Un an déjà s’est écoulé depuis ma découverte du Salon Lire en poche de Gradignan et j’ai eu le plaisir de m’y rendre à nouveau le week-end dernier.
Le samedi au moins, le soleil était à nouveau au rendez-vous et c’est toujours aussi agréable de profiter du cadre, la médiathèque et le Théâtre des quatre saisons, adjacent, qui sont les lieux où se déroulent les animations, se situant tous les deux dans un beau parc.
Nombre d’auteurs de qualité étaient présents mais je n’ai pas fait ma groupie auprès d’eux, n’ayant pas forcément lu leur dernier ouvrage (c’est le cas pour celui de Jeanne Benameur par exemple, car j’attends le moment ad hoc). Quant à Sorj Chalandon, je ne lui ai pas dit ce que j’avais ressenti à la lecture de « Profession du père », bien d’autres l’ont aimé et c’est tant mieux. J’avais prévu de saluer Serge Joncour, dont j’avais savouré « L’écrivain national », mais il a dû prendre peur à l’idée que j’allais lui sauter dessus car il s’est désisté.
En revanche, j’ai pu discuter un peu avec un auteur de SF, Laurent Genefort. Je le connais de réputation mais je n’avais pas envie de lire du space opera (ses dernières œuvres), donc il m’a conseillé deux poches antérieurs qui ne s’inscrivent pas dans ce registre. Et puis j’ai craqué pour les beaux yeux un roman de Frédéric Couderc, découvert dans une rencontre avec d’autres auteurs (voir ci-dessous).
Le samedi matin, j’ai assisté au Grand entretien donné par Arni Thorarinsson (même que, maintenant, j’arrive à prononcer son prénom + nom d’une traite !), autour du thème L’Islande face à la modernité. C’est le journaliste Lionel Germain, féru de lectures policières, qui menait la danse et la présentation de l’œuvre de l’auteur (avant et après la crise qui a frappé ce petit pays de plein fouet) m’a donné très envie de la découvrir.
Sur la ligne des fractures sociales a réuni, en début d’après-midi, Florence Aubenas, Marin Ledun et Marcus Malte, avec Christine Ferniot comme médiatrice (que j’avais déjà appréciée lors de l’édition précédente).
Florence Aubenas, je le savais mais j’ai pu le constater cette fois encore, est une journaliste vive et pleine d’humour, c’est un bonheur d’écouter une femme dotée d’autant d’intelligence que de charisme.
De Marin Ledun, j’avais lu « Marketing viral », sans réaliser à quel point l’auteur était jeune (bon, il fait très jeune mais il a quand même 40 ans) (ça me va bien de faire ce genre de remarque 😉 ). J’ignorais aussi à quel point il possédait la matière qu’il utilise au sein de ses romans, vecteur qu’il a trouvé pour la rendre accessible au plus grand nombre, puisqu’il est titulaire d’un doctorat en sciences de l’information et de la communication et a mené in situ (à France Telecom par exemple) des études relatives à la souffrance au travail.
Pour ce qui est de Marcus Malte (pas encore lu), je dirai seulement qu’il a un très joli mouvement de tête pour repousser en arrière ses cheveux mi-longs et aussi, me semble-t-il, une certaine tendance à chercher à déstabiliser son interlocuteur (mais il en fallait davantage pour perturber Christine Ferniot ou encore Florence Aubenas, à laquelle il reprochait que les journaux ne rendent pas compte du quotidien des gens, alors que c’est justement ce qu’elle déplore et tâche de corriger, elle venait de l’exposer), notamment en critiquant la question qu’on lui adresse.
J’ai enchaîné avec la carte blanche donnée au parrain de cette édition, j’ai nommé Cary Férey. Autour d’un thème dont ses livres prouvent qu’il lui tient à cœur, Peuples autochtones et marginalisation, il avait invité deux romanciers que je ne connaissais pas : Alan Duff, néo-zélandais, s’intéresse aux conditions de vie des maoris, peuple dont il est lui-même originaire ;
Frédéric Couderc traite de l’apartheid en Afrique du Sud, un pays où il continue de séjourner plusieurs mois par an. Toutes les interventions étaient intéressantes et Caryl Férey, dont j’avais seulement tenté un roman (trop éprouvant pour moi car trop explicite dans l’horreur qu’il donnait à voir), s’est avéré un interlocuteur très nature, dynamique, percutant et souvent drôle, bref un écrivain « petit et nerveux » (c’est lui qui le dit car il ne recule pas devant l’autodérision) dont j’ai aimé la spontanéité et la franchise (je crois que je m’attendais à quelqu’un de sombre comme ses romans, ce qu’apparemment il n’est pas).
La dernière rencontre à laquelle j’ai assisté ce jour-là, Imaginaires sans frontières, rassemblait des auteurs de SF et de fantasy : Laurent Genefort, Christophe Lambert, Jérôme Noirez et Pierre Pevel. Heureusement qu’ils n’avaient pas besoin de médiation (quasiment inexistante …) pour échanger et être passionnants, notamment pour tout ce qui a concerné leur manière de concevoir leur projet d’écriture (« il y a les architecturaux et les scripturaux », expliquait Pierre Pevel).
Mon dimanche, beaucoup plus light, a débuté avec un Grand entretien donné par Thomas H. Cook, dont j’avais aimé « Les feuilles mortes » mais que je n’avais pas relu depuis, tout en ayant l’impression qu’il ne se renouvelait pas mais tournait toujours autour d’histoires liées à la famille. J’ai donc eu la satisfaction d’apprendre qu’il avait cessé de creuser ce sillon dans son dernier roman paru en français (« Le crime de Julian Wells ») et les deux suivants (pas encore traduits), tous s’inscrivant dans des perspectives beaucoup plus larges.
En fin d’après-midi, j’ai assisté à la lecture musicale « Les Harmoniques », à partir du roman éponyme de Marcus Malte, avec l’auteur en personne accompagné du guitariste Emile Melenchon. Cela m’a confirmé que je n’étais pas le public idéal pour les lectures (enfin, quand c’est Guillaume Gallienne, j’adore), j’avais de très loin préféré le spectacle de l’année dernière, où l’actrice s’était approprié le texte, qu’elle ne lisait pas, donc. La partie musicale, en revanche, m’a beaucoup plu. Quant au texte présenté, il s’achevait sur la description précise, par la jeune femme qui en est victime, des minutes pendant lesquelles elle est aspergée d’essence puis brûlée vive par ses agresseurs, avec tout ce qu’elle ressent dans sa chair. Comme l’auteur, dont le talent est incontestable, s’y entend pour représenter la scène au plus près de sa réalité, je serais tentée de dire que cette édition de Lire en poche s’acheva pour moi avec un goût de cendres dans la bouche … mais ce ne serait pas rendre justice au bon souvenir que, une fois de plus, ce savoureux week-end littéraire me laissera !
j’espère que tu iras sur Luocine pour entendre ce que quelqu’un pensait du livre de poche en 1964! ce monsieur ne devait pas être à ce passionnant salon!
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C’est chose faite et ça valait le coup !
Ce monsieur n’apprécierait pas du tout ce genre de salon : trop démocratique pour lui, à n’en pas douter 😉 !
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Tiens, j’ai un roman d’Alan Duff qui traîne depuis longtemps dans ma PAL et je suis occupée de lire un roman jeunesse de Christophe Lambert. Ca doit être chouette d’entendre Florence Aubenas, de fait dans « En France » elle parle du quotidien des Français « de base », on ne peut pas l’accuser de ne pas connaître cette réalité. J’ai lu un roman de Marin Ledun mais je l’avais trouvé « too much », je n’avais pas aimé (je ne me souviens même plus du titre !!)
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Je n’avais pas aimé non plus le seul que j’aie lu de lui (voir le billet que j’ai mis en lien). J’en ai vaguement tenté un autre depuis, mais ça n’a pas marché non plus, trop glauque pour moi. Dommage, car les thèmes abordés m’intéressent beaucoup.
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Plein d’auteurs que j’ai déjà lus et même croisés, dis donc : Craig Johnson, Florence Aubenas, Marcus Malte, mais quelques autres que je n’ai pas envie de relire (Caryl Férey comme toi et Marin Ledun comme Anne…) il en faut pour tous les goûts, mais quand c’est trop violent, ça ne passe plus par moi. Bref, un festival qui semble bien intéressant !
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Je te rejoins aussi pour Marin Ledun, comme je le disais à Anne. Pour Caryl Férey, j’ai pensé à toi, persuadée que tu avais pu l’entendre aux Quais du Polar (mais je ne savais plus si tu l’avais lu).
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Hé oui, ça a l’air bien (et le même WE que les RV de l’histoire à Blois et un salon au Mans, c’est dur dur!)
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Au moins, il y a du choix !
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Ah, chouette billet. Avec des découvertes et des tentations. Fan de Caryl Ferey je suis, je reconnais que c’est violent ! Tu me rends très curieuse du roman de F.Couderc ( et tu me rappelles que quelques tomes du cow-boy m’attendent encore :))
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Moi, j’en ai au moins un qui m’attend aussi !
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( A propos de polar se déroulant en Afrique du Sud écrit par des auteurs y vivant, j’ai lu pour la première fois il y a peu Louis-Ferdinand Despreez, je ne sais pas si tu connais, c’est du bon ! )
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Je ne connaissais pas, donc je note !
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C’est vrai que tu n’es pas très loin de ce salon ! Les débats devaient être très intéressants, dommage que ce soit si loin, j’aimerais bien y faire un tour une année. (mais aussi à Nancy, à Saint-Malo, à Lyon etc .. etc … partout oùl’on parle de livres quoi)
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Oui, j’habite une ville adjacente, c’est bien pratique ! Et il y a un choix de débats aussi impressionnant que le plateau d’invités !
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Ouh, tu as « vécu » ce salon !
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Ben oui, quand j’y suis, j’y suis (et j’essaie de partager mes impressions, toutes personnelles, via mon billet) 🙂 !
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Un beau week-end, et des thèmes abordés très intéressants. Merci pour ce compte-rendu. Je n’ai encore jamais croisé Sorj Chalandon, en même temps sur le région toulousaine nous n’avons que des salons du polar. (ce qui est déjà bien). J’aime beaucoup Marin Ledun, j’en ai lu deux et j’en ai un autre dans ma bibliothèque, je le trouve très accessible car il a quand même du bagage…. A Toulouse polars du sud, il y avait aussi Craig Johnson mais je ne l’ai pas vu 😦 Merci pour ces belles photos.
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J’irai revoir sur ton blog ce que tu avais dit au sujet des romans de Marin Ledun (oui, je suis frustrée de rester bloquée face à ce qu’il écrit, pour cause de glauquitude). Et tu n’as pas vu Craig Johnson ! Damned, il faudra remédier à cela 🙂 ! Pour ma part, je ne suis pas allée à la rencontre qui lui était consacrée car j’avais déjà eu le plaisir de l’entendre, mais ça vaut le coup, je te le recommande, il est très sympathique et plein d’humour.
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