« Geisha ou le jeu du shamisen » (tomes 1 et 2), Christian PERRISSIN et Christian DURIEUX

Le souvenir fort que j’avais de ma lecture de « Fille de joie », de Kyoko Murata, dont le sujet est proche, m’avait jusqu’à présent dissuadée de me pencher sur le diptyque « Geisha ou le jeu du shamisen » : je craignais, à tort parce qu’un graphisme tout en délicatesse peut habiller une réalité âpre, qu’il édulcore trop la réalité par rapport à ce que j’avais pu en apercevoir dans le roman. Mais les deux albums m’attendaient sur le présentoir de la médiathèque et j’ai franchi le pas.
Vous me direz que la geisha n’est pas une fille de joie. Certes, mais le distinguo n’est pas toujours aisé à faire, j’ai pu le constater en lisant ces albums. Dans les deux cas, on trouve une fille vendue par ses parents et qui passera un nombre infini d’années à travailler pour racheter sa dette et redevenir libre. Dans les deux cas elle sera d’abord mise au service de ses aînées et astreinte à une multitude de tâches diverses durant des journées qui se prolongent tard dans la nuit. Par la suite, la virginité de la future geisha autant que celle de la future prostituée sera vendue au plus offrant. Et si la geisha doit cultiver ses talents artistiques pour plaire à ses clients et n’est pas obligée de coucher avec eux, il n’en demeure pas moins qu’elle doit se trouver un riche protecteur (« danna »), qui ne va pas s’intéresser qu’à ses dons pour la danse ou la musique !

« Geisha ou le jeu du shamisen » raconte donc l’histoire de Setsuko, que son père, devenu incapable de nourrir sa famille, finit par vendre à une maison de geishas à l’âge de dix ans :
« Il reniflait fort et je l’ai vu porter une main à ses yeux. Etait-il triste ? Honteux ? Sûrement un peu des deux. Son empressement à m’abandonner là fut pour moi un véritable séisme.
Jusqu’à ce jour-là mon père avait été mon soleil et moi le sien. Tout s’effondra en l’espace de quelques secondes parce qu’il n’avait pas pris le temps de me serrer une dernière fois contre lui et de m’appeler joji. »
Setsuko n’est pas très jolie et rien ne garantit qu’elle ne restera pas servante car devenir geisha n’est pas donné à toutes. Heureusement, elle se révèlera douée au jeu du shamisen (une espèce de luth à quatre cordes). Les deux albums décrivent le parcours de cette héroïne discrète et attachante, avec son apprentissage (et en toile de fond la quête de ce père qui l’a abandonnée) et ses débuts dans la vie, marqués par sa progression dans l’art de jouer du shamisen…

Un diptyque (histoire complète en deux tomes) intéressant, au graphisme fluide et séduisant, dont je n’oublierai pas le dénouement cruel.

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« Geisha ou le jeu du shamisen », Christian PERRISSIN (scénario) et Christian DURIEUX (dessin)
première partie (82 p) parue en avril 2017
seconde partie (84 p) parue en avril 2018
éditions Futuropolis

Rendez-vous aujourd’hui chez Stephie !

26 commentaires sur “« Geisha ou le jeu du shamisen » (tomes 1 et 2), Christian PERRISSIN et Christian DURIEUX

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  1. Les illustrations, bien qu’en noir et blanc, semblent splendides. Je viens de réserver la 1ère partie : la 2nde attendra que j’ai reçu et lu mes autres réservations 😉

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  2. Le sujet ne me tente pas plus que cela… Pourtant, je crois avoir déjà lu des productions de ces deux auteurs, donc à voir s’il est en bibliothèque, mais sinon, je crois que je passerai mon tour.

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