« Les enfermés », John SCALZI

enfermés scalziQuatrième de couverture :
Un nouveau virus extrêmement contagieux s’est abattu sur la Terre. Quatre cents millions de morts. Si la plupart des malades, cependant, n’y ont réagi que par des symptômes grippaux dont ils se sont vite remis, un pour cent des victimes ont subi ce qu’il est convenu d’appeler le « syndrome d’Haden » : parfaitement conscients, ils ont perdu tout contrôle de leur organisme ; sans contact avec le monde, prisonniers de leur chair, ils sont devenus des « enfermés ».
Vingt-cinq ans plus tard, dans une société reformatée par cette crise décisive, ces enfermés, les « hadens », disposent désormais d’implants cérébraux qui leur permettent de communiquer. Ils peuvent aussi emprunter des androïdes qui accueillent leur conscience, les « cispés », voire se faire temporairement héberger par certains rescapés de la maladie qu’on nomme « intégrateurs »…

Haden de son état, Chris Shane est aussi depuis peu agent du FBI. A sa première enquête, sous la houlette de sa coéquipière Leslie Vann, c’est justement sur un intégrateur que se portent les soupçons. S’il était piloté par un haden, retrouver le coupable ne serait pas coton.
Et c’est peu dire : derrière une banale affaire de meurtre se profilent des enjeux colossaux, tant financiers que politiques.

C’est par le biais du personnage de Chris Shane (dont j’étais persuadée qu’il ne pouvait s’agir que d’un jeune homme, jusqu’à ce que j’aperçoive sur un des rabats de couverture une mention précisant que l’auteur ne connaissait  pas son sexe … et effectivement, il n’y a pas d’indication à ce sujet ) que le lecteur découvre ce qu’est un « enfermé ». L’approche est particulière, cependant, car Shane a été enfermé alors qu’il (j’en reste au pronom masculin, tant pis) n’avait que deux ans, il n’y a donc pas vraiment eu d’ « avant » et « après » pour lui, car il ne se souvient pas de cet avant. Shane est aussi un cas spécifique, on le comprend dès les premières pages, puisque c’est une célébrité dans son genre : enfant d’un riche sénateur, il a en effet été érigé tout petit comme symbole positif de la condition haden. Ces précisions ne sont pas sans importance car elles définissent aussi le rapport que Shane entretient avec son nouveau métier, qui ne lui est pas vital mais lui permet de quitter le cocon familial et le regard que les autres portent de prime abord sur lui.

L’enquête démarre presque immédiatement (juste après deux pages de présentation du syndrome Haden en guise de préambule). Le récit, tout en nous permettant d’appréhender ce que la société est devenue avec l’apparition des cispés dans la vie quotidienne, est mené de manière très efficace et je l’ai lu avec plaisir. Il déborde le cadre de la résolution d’un simple crime pour s’ouvrir sur des problématiques plus larges qui touchent justement à la manière dont est envisagée la place des hadens.
Shane en est le narrateur, à la première personne, ce qui lui confère une tonalité très spontanée, avec quelques pointes d’humour. L’ensemble revêt pourtant, et ce malgré les références régulières au corps de Shane, dans la nacelle où il est conservé, et son implication physique par le biais de son cispé (qui va en voir de dures) un côté désincarné assez troublant : on n’a pas l’habitude d’un héros dont les possibilités d’interactions avec les personnages qui l’entourent sont ainsi restreintes. Et ce n’est pas l’Agora, espace virtuel où se retrouvent les Hadens, qui peut compenser. Ceci étant, le personnage de Shane suscite la sympathie (je dirais même l’empathie) et on s’intéresse non seulement à l’enquête mais à lui personnellement.

« Les enfermés » est suivi d’un second texte (de 70 pages) intitulé « Libération – Une histoire orale du syndrome d’Haden », dont j’ignorais qu’il avait été écrit avant le roman proprement dit. Je l’ai abordé sans enthousiasme, craignant de m’y ennuyer mais cette chronique socio-historique, ponctuée de témoignages de divers spécialistes ou autorités, s’est avérée dynamique et passionnante.

J'ai bien aimé !« Les enfermés » suivi de « Libération – Une histoire orale du syndrome d’Haden », John SCALZIDéfiSFFFPetitMle
Titre original « Lock In – Unlocked : An Oral History of Haden’s Syndrome » (2014)
Traduit de l’anglais par Mikaël Cabon
Editions de l’Atalante (379 p)
Paru en février 2016

Repéré chez Lune.
L’avis de Yogo.

6 commentaires sur “« Les enfermés », John SCALZI

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    1. Le contexte n’est pas gai, mais le récit lui-même est mené par un narrateur jeune et plein d’allant, donc la tonalité n’est pas aussi sombre qu’on pourrait le craindre.

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