« Tout ce qu’on ne s’est jamais dit », Céleste NG

tout ce qu'on ne s'est jamais dit« Lydia est morte. Mais ils ne le savent pas encore. 3 mai 1977, six heures trente du matin, personne ne sait rien hormis ce détail inoffensif : Lydia est en retard pour le petit déjeuner. Comme toujours, sa mère a placé près de son bol de céréales un crayon bien taillé et les devoirs de physique de Lydia, chacun coché. »
Ainsi commence « Tout ce qu’on ne s’est jamais dit », chronique familiale centrée sur la disparition de Lydia, 16 ans, retrouvée morte noyée dans le lac tout proche. A la question du pourquoi, l’auteur apporte dès le chapitre 2 une ébauche de réponse, que le roman développera :
« Comment est-ce que ça a commencé ? Comme toujours : avec les mères et les pères. A cause de la mère et du père de Lydia, à cause de la mère et du père de sa mère et de son père. Parce qu’il y a longtemps sa mère avait disparu et son père l’avait ramenée à la maison. Parce que, plus que tout, sa mère avait voulu se distinguer ; parce que, plus que tout, son père avait voulu se fondre dans la masse. Parce que tout ça avait été impossible. »

Roman prenant, que j’ai lu quasiment d’une traite (on veut savoir/comprendre ce qui s’est passé), « Tout ce qu’on ne s’est jamais dit », dont je n’avais eu que de bons échos, ne m’a pas déçue car la qualité de l’écriture autant que celle de l’analyse sont au rendez-vous. Je lui reprocherais bien sa manière de présenter l’aveuglement parental, car je me dis que non, on ne peut pas être aveugle à ce point … mais c’est justement le cœur du propos, de montrer à quel point les non-dits peuvent être lourds de conséquences, en particulier dans le cas de la famille de Lydia où le père, d’origine chinoise, a épousé une jeune Américaine, alors que les mariages mixtes étaient très mal vus (quand ils n’étaient pas purement et simplement interdits dans certains états).
Le récit apporte au lecteur une réponse à toutes les questions qu’il se posait. J’ai aimé qu’il s’attache intimement à chacun des personnages (Lydia, ses parents mais aussi son frère aîné Nathan et sa petite sœur Hannah), qu’il me surprenne quant aux circonstances précises du drame et aussi dans sa tonalité finale, à laquelle je ne m’attendais pas.

« Tout ce qu’on ne s’est jamais dit » est le premier roman de Céleste NG, un auteur à suivre, aucun doute là-dessus.

J'ai bien aimé !« Tout ce qu’on ne s’est jamais dit », Céleste NG
Titre original Every Thing I Never Told You (2014)
Traduit de l’anglais (Etats-Uns) par Fabrice Pointeau
Editions Sonatine (277 p)
Paru en mars 2016

Les avis de : Kathel, Delphine-Olympe , Cathulu , Clara , Zarline, Sylire, Micmelo …

24 commentaires sur “« Tout ce qu’on ne s’est jamais dit », Céleste NG

Ajouter un commentaire

    1. Malgré les bons avis lus ou aperçus (au bout d’un moment, quand je pense que je vais lire le livre en question, je vais directement à la conclusion, pour ne pas trop en savoir sur le contenu) ici ou là, je n’étais pas persuadée d’accrocher, en plus je venais de récupérer le livre à la bibliothèque et je devais le rendre une semaine après pour cause de départ en vacances, donc même pas le choix du moment de lecture … et ça a marché, j’ai accroché tout de suite.
      J’ai hésité entre deux et trois parts de tartes, mais il y a quand même un aspect un peu trop appuyé (quand je parle de l’aveuglement des parents) qui fait qu’il ne rejoindra pas le Coin des préférés. Mais il n’empêche que ce fut un très bon moment de lecture !

      J’aime

  1. Un roman que j’ai beaucoup aimé. C’est pour le personnage d’Hannah, la petite soeur, que j’ai eu le plus d’empathie.
    Les parents m’ont plutôt agacée (et le mot est trop faible) dans leurs exigences vis-à-vis de Lydia.
    Et pour une fois, un dénouement qui tient la route et qui n’est pas bâclé !
    Un coup de coeur !

    J’aime

    1. Pas un coup de cœur pour moi, mais ça aurait pu (trop de mal avec l’aveuglement des parents). Et c’est vrai que le personnage d’Hannah est très subtilement présenté et que le dénouement, réussi, sort du commun.

      J’aime

    1. Une de mes biblis venait de l’acheter. Et pour les parts de tarte, franchement, j’ai hésité entre 2 et 3. Mais même si j’ai eu grand plaisir à lire le roman, bien écrit et tout et tout, j’ai vraiment une réticence sur le fond, un côté too much (concernant la psychologie des personnages, toujours ce fichu aveuglement des parents qui a du mal à passer chez moi) qui me gêne aux entournures et qui fait que je n’ai pas rangé le bouquin dans Le coin des préférés.

      J’aime

  2. Comme toi : pas un coup de coeur, mais une lecture qui m’a finalement bien embarquée. Et puis j’ai été sensible au propos. Je ne sais pas si j’ai trouvé l’aveuglement parental trop gros, mais pendant une partie du roman, les parents m’ont été antipathiques, entre acharnement maternel à vivre sa réussite à travers sa fille, et faiblesse paternelle.. Le ton de la fin m’a surprise aussi, pour le meilleur… Donc pas un coup de coeur mais une lecture que je recommanderais!

    J’aime

  3. Il tombe à pic ton billet car je vais le commencer bientôt et comme je n’ai lu que des avis très enthousiastes, j’en attendais beaucoup (trop?). Ton bémol me va très bien.

    J’aime

  4. De mon côté j’ai été plutôt déçue, l’écriture est agréable mais j’ai trouvé l’intrigue peu palpitante, et les explications psychologiques pas assez fines…

    J’aime

    1. Il y a une tension narrative, mais c’est vrai qu’on n’est pas dans l’intrigue palpitante . Et je comprends bien ce que tu dis au sujet des explications psychologiques, ça rejoint ce que j’ai ressenti concernant l’aspect un peu forcé du trait (on ne s’y reconnaît pas en tant que mère, hein 😉 ?!).

      J’aime

Un commentaire ? N'hésitez pas !

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Un Site WordPress.com.

Retour en haut ↑