Un après-midi de juin, Michael Turner s’introduit chez ses voisins, les Nelson, intrigué par la porte de leur jardin restée entrouverte, alors qu’apparemment il n’y a personne à l’intérieur. Il se met à chercher le tournevis qu’il leur avait prêté et était venu récupérer, mais le silence de la maison l’oppresse …
La quatrième de couverture, que je n’ai pas reprise, nous vante « un texte époustouflant de maîtrise, qui tient le lecteur en haleine comme un thriller ». De quoi susciter chez moi une attente qui n’avait pas lieu d’être puisqu’en réalité on n’est pas dans un thriller ! Ou alors, il faut considérer que patienter presque 200 pages (plus exactement jusqu’à la page 199, pour les curieux qui ont envie de savoir) en lisant un roman « normal » (comprendre : où on ne tourne pas les pages fébrilement), pour enfin connaître « L’événement qui bouleversa leur existence » annoncé dès la première ligne du roman, cela ressort du thriller, auquel cas on n’a pas la même définition du genre.
Effectivement, il y a bien une certaine tension narrative dans ce roman, en amont et en aval de l’événement en question. En aval, parce qu’on en guettera les conséquences. En amont, parce que Michael ne se sent pas très à l’aise dans la maison en l’absence des propriétaires et que l’atmosphère devient rapidement inquiétante. Mais, au fur et à mesure qu’il se déplace dans les lieux, on se déplace dans le temps pour se projeter dans son passé, avec le récit détaillé de ce qui l’a conduit à déménager pour Londres et à faire la connaissance de ses voisins. Puis, au bout d’une centaine de pages, on fait un bond aux Etats-Unis, pour se retrouver en compagnie du commandant Daniel McCullen, pilote de drones en plein désarroi (et dans un premier temps je me suis demandée ce qu’il pouvait bien venir faire là-dedans !).
Cette question du thriller ou pas thriller mise à part (mais cet aspect un tantinet frustrant a quand même perturbé ma lecture), « J’ai vu un homme » est un roman que j’ai apprécié (malgré le caractère un peu too much du fameux événement). L’histoire, avec ses rebondissements, est originale et le talent d’écriture de l’auteur lui permet de rendre très présentes les scènes qu’il dépeint. Les personnages et la manière dont ils se débattent avec leurs contradictions sont finement étudiés et le questionnement sur l’utilisation militaire des drones, que le récit permet d’aborder, m’a beaucoup intéressée.
Extrait :
Debout dans la cuisine, Michael tendit l’oreille une nouvelle fois. Ce n’était pas le genre de Josh et Samantha de laisser la maison ouverte en leur absence. Il savait que Samantha avait rejoint sa sœur Martha pour le week-end. Mais il pensait que Josh et les filles étaient là. Pourtant la maison demeurait silencieuse. Seuls les bruits du parc lui parvenaient : les aboiements d’un chien, les bavardages de pique-niques lointains, les éclaboussures d’un plongeur dans le bassin de nage, de l’autre côté de la promenade. Plus près, dans un jardin tout proche, il entendit un jet d’eau automatique se mettre en marche. L’atmosphère était si figée et si calme que, de là où il se tenait dans la cuisine, ces bruits semblaient déjà tissés dans le fil de sa mémoire, appartenant au passé, comme s’il avait franchi une porte temporelle et non le seuil d’une maison.
« J’ai vu un homme », Owen SHEERS
Titre original I Saw a Man (2015)
Traduit de l’anglais par Mathilde Bach
Editions Rivages (351 p)
Paru en août 2015
Repéré chez Sido
L’avis de Cathulu (qui n’a pas voulu donner le numéro de la page 😉 !)
je viens de chroniquer un roman de la catégorie dite ‘thriller » : Partir et qui n’avait rien d’un thriller, je crois que ce mot doit être racoleur, et donc servir à ramener des lecteurs , et c’est vrai que c’est agaçant , je ne suis pas particulièrement attirée par les « thriller » mais au moins quand j’en lis j’aimerais qu’il en soit un vraiment.
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Entièrement d’accord ! Comme toi, je ne lis pas souvent des thrillers, mais quand c’est ce que je recherche, j’aime bien le trouver !
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Thriller, polar, roman noir… ça tient parfois à peu de choses. J’avais repéré ce roman, mais pas en tant que thriller, et puis j’ai lu un avis mitigé. J’aimerais bien me faire mon propre avis toutefois, et comme tu ne me décourages pas, je le garde en mémoire. 😉
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Oui, à tenter à l’occasion !
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J’ai appris depuis quelques temps à me méfier grandement des pseudos critiques éditeurs. N’empêche que j’ai beaucoup aimé même si je suis d’accord: il n’y a rien de thriller là-dedans ! Et ravie que tu l’ai repéré chez moi 😉 Ça fait tout bizarre de réaliser ainsi la portée de ce que j’écris seule devant mon clavier…
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J’avais beaucoup apprécié que tu n’en dévoiles pas trop (et même si j’avais jeté un œil à la 4ème de couverture, j’en avais zappé une bonne partie, si bien que je ne savais pas ce que le pilote de drones venait faire là-dedans) : pour moi, la découverte est importante, quand je lis un roman, je n’aime pas qu’on m’en ait déjà raconté la moitié. Et je te le confirme : ce que tu écris porte !
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Ces 4ème qui ruinent une lecture!!! une plaie! Finalement, un bon roman, qui est desservi par son éditeur… Je le note quand même (je ne suis pas à un titre près:) )
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Je trouve que c’est inutile d’ajouter des éléments qui n’ont pas lieu d’être : autant se concentrer sur ce que le roman présente déjà comme qualités, sans en inventer !
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Je n’ai malheureusement pas pu atteindre la page 199. J’ai trouvé ce texte sans grand intérêt, plutôt mal écrit et mal traduit. J’attendais – visiblement en vain – le fameux thriller, lorsqu’un passé simple fort malencontreux a eu raison de moi à la p. 95…
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Argh ! C’est un livre emprunté à la médiathèque et que j’ai rendu, du coup je ne peux même pas aller voir ce passé simple de la page 95 ! Ceci dit, il m’arrive de constater qu’il y a des choses un peu bizarres dans les traductions : ça passe tant que ça reste très occasionnel (mais je comprends que celui-ci ait représenté la goutte d’eau qui a fait déborder le vase).
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Cette manie de baptiser thriller des romans qui ne le sont pas, franchement c’est contre-productif et générateur de déception, c’est pourtant simple à comprendre (sauf pour les éditeurs apparemment). Je le note, sans trop insister, il faudra vraiment qu’il me tombe sous la main.
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Oui, ça génère une attente qui n’a pas lieu d’être, c’est nul !
Je me suis consolée avec « Amelia » qui ne m’a pas déçue : sans être un thriller, il y a un bon suspense.
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Il m’intrigue ce roman ! Ce qui tombe plutôt bien vu qu’il est dans la pile qui menace de s’écrouler sur ma table de nuit ! 😉
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C’est plus une PAL, c’est une PISE (bonjour le jeu de mots pourri !) !
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