Anne Bréjinski, membre du deuxième cercle, service d’épuration d’objets, comparaît devant le tribunal pour répondre du crime qu’elle a commis, qui « a mis en péril les fondements de la société ».
Interrogée, elle fait le récit de la journée avec laquelle tout a commencé. Comme d’habitude, elle s’est rendu dans le troisième cercle, où remontent régulièrement à la surface des objets d’avant, désormais interdits de séjour : œuvres d’art, livres etc. Ils lui sont signalés par la population locale, terrée dans des immeubles abandonnés et son rôle consiste à les « retrancher », c’est-à-dire à les rapporter à son bureau pour les éliminer, ce qu’elle a grand plaisir à faire (« Et une merde de moins sur cette terre ! »). Ce jour-là, elle a récupéré un sachet de graines et, bien que se sachant dans l’illégalité, elle l’a conservé…
De l’environnement dans lequel vit Anne, si tant est qu’on puisse appeler vivre ce mode de fonctionnement où la marge de manœuvre individuelle se restreint jusqu’à devenir inexistante, on ne saura que ce qui nous est donné à voir, à travers un graphisme qui en saisit parfaitement l’implacable rigueur. Rien sur le comment on en est arrivé là, ce qui donne au récit un caractère de fable hors du temps (la même impression que j’avais eue en lisant « La loterie »), où il faut plutôt ressentir, avec une espèce de fascination morbide, le message de fond que chercher la vraisemblance.
Ici, la mise en garde est pour le moins claire, avec ce système totalitaire qui scinde la population en couches (cercles) bénéficiaires ou pas de ses « largesses » et la prive de sa liberté de penser-décider-créer, en n’hésitant pas à s’abriter derrière des motifs de sauvegarde des personnes (je pense au rationnement de l’eau, devenue une denrée ultra protégée). On notera aussi la conviction de certains, comme le mari d’Anne, du bienfondé des dispositifs de contrôle mis en place, qu’ils n’ont de cesse d’ « améliorer ». Anne elle-même, personnage pas très sympathique quand on y regarde de plus près, ne trouve pas grand-chose à redire, au contraire, à la situation existante : elle semble ne commencer à s’inquiéter du contrôle psychique envisagé à grand échelle que lorsqu’il risque de l’amener à être percée à jour, et si elle joue le rôle d’un grain de sable dans les engrenages du système, c’est presque malgré elle.
Impitoyable et glaçant !
« La tomate », scénario Anne-Laure REBOUL et Régis PENET – dessin Régis PENET – couleurs NAO
Editions Glénat (92 p)
Paru en janvier 2018
Repéré chez Noukette
Voilà qui a l’ait drôlement intéressant ! Merci d’enfoncer le clou !
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waouh… ça a l’air vraiment fort!
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Je me souviens de cette impression de malaise qui persiste après lecture. Le personnage fait naître peu d’émotions mais ce côté glacial ne peut pas laisser indifférent, au contraire…!
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Comme c’est intriguant… En effet, merci d’en remettre une couche, j’avais dû passer à côté du billet de Noukette !
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Mmmmh.. intéressant!
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elle me fait très très envie !
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Mouais… pas forcément attirée (même si, bien entendu, le sujet est d’une importance capitale).
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Il me semble qu’elle pourrait convenir pour lancer une discussion auprès de lycéens.
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J’accroche pas avec le graphisme mais l’histoire me plait! A voir donc…
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Bof, bof, je n’accroche pas, désolé.
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Faut dire que c’est spécial !
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L’article de Noukette m’avait intriguée, le tien davantage encore!
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Déjà notée, cette BD… le graphisme semble bien coller avec le sujet. (on pense à Farenheit 451)
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pas très attirée par le thème, mais ça a l’air fort!
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Très attirée par le sujet, et le graphisme me plaît assez.
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Que ce soit Noukette ou toi, on ne peut pas dire que vous soyez hyper enthousiastes… Dommage le dessin avec ses touches de rouge et le sujet me tentaient bien. J’y jetterai quand même un oeil si je tombe dessus
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Effectivement, aucune de nous deux n’est enthousiaste (ce n’est pas une BD que je m’offrirais, ce que je n’hésite pas à faire lorsque j’en lis une en médiathèque pour laquelle j’ai un coup de cœur) : le propos est fort, certes, mais on a un environnement surgi de nulle part, sans aucune explication concernant le comment on en est arrivé là, donc on est bien forcés de s’en contenter mais on aurait aimé en savoir un peu plus.
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L’histoire ne m’emballe pas des masses et l’esthétique me refroidit un peu. Je passe mon tour pour cette fois!
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On ne peut pas être attirée par tous les albums qui paraissent (et il en paraît !) !
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Une histoire intéressante, mais pour moi pas assez creusée… et le trait est trop lisse… Bref, je l’ai lu sans faire de billet…
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Le trait m’a plu et, pour le reste, ça va à l’essentiel (qu’on peut trouver un peu court, je suis d’accord).
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Ce genre de dystopie, ce n’est vraiment pas pour moi.
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Oh toi alors…. cette BD me fait penser au cas Fodyl et à Ploutocratie. Waouh !!
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