Mai 1944 – Douvres
Lincoln Bolton fait partie d’une unité de l’armée américaine composée d’hommes noirs, comme lui, où des leurres en forme de chars sont censés tromper l’aviation ennemie et donner l’impression que le débarquement se passera de ce côté-là. Son plus grand désir serait de faire partie d’une unité de combat, droit que les Blancs refusent aux Noirs.
Il reçoit une lettre de sa sœur, Johanna, étudiante en histoire en Caroline du Nord, l’informant qu’il va faire partie, au sein des « Monuments Men », d’un commando très particulier : il sera chargé de récupérer sur le territoire français le premier drapeau des États-Unis d’Amérique qui ait été confectionné, en 1776, et se trouve actuellement aux mains des nazis. Johanna a en effet retrouvé le journal d’une jeune Noire, Angela Brown, qui était au service de la couturière l’ayant alors réalisé, Betsy Ross. Elle y a fait une découverte stupéfiante, qu’elle a relayée : Angela, dont l’histoire familiale est déchirante, a cousu en secret une étoile noire à cinq branches sous l’une des étoiles blanches du drapeau, afin de rendre justice au Peuple Noir …
Yves Sente est aux manettes du scénario de cet album copieux (171 p), le même qui a entre autres écrit « La vengeance du comte Skarbek » (une référence pour moi) et cette fois encore le récit tient la route. Dynamique, il croise habilement trois histoires : la principale, celle de Lincoln, chargé avec deux de ses camarades noirs et un officier blanc de la quête du drapeau originel ; celle de Johanna, étudiante à l’université de Raleigh, en Caroline du Sud ; et enfin celle d’Angela, en 1776. Les trois se font écho car le racisme les marque de son sceau tragique : presque deux siècles se sont écoulés mais il demeure omniprésent. A cet égard, on pourrait reprocher à l’auteur (critique que j’ai notée en lisant les avis sur l’album) de forcer le trait, voire de se conformer aux clichés du genre, mais je ne l’ai pas ressenti comme tel : les faits relatés sont éprouvants ou terribles mais m’ont, hélas, paru réalistes ; les personnages n’ont rien de stéréotypes, ils sont finement caractérisés et on ne peut qu’être révolté par ce qu’ils doivent affronter, des brimades quotidiennes aux événements dramatiques venant bouleverser leurs vies.
En feuilletant la BD avant de la lire, je n’étais pas sûre d’apprécier sa colorisation (des pages unies, dans des teintes variant du bleu au marron, en passant par le sépia, selon les ambiances dans lesquelles nous sommes plongés), mais elle participe à l’immersion dans le récit. Celui-ci s’avère avant tout un récit d’aventures de guerre, bien mené (même s’il m’a paru un tout petit peu long sur la fin).
Le point de départ de « Cinq branches de coton noir » est imaginaire (il n’y a pas eu d’étoile noire cachée sous une des étoiles blanches), mais on y aurait volontiers cru. J’ai lu avec intérêt cet album sombre, dans tous les sens du terme, en m’attardant par moments sur les planches décrivant les environnements, très bien rendus : le graphisme, avec des visages eux aussi tout en nuances, est en effet un autre point fort de cet ouvrage de qualité, qui n’épargne ni ses protagonistes, ni ses lecteurs.
« Cinq branches de coton noir », CUZOR et Yves SENTE
éditions Dupuis (171 p)
paru en janvier 2018

Déjà, ce titre est dingue.
Quant à cet album, il arrivera un jour entre mes mains…
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Ce n’est qu’une question de temps : je la lirai !
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Je note car j’aime l’idée de ces trois histoires croisées! Merci!
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Je l’avais repéré, sans trop savoir de quoi il retournait, je le note maintenant en le soulignant !
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Je l’ai lu, très intéressée puis un peu déçue. C’est bien menée mais un peu long, oui, je crois que je n’accroche pas aux récits de guerre. Quant à l’épilogue, un peu trop…
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L’épilogue m’a surprise, moi aussi, je suis d’accord, c’est limite too much (et c’est la raison pour laquelle je n’ai pas classé l’album dans mon « coin des préférés »), mais dans la droite ligne du reste, donc bon, je respecte le choix du narrateur (même si ce n’est pas celui que j’aurais fait) …
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merci pour la découverte. on verra si j’ai le temps de la lire, je n’en fait pas une priorité (à cause du graphisme)
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Intriguée aussi par cet album même si le point de départ est fictif. Tout pour me plaire je crois !
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je veux je veux je veux !
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Quel titre !
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Album repéré que je suis sûre d’aimer.
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J’adore le dessin de Cuzor depuis O’boys. Et je viens d’emprunter cet album à la médiathèque 😉
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Je crois que cet album est dans la sélection BD du Prix Cezam. Je pense donc le lire.
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Déjà lu et beaucoup aimé ! et oui, on y croit à cette histoire d’étoile…
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Je l’avais coché, mais pas encore mis la main dessus.
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