« L’Amazone – A la recherche de la femme au bord de paupière noir », Pierre BALLESTER

L'AmazoneQuatrième de couverture :
Assez tôt, elle a voulu partir loin. Assez vite, on ne l’a plus revue. Pendant treize ans, ce fut dans les glaces canadiennes. Depuis dix-huit ans maintenant, c’est dans la touffeur amazonienne, au milieu des Yanomani, sur les bords du rio Marauia, à quatre jours de barque du premier bourg brésilien pourvu d’électricité. Là-bas, il n’y a toujours ni notion d’argent ni de temps, ou de propriété. Là-bas, il y a du partage, du rire, de l’insouciance… mais aussi des menaces qui s’approchent.
A la fois pionnière, institutrice, aide-soignante ou médecin par défaut, elle a enduré la faim, la malaria à vingt-deux reprises, est devenue l’une des leurs, s’est mariée à l’un d’eux, a dû même se cacher plus de cinq ans dans la forêt quand leur relation a été ébruitée.
Depuis peu, elle a créé un site de formation pour les préparer à l’affrontement inéluctable, le télescopage de deux civilisations. La nôtre, qui a déjà lourdement frappé le poumon vert de la planète – maladies, déforestation, orpaillage clandestin, endoctrinement religieux ; la leur, à l’état brut, pacifique, vulnérable…
Elle, c’est Anne, une Française qu’ils ont surnommée Mamo Kasi Ki Ixi, « la femme au bord de paupière noir ». Une force, une volonté, une générosité, une guerrière.
Alors, j’ai voulu savoir. Petit homme des villes, je suis allé la rejoindre dans le cœur de la forêt primitive où bat le sien, partager un temps sa vie, me renvoyant la mienne au regard d’une autre humanité. Parce que c’est aussi ma sœur.

Voilà un récit intéressant, intelligemment construit et, ce qui ne gâte rien, très bien écrit.
L’auteur profite du trajet effectué en avion pour rappeler le parcours d’Anne avant son arrivée en Amazonie. Puis il croise habilement le compte-rendu chronologique de son périple et les conversations qu’il a avec sa sœur (venue le récupérer à l’aéroport de Manaus) au cours de celui-ci. Il combine les réponses données à ses nombreuses questions (réponses ponctuées d’expressions québécoises, car son séjour là-bas a laissé quelques traces linguistiques chez Anne), à des extraits de lettres qu’elle a adressées à sa famille tout au long des années vécues au milieu des Yanomani.
Ce n’est qu’au bout de 160 pages qu’on arrive réellement chez eux, mais en réalité on a déjà passé beaucoup de temps en leur compagnie, grâce à ces retours en arrière et aux réflexions qu’ils suscitent. Quant aux six jours sur place, ils n’occupent que 50 pages mais le lecteur n’en est pas frustré pour autant : ce quotidien tranquille ne se prête guère à une description plus longue et l’auteur ne cherche pas à délayer.

Pierre Ballester restitue à la perfection les ambiances et les sensations (de touffeur moite, surtout !). Il nous embarque dans un voyage dont la durée (9 jours ½ à l’aller) semble voulue par Anne (le retour s’effectuera en 4 jours), comme s’il fallait que son frère prenne le temps, au fil de ce long parcours en bateau ponctué d’escales diverses, de s’immerger dans un monde qui n’est pas le sien. Il raconte en toute simplicité et nous fait partager non seulement ce qu’il voit mais ce qu’il ressent, c’est ce qui donne toute sa valeur à ce reportage-témoignage. Et, avec lui, nous nous interrogeons sur ce que notre civilisation représente : car si elle fascine les Yanomani, nous savons, nous, quels sont les corollaires du « progrès » que nous apportons …

Une belle découverte !

J'ai beaucoup aimé« L’Amazone – A la recherche de la femme au bord de paupière noir », Pierre BALLESTER
Editions de La Martinière (250 p)
Paru en janvier 2013

2 commentaires sur “« L’Amazone – A la recherche de la femme au bord de paupière noir », Pierre BALLESTER

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