
« Le problème à trois corps » est le premier tome d’une trilogie SF qui arrive en France précédée d’une belle réputation à l’étranger, en Chine (il y est paru en 2006) autant qu’aux Etats-Unis, car Ken Liu (l’auteur de « La ménagerie de papier ») l’a traduit et il a recueilli le prix Hugo en 2015.
Lire la version anglaise étant trop ardu pour moi, je me demandais quand un Français s’attellerait à la traduction. Merci à Gwenaël Gaffric d’avoir saisi l’œuvre à bras le corps (c’est le cas de le dire !) : je ne connais rien au chinois mais la version française qu’il nous offre ici est un bonheur de lecture (tout comme l’était « Membrane », dont il était aussi le traducteur).
J’avais tout oublié de ce que j’avais pu lire au sujet de ce roman et, comme j’ai zappé la quatrième de couverture (surtout, ne la lisez pas si vous ne voulez pas en savoir trop : elle résume les 3/4 du livre !), je suis partie à la découverte.
Chine 1967, en pleine révolution culturelle. La jeune astrophysicienne Ye Wenjie est la spectatrice impuissante de la mise à mort de son père (scène terrible qui donne un aperçu de la folie de l’époque), professeur de sciences accusé de véhiculer des idées contre-révolutionnaires. Un peu plus tard, la jeune femme, objet d’accusations similaires, est invitée à rejoindre Cote Rouge, une base militaire de transmissions secrète, dont elle pense qu’elle ne sortira jamais. Il lui faudra du temps pour découvrir ce qui s’y trame réellement …
De nos jours, Wang Miao, expert en nanomatériaux, est convié à une réunion mêlant militaires et scientifiques à l’échelle internationale, sans qu’on lui explique le fond du problème et pourquoi sont évoqués une guerre et de grands chamboulements qui seraient imminents. Il apprend que l’ennemi vise la communauté scientifique, victime d’une soudaine vague de suicides. Peu après, Wang Miao constate l’apparition d’un compte à rebours sur des photos qu’il a prises et développées, compte à rebours qui vient ensuite occuper le plein centre de son propre champ de vision, jusqu’à ce que, paniqué, il obtempère à une injonction qu’il reçoit concernant ses travaux.
S’étant rapproché de la Société des frontières de la science, comme cela lui a été demandé lors de la réunion, il se met à jouer à un jeu vidéo exigeant intellectuellement, dont ses membres sont de fervents adeptes. Le joueur se retrouve projeté sur une planète au climat étrange : les ères régulières alternent avec des ères chaotiques invivables au point que les habitants y sont déshydratés et stockés en attendant la suite. Ce jeu s’intitule « Les trois corps », en référence à un problème bien connu des mathématiciens.
En même temps qu’il participe au jeu, Wang Miao, soutenu par le commissaire Shi Quiang (une figure celui-là : vulgaire et malpoli comme c’est pas permis mais diablement perspicace !), continue à fréquenter le milieu de la recherche scientifique, soudain théâtre de deux crimes …
Et je vais arrêter là ma présentation, pour vous laisser la surprise du reste (vous savez à quel point je rechigne à divulgâcher) et croyez-moi vous ne serez pas déçu !
Alors oui, c’est ce qu’on appelle de la hard SF, c’est-à-dire de la SF avec pas mal de science dedans. Mais, bon, l’auteur donne à voir les concepts en question de manière suffisamment parlante pour que le commun des mortels dont je fais partie, qui n’entrave rien à la physique, soit capable de comprendre de quoi il retourne (même si, faut pas pousser non plus, je ne me verrais pas vous faire un exposé là-dessus !). Et quand je dis « donne à voir », ce n’est pas qu’une métaphore, il y a des scènes saisissantes !
Ce qui se passe dans le jeu est spectaculaire et le lien avec la réalité, où l’histoire présente centrée sur Wang Miao croise régulièrement le récit au passé de Ye Wenjie, finira par apparaître au joueur comme au lecteur, aussi intrigué que lui.
Liu Cixin ancre ses personnages, auxquels on croit, dans une réalité historique (la Chine pendant la révolution culturelle) et contemporaine qui affecte directement leur comportement. Au final, son roman s’avère refléter crûment les préoccupations de notre temps et l’inquiétude qu’on peut nourrir quant au devenir de l’humanité.
« Le problème à trois corps » est le premier volume, prenant, d’une trilogie dont je ne manquerai pas de lire la suite (parution du tome 2 prévue en octobre 2017) !
« Le problème à trois corps », Liu Cixin
Paru en Chine en 2006
Traduit du chinois par Gwenaël Gaffric
Editions Actes Sud – collection Exofictions (424 p)
Paru en octobre 2016
Il est déjà sorti ?
Celui-là, c’est vrai qu’il est attendu !
A.C.
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Oui, il vient de paraître !
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Moi aussi, je préfère partir à la découverte de la SF chinoise et ne lirai donc pas ton billet. Mais j’ai vu tes trois parrts de tarte qui me rassurent 🙂
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Bonne découverte, Sandrine !
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Je ne pense pas que je vais me lancer là-dedans ! Je me demande si Keisha maîtrise le problème des Trois Corps « bien connu des mathématiciens » ? 😉
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Ah ! Ah ! A défaut, elle en aura au moins connaissance, ce qui n’était pas du tout mon cas !
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Il est dans ma wish list celui-là, il m’a l’air fort alléchant.
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Il mérite qu’on se penche sur son cas, c’est sûr !
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Je ne lis pas non plus ton billet (book in the PAL) et merci pour l’information de ne pas lire la 4eme de couv’ 🙂
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Bonne lecture, Lhisbei !
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Il va falloir le lire aussi celui-ci, il est en wish list !
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Il le mérite !
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Je viens de le finir et je confirme que cela vaut le coup d’oeil…
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Je suis allée lire ton billet et on est bien d’accord 🙂 .
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