’uchronie au sens large ou personnel.

Un roman impressionnant, réussi à tous points de vue, que j’ai dévoré !

« Terminus« , Tom SWETERLITSCH
Titre original The Gone World (2018)
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Michel Pagel
Editions Albin Michel Imaginaire (448 p)
Paru en avril 2019

Les avis, tous positifs (ce roman va-t-il faire l’unanimité ?) de : Apophis,  Gromovar , Lutin, Célindanaé,  Cuné , TmbM , FeydRautha …

 

Terminus

Tom Sweterlitsch

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