A Ratisbonne, en 1938, l’étau se resserre autour des juifs. Grete Schwartz peine pourtant à convaincre son mari, juif, qu’il leur faut émigrer avec leurs deux enfants. Lorsqu’un ami vient leur offrir des billets pour partir vers Schangaï, la décision lui paraît s’imposer. Georg, son mari, continue à être réticent à l’idée d’abandonner un pays qui est le sien, pour lequel il a combattu et dont il est persuadé qu’il ne peut le trahir. Et alors que sa famille a déjà embarqué sur le paquebot qui doit les emmener au loin, il les quitte.
Grete fait front et se retrouve rapidement épaulée par un couple plus âgé, Eleanor et Otto Knoll, tandis que ses deux enfants, Carl et Ida, croyant que leur père va les rejoindre, profitent des agréments du voyage sur le luxueux navire.
Leur périple finira par les emmener à Shangaï, qui ne sera, pour Carl, qu’une étape dans sa vie.
A la même époque, Erna est envoyée par ses parents, qui n’apprécient pas sa liberté de conduite, chez sa tante Marga à Munich, pour travailler à son service. Sur place, elle s’adapte aux exigences de sa nouvelle patronne, une fervente adepte du Führer. Elle découvre aussi ses différentes sources de revenus, pour le moins particulières, et ne tarde pas à en devenir une précieuse collaboratrice.
« Le bracelet », dont je connaissais déjà l’auteur (j’avais lu d’elle « Finsterau »), nous offre deux versants de l’histoire allemande (et même trois, puisqu’il s’achèvera aux Etats-Unis). Avec Erna et son environnement familial (la tante Marga a un gros réseau de connaissances dans le milieu bourgeois où les partisans d’Hitler comme elles prolifèrent), on a un aperçu de la vie à Munich dans la dernière période avant la guerre, puis lorsque celle-ci se déclenche, avec tous les bouleversements qu’elle apporte. Du côté des Schwartz, la traversée ne manque pas d’intérêt, notamment lorsqu’elle évoque l’interdiction qu’avaient les juifs de débarquer aux escales. Puis il y a l’arrivée à Schangaï, dans un pays radicalement étranger et où les conditions de vie sont extrêmement difficiles. Dans les deux cas, les personnages, s’ils ne sont pas forcément attachants (mais certains, comme Grete et Carl, le sont), sont tous intéressants et on suit avec attention ce qui leur arrive, dans des contextes où on constate qu’il nous restait finalement encore beaucoup à découvrir (je ne savais par exemple rien au sujet des juifs ayant émigré en Chine).
Roman bien mené, avec son lot d’incidents ponctuant un quotidien peu ordinaire, « Le bracelet » plaira certainement à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire et au peuple allemands. Son dénouement m’a cueillie par surprise et je l’ai refermé pensive, en m’interrogeant sur le fond de la nature humaine.
« Le bracelet », Andrea Maria SCHENKEL
Titre original Als die Liebe endlich war (2016)
Traduit de l’allemand par Stéphanie Lux
Editions Actes Sud (391 p)
Paru en avril 2018
L’avis de Lewerentz
Je l’ai repéré à la librairie. Il me tente mais je ne sens pas un enthousiasme dans ton billet…
Et seulement 2 parts de tarte ? 😞
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Ah mais, Dominique, tu me connais : je ne m’enthousiasme pas facilement et franchir le cap des 3 parts de tarte, c’est pas rien ^^ ! Blague à part, c’est un bon roman et si, déjà, tu l’as repéré, c’est beaucoup, ça prouve qu’il est dans ton créneau.
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J’ai envie de tenter ; j’aimerais bien le trouver à la bibli.
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Je croise les doigts 🙂 !
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Je viens de le finir et ai adoré !
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Ah mais oui, j’ai vu ton avis hier ! Je viens d’ajouter le lien vers ton billet 🙂 .
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J’aime toujours les romans qui expliquent l’attitude des Allemands , j’ai toujours beaucoup de difficultés émotives à lire les passages sur l’aveuglement des juifs qui ne veulent pas fuir!
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Je te comprends. Ici, l’attitude du mari de Grete te serait douloureuse, c’est sûr.
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Je note ce livre dans ma LAL, il a l’air très intéressant, et j’aime beaucoup le couverture.
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J’espère le trouver à la bibliothèque !
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