Les « Six jours » en question sont ceux du 29 avril au 4 mai 1992 à Los Angeles quand, après l’acquittement des quatre policiers ayant passé à tabac, un an avant, Rodney King, la ville fut le théâtre de violentes émeutes.
Dans cet environnement devenu soudain impossible à contrôler par les forces de l’ordre, malgré les renforts fournis, les gangs que Los Angeles compte en nombre s’en donnèrent à cœur joie, que ce soit pour orchestrer des pillages ou régler leurs comptes. C’est sur un règlement de compte de ce type que s’ouvre le roman, des pages à la limite du soutenable (il y aura deux autres passages très durs, mais à aucun moment la violence n’est présentée de manière complaisante) qui donnent le ton : « Tu joues, tu payes ». Sauf que, dans ce cas précis, la victime ne jouait pas, puisqu’elle n’était pas du tout impliquée dans le gang auquel appartiennent son frère et sa sœur ni dans aucun autre.
L’événement va déclencher toute une série de conséquences dramatiques constituant le fil narratif du récit, que Ryan Gattis expose en orchestrant une partition impeccable : il donne successivement la parole à une dizaine de protagonistes, concernés de près ou de manière collatérale (on notera l’intervention d’une infirmière et d’un pompier), mais il y a toujours une connexion et l’enchaînement des témoignages, dans un langage qui sonne vrai, accompagne le déroulement chronologique d’une histoire âpre, tendue et prenante.
Focalisé sur un quartier de Los Angeles (Lynwood) et un gang latino, « Six jours » permet pourtant d’accéder à une certaine compréhension d’ensemble des émeutes dans lesquelles le roman s’inscrit. Chaque parcours individuel évoqué au long des témoignages apporte en effet de nouveaux éléments, qu’ils soient de l’ordre des données ou des réflexions, nous aidant à construire notre vision des choses.
Un roman qui prouve si besoin était que, quand la littérature s’aventure sur les chemins de la fiction sociale, elle nous apporte autant, voire davantage en ce qui me concerne, que les meilleurs reportages.
« Six jours », Ryan GATTIS
Titre original All Involved (2015)
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nicolas Richard
Editions Fayard (432 p)
Paru en août 2015
Lu en numérique via NetGalley
Une très intéressante interview de l’auteur (en anglais) ici.
Les avis de : Sandrine, Jostein, Jérôme, Micmelo, Sylire , La chèvre grise …
je sais que ce livre est bien et j’ai vraiment envie de le lire merci de le rappeler à mon souvenir
J’aimeJ’aime
Je pense qu’il y aura régulièrement un billet sur un blog pour faire office de rappel 🙂 !
J’aimeJ’aime
Un des meilleurs romans lus ces derniers mois… qui vaut largement ses 4 parts de burritos avec supplément de guacamole ;-D
J’aimeJ’aime
Pas sûr qu’un autre livre me marquera autant dans cette rentrée littéraire (wait and see ).
(et miam pour les burritos et le guacamole 🙂 !)
J’aimeJ’aime
Il est arrivé à la bibliothèque, je le mets sur ma liste urgente ..
J’aimeJ’aime
Et tu fais bien !
J’aimeJ’aime
Un bel avis, j’avais un peu la flemme de lire ton avis, mais à la vue des quatre parts de tarte en fin d’article, je me suis dit que c’était assez rare pour le lire ! Du coup je le note.
J’aimeJ’aime
Compte tenu du nombre de billets que tu avais (théoriquement !) à lire, tu fais bien de sélectionner 😉 !
Et ce roman-ci vaut la peine d’être noté.
J’aimeJ’aime
Je crains un peu les pages très dures, mais il est noté malgré tout.
J’aimeJ’aime
Je pense que, sur ce point-là, on se ressemble un peu (cf nos derniers échanges au sujet des auteurs de polars à Lire en poche), donc comme c’est passé pour moi, je me dis que ça passera pour toi.
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, ça dépend de la manière dont c’est écrit, aussi…
J’aimeJ’aime
Chacun parle à la première personne, on est dans le langage oral/familier (pour la plupart des protagonistes), peut-être pas la manière dont ils s’exprimeraient réellement, plutôt une reconstitution authentique, mais tu verras par toi même.
J’aimeJ’aime
Un roman fort, coup de poing. Violent par les actes des protagonistes, certes, mais aussi par ce qu’il laisse deviner de la société et de cet « american dream ».
J’aimeJ’aime
Tout à fait ! (et j’ai ajouté le lien vers ton billet)
J’aimeJ’aime
Je l’avais déjà repéré chez d’autres blogueurs celui-ci. Cela dit, après Les échoués, je vais quand même laisser passer un peu de temps avant de re-rentrer dans du dur de cette nature…
J’aimeJ’aime
Je te comprends ! Et cela me rappelle la fois où je ne suis pas parvenue au bout de ma lecture du « Quatrième mur », de Chalandon, parce que j’avais lu « Kinderzimmer » juste avant.
J’aimeJ’aime
Réservé auprès de la bibliothèque, j’ai de plus en plus hâte de le lire au fur et à mesure des avis positifs.
J’aimeJ’aime
Ta curiosité sera bientôt satisfaite !
J’aimeJ’aime
Les avis sont assez unanimes, mais en ce moment je crains (oui c’est vrai) la trop grosse violence, même si elle n’est pas gratuite, elle me fait peur. Mais c’est très vrai ce que tu dis sur ces livres qui nous éclairent d’avantage que certains reportages sur de des événements.
J’aimeJ’aime
Si tu ne le sens pas pour en ce moment, ne force pas, il attendra son heure.
J’aimeJ’aime
Six jours est un roman à la fois fascinant et dérangeant… mais terriblement efficace et prenant ! Magistral !
J’aimeJ’aime
Au départ, il ne m’attirait pas car je n’avais pas compris qu’il y avait une histoire en bonne et due forme.
J’aimeJ’aime
Tu as entièrement raison, c’est bien plus frappant que certains reportages !
J’aimeAimé par 1 personne
On vit les choses de l’intérieur, ce n’est pas anodin.
J’aimeJ’aime
4 parts de tarte !! J’avais lu un article élogieux de ce roman sur Telerama. Je note donc !
J’aimeJ’aime
Et tu as bien raison !
J’aimeJ’aime
Ce roman me tente bien aussi. Je vais attendre sa sortie en poche (ouais je suis un peu con-con et matérialiste, mais j’achète tous les livres que je lis)
J’aimeJ’aime
Mééénon, Emilie, faut pas dire ça ! J’ai ma fille cadette que je pousse tant et plus à aller en médiathèque mais dont je vois bien qu’elle préfère s’acheter ses bouquins (mais pas les brochés, trop chers), donc t’inquiète que je peux comprendre 🙂 !
J’aimeJ’aime