Richard Chapman, banquier quadragénaire auquel tout a réussi, participe à l’enterrement de la vie de garçon de son frère cadet dans sa propre demeure, qu’il a obligeamment prêtée pour l’occasion. La soirée, copieusement arrosée, s’échauffe encore avec la présence de deux jeunes stripteaseuses russes, accompagnées de leurs gardes du corps … et finit par déraper tragiquement, de la manière la plus imprévisible qui soit.
En état de choc, Richard téléphone à son épouse pour lui raconter le drame qui s’est déroulé chez eux, et ne parvient pas à passer sous silence la manière dont il s’est, de son côté, un peu trop laissé aller.
La tempête médiatique déchaînée par les événements risque alors de tout emporter sur son passage : son emploi dans une banque respectable, qui craint pour sa réputation, et sa famille, car sa femme et sa petite fille lui en veulent de ce qui leur arrive.
La chronique de cette soudaine traversée du désert, telle que chacun d’eux la vit, croise le récit d’Alexandra, une des deux jeunes stripteaseuses qui sont en réalité victimes d’esclavage sexuel.
Remarque liminaire : il m’a fallu accepter que Richard Chapman ait pu offrir sa maison comme cadre de l’enterrement de vie de garçon de son frère, quel manque de circonspection de sa part quand on connaît le caractère dissipé du frangin, mais de toute façon je n’avais pas le choix car sans cette soirée, pas d’histoire.
Même si, excepté dans la dernière partie, il n’y a pas d’enjeu narratif autre que l’évolution psychologique des différents protagonistes, directement liée aux répercussions du drame dans leur vie quotidienne ( = comment leur environnement familial, amical et professionnel réagit), je n’ai pas pu lâcher ce roman, tant j’y étais immergée. Tout y sonne juste, aussi bien la peinture des caractères que le récit d’Alexandra, pour lequel l’auteur s’est dûment documenté et qui illustre la manière dont peut fonctionner l’esclavage sexuel en Russie. On lit, et on souffre avec les personnages (y compris celui de Richard, un homme droit qui n’en méritait pas tant), sans avoir la sensation d’être voyeur : l’auteur n’a en effet pas cédé à la facilité puisqu’il ne s’autorise aucune scène de sexe, alors que c’est bien le sexe qui est le moteur du roman.
Un roman sombre et prenant.
« L’imprévu », Chris BOHJALIAN
Titre original The Guest Room (2016)
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Caroline Nicolas
Editions Le Cherche Midi
Paru en mars 2017
Lu en numérique via NetGalley
Il est tout récent ce roman, je n’en ai pas entendu parler. Avec ce que tu en dis, je suis évidemment très tentée (et je ne te remercie pas …)
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Oui, il est tout récent : je l’ai repéré sur NetGalley et j’ai eu envie de le découvrir. Il mériterait de faire parler de lui, je trouve.
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Rho ça a l’air un peu glauque quand même non ? En tous cas tant mieux si l’auteur ne tombe pas dans le voyeurisme.
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