Voici ma participation au jeu d’écriture proposé par Asphodèle (Les plumes 45). Il s’agissait de rédiger un texte de 700 mots maximum en y intégrant les mots suivants :
frissonner, vide, humeur, plume, embellir, enfin, sommeil, drogué, impasse, poésie, torture, plénitude, trop-plein, youpi, énergie, absence, temps, dénuement, bol, idée, déchirement, bus, abandonné.
Nombre de mots du texte : 223
La complainte de l’abandonné
Maintenant qu’enfin je goûte au calme, le temps file à travers moi sans que j’en puisse rien retenir. Me vient le regret de ce trop-plein d’énergie qui m’envahissait naguère et dont je me plaignais, quand je n’étais pas d’humeur, encore drogué par mes nuits comateuses. Il y avait des cris, des chamailleries mais aussi des youpis. Après l’impasse du sommeil, les portes s’ouvraient sur une journée nouvelle, je me nourrissais alors d’un bol d’air frais et de jeunesse. L’idée-même que tout cela pût m’être ôté ne m’avait pas effleuré, j’ignorais ce qu’était l’absence.
Maintenant que la plénitude des retrouvailles quotidiennes a disparu, je frissonne sur ce parking désert où je vis dans le plus complet dénuement. Quelques visiteurs sont venus. Les premiers m’ont mis à la torture, arrachant ou lacérant à tout va. Les suivants ont voulu m’embellir à grand renfort de signes peints. Les derniers sont restés. Ils ont fait leur nid et les piaillements de leurs petits, les plumes qui volettent, me sont d’une consolation indicible. J’ignorais, toutes ces années où je transportais des enfants de chez eux à l’école, quel déchirement ce serait quand tout finirait. L’idée-même que cela pût s’arrêter ne m’avait pas effleuré.
Extrait des miscellanées de Pierre-Marie de la Grisaille, « Drames des transports modernes ».
Rubrique 15 : « Les bus »
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J’aime beaucoup ce bus qui n’a pas raté le coche. Enfin c’est surtout son auteure qui nous transporte. Bravo.
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Tu as été son premier passager et il est ravi de t’avoir transporté !
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C’est génial, arrivée à la fin, j’ai relu depuis le début pour me mettre dans la peau du « bus » ! Mais tu as écrit d’après un texte de l’auteur que tu cites ou tu as inventé cette histoire ? En tous cas c’est réussi ! Et émouvant, on en verserait presque une larme pour ce pauvre bus… 😉
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Ah, mais ce cher Pierre-Marie de la Grisaille et son ouvrage n’existent que dans mon imagination, Asphodèle 🙂 !
Contente que ce vieux bus ait fait route jusqu’à ton petit cœur sensible, en tout cas !
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Pauvre petit bus abandonné… Il a un côté tellement humain à travers tes mots !
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On en oublierait qu’il s’agit d’un bus 😉 !
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Premier paragraphe, j’ai cru que le narrateur était une femme, début du deuxième j’ai pensé à un arbre… Et puis le bus arrive …
Très bien raconté cette vie de bus 🙂
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Et tu ne l’as pas vu arriver, tant mieux !
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Hé hé pas mal le coup de l’extrait choisi ! Même la miss y a cru …
Bien vu, mais un peu tristou, cet abandonné…c’est pas un bus impérial !
¸¸.•*¨*• ☆
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Oui, c’est tristus, cette histoire !
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J’ai failli me laisser prendre au nom de l’auteur ! ton commentaire à Asphodèle me confirme qu’il n’existe que dans ton imagination, bravo !
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Le nom de l’auteur , « de la Grisaille » (c’est ce que je voyais par ma fenêtre quand j’ai rédigé le texte), était censé lever toute ambiguïté 😉 !
Contente que le texte t’ait plu 🙂 !
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Je suis ravie d’être montée à bord de ton bus. 😀 Très original ton texte. 😀
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Merci, Ceriat !
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Oh quelle bonne idée tu as eue là ! Quand je pense que j’ai évincé ce mot qui n’avait rien à faire avec mon vol de palombes ! Brave carcasse déglinguée et taguée qui a trouvé un regain de bonheur avec les piaillements des oisillons. Youpi. Tout est bien qui finit bien.
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A défaut de bus, on a les oiseaux en commun dans nos textes respectifs !
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J’ai cherché en te lisant de quoi tu pouvais parler. Je me retrouvais dans un parking, mais lequel ? J’ai pensé à un ascenseur, et puis et puis, ….j’avais pas pensé à un bus. Comme Aspho, je me suis posée la question : Non, ce n’est pas de lui ? Comment donc cela se fait-ce ? 🙂
Et puis tu as poussé le clin d’oeil au-delà de la vie de bus abandonné, et là j’ai chuté dans le clap clap maison 🙂
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Comme on est dans un atelier d’écriture, où par définition c’est notre plume qui est à l’oeuvre, je n’ai pas imaginé qu’inventer un nom d’auteur et d’ouvrage pouvait dérouter 🙂 ! Mais au moins, tu as été intriguée !
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Oui tout à fait, et bravo pour cette pensée d’écriture. Elle est amusante et me plaît beaucoup 🙂
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Très astucieux, ton texte! J’aime beaucoup.
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Je voulais qu’on ne devine pas tout de suite de quoi il retourne 😉 ! Contente que tu aies apprécié.
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Un texte rondement mené. Bravo ! Tu as une très belle plume !
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Merci, Cristie !
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Comment recréer le réel en quelques mots, intriguer le lecteur, l’amener à se poser des questions ! parfaitement rodé ton texte est une mécanique qui se les roule !
Bises
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Au départ je me suis dit ‘Oh comme c’est bien écrit’ puis ‘ah zut ça n’est pas de Brize (et aussi ‘je pige rien à ces jeux d’écriture en fait ») et pour finir ‘ah si j’ai compris’. Bref c’est très beau Brize.
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Merci Emilie 🙂 ! (et je ne pensais pas que ma petite facétie finale, avec invention d’un auteur et de son œuvre, perturberait mes lecteurs potentiels, heureusement que tu as fini par t’y retrouver !)
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C’était bien dans ce bus, j’ai lu, et relu, j’aime vraiment
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