« Le cœur des Amazones », Christian ROSSI et Géraldine BINDI

A l’abri de la forêt, le peuple des Amazones vit en autarcie sous la protection de la déesse Artémis, aux lois de laquelle elles obéissent. Combattantes redoutables, ce sont des femmes libres refusant de se soumettre aux hommes. Lorsqu’elles ont besoin d’eux, elles les capturent, les utilisent puis n’en gardent que quelques-uns pour des tâches qu’elles leur assignent.
A seize ans, leur reine Penthésilée attend le guerrier de sang royal avec lequel elle pourra s’accoupler. Le demi-dieu Achille, dont elle entend parler, pourrait convenir …

Mythe ou réalité, les Amazones font partie de notre imaginaire. Géraldine Bindi, scénariste de cet album, nous en donne ici sa version, comme l’explique cette interview que j’ai découverte ensuite. C’est ce qu’il faut avoir en tête en cours de lecture afin de ne pas être, comme cela a été mon cas, perturbé parce que, faute de bien se souvenir de la mythologie grecque, on ne distingue pas à coup sûr ce qui, lorsqu’il est question d’Achille, en fait partie et ce qu’elle a inventé. Ceci mis à part et malgré mon peu d’intérêt, justement, pour la mythologie, j’ai apprécié le récit car il met en scène des femmes hors du commun, des guerrières qui ont opté pour un mode de vie radicalement différent de celui qu’on voulait leur imposer. L’histoire évoque, à un moment, les circonstances dans lesquelles ces femmes sont sorties des sentiers battus et elles expliquent, sans les justifier pour autant, les choix radicaux qui seront ensuite les leurs (et que je vous laisse découvrir).

Ce n’est pas la première fois que je lis une œuvre de fiction dépeignant une société essentiellement féminine et c’est toujours intéressant d’examiner nos propres relations femmes/hommes à la lumière d’un éclairage aussi radical. Dans « Le cœur des Amazones », qui porte bien son titre car les Amazones se réunissent aussi, quand il le faut, en chœur de pleurs ou de louanges, les besoins des individus ne cessent d’interpeller les règles en vigueur, au point de les mettre en question. La théorie, même lorsqu’elle prétend s’appuyer sur les diktats des dieux, résiste mal à la pression des femmes auxquelles on dénie certains de leurs droits fondamentaux (celui de garder son enfant, par exemple).

L’histoire, mouvementée, est pleine de bruit et de fureur. Il y a deux beaux personnages féminins, Penthésilée et Protoé, mais je suis restée à distance d’elles, j’avais du mal avec cette référence permanente à la volonté divine et je n’ai pas cru à la relation Penthésilée/Achille. Seule a su me toucher la jeune Isia, 10 ans, capable de regarder d’un œil neuf les mœurs en vigueur, prisonnières de la sacro-sainte tradition.

L’album est superbe, avec son trait élégant et son choix de couleur réussi, une teinte marron (à partir de brou de noix) déclinée en d’infinies nuances. La nudité et la sexualité y sont représentées avec beaucoup de naturel. Même si mon manque de repères en matière d’histoire de la Grèce antique (je l’ai pas mal oubliée) m’a un peu gênée, j’ai apprécié ses résonnances avec nos préoccupations actuelles en matière de relations hommes-femmes.

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« Le cœur des Amazones », Christian ROSSI et Géraldine BINDI
Editions Casterman (157 p)
Paru en mars 2018

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19 commentaires sur “« Le cœur des Amazones », Christian ROSSI et Géraldine BINDI

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  1. En commençant ton article, je me disais « pas pour moi » mais en fin de lecture, j’en suis à « pourquoi pas ». A voir si je la croise en médiathèque alors 🙂

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