Il s’appelle Halvard Sanz, il a trente ans et un profil d’ agneau pacifique, subsiste à coup de petits boulots, fréquente quelques amis et s’acoquine régulièrement avec une bouteille de whisky, quand il veut oublier qu’il n’est pas un magicien de la vie.
Il lui faudra un bon moment avant d’arriver à la théorie du chameau sauvage, celle qui permet justement de l’affronter, cette vie.
Ça commence avec un radiateur électrique qu’Halvard croit pouvoir réparer. Puis tout s’enchaîne en mode dérapage franchement incontrôlé, jusqu’à ce que surgisse Pollux Lesiak. Et là, c’est une autre histoire, enfin, pas tout à fait, parce que dans le grand flipper du monde, Halvard va encore pas mal ricocher…
Aussi improbables que son nom (dans le genre, celui de Pollux Lesiak n’est pas mal non plus), les péripéties initiales de notre héros du quotidien confinent par moments à l’absurde, tant Halvard semble être le jouet de forces (ou d’êtres) qui le dépassent (mais n’est-ce pas le lot de tous les humains ?). Heureusement, comme il nous l’explique, il a un ange gardien, Oscar (lequel n’intervient pas très souvent, il faut le dire) et aussi une réelle capacité à tirer des leçons de ses expériences (sous forme de maximes figurant EN MAJUSCULES dans le texte). Le récit proprement dit est assorti de moult commentaires à forte teneur auto ironique, précisant ce qui lui passe par la tête au fur et à mesure et abondés de parenthèses (c’est cool, les parenthèses).
Il y a des tas et des tas de passages qui m’ont fait rire, Halvard s’y entend pour nous rapporter ces événements d’un passé récent de manière très réjouissante, normal, il a pris le parti de voir tout cela avec un peu de recul. Pourtant, dans le fond, il ne trouve pas drôle de devoir se coltiner avec la vie, lui qui peut avoir tant de mal ne serait-ce qu’à sortir de chez lui. Et si l’humour permet de masquer sa difficulté à être, celle-ci, sous-jacente, se fait soudain manifeste dans les soixante-dix dernières pages du livre, dont la tonalité risque de surprendre le lecteur.
« Le chameau sauvage » est un roman incroyablement drôle (pour peu que vous soyez réceptif à ce type d’humour et j’espère que ce sera le cas) mais aussi incroyablement (bien) écrit : une faconde irrésistible, de la trivialité mais toujours ponctuée de réflexions-au-passage (introspectives ou non) diablement piquantes, le tout additionné de métaphores avec même un zeste de poésie à l’occasion, on en redemande !
« Le chameau sauvage », Philippe JAENADA
Editions J’ai Lu (382 p)
Paru en 1997
Prix de Flore 1997
Du même auteur, sur ce blog : « Plage de Manaccora, 16H30 »
Décidément, il faut que j’essaie cet auteur! Et puis je ne serais pas contre quelques (sou)rires dans quelques jours, moi qui viens de commencer un polar TRES noir… En tout cas, ce roman me tente encore plus que celui que tu avais chroniqué précédemment!
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Je vois que tu fais le grand écart dans tes lectures, entre un roman jeunesse et un polar très noir ! (et ça me va bien, à moi, de dire ça, parce que côté lectures hétéroclites, je me pose là, si on pense au fameux roman qui m’a remise en selle et dont je n’ai pas (encore ?) parlé sur mon blog !)
J’ai trouvé ce roman-ci meilleur que « Plage de Manaccora » et pourtant il lui est très nettement antérieur. Mais « Plage de Manaccora » raconte un événement ponctuel alors que « Le chameau sauvage » s’installe dans la durée et fouille donc son personnage (un double de l’auteur) en allant au fond des choses.
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L’auteur m’a séduite avec Néfertiti dans un champs de canne à sucre et je ne compte pas en rester là. Je le trouve effectivement très drôle ! Quatre parts de tarte, il a bien de la chance.
Contente de d’avoir croisée au Festival.
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J’étais ravie de te croiser au Festival, Loo 🙂 ! (et j’espère que la petite Indienne et son grand frère vont bien !)
Je pense poursuivre avec cet auteur (peut-être pas avec « La femme et l’ours », qui m’a l’air de donner un peu trop dans les déambulations alcoolisées) : après 4 parts de tartes données sans état d’âme, il le vaut bien !
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A table, y’a de la tarte pour tout le monde ! 😀
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Yep ! Et même que je ne me suis pas fait de noeuds au cerveau pour les donner, ces 4 parts : je ne suis pas près de l’oublier, ce roman !
(dont la dernière partie m’a, d’une certaine façon, rappelé « Un homme qui dort », de Pérec)
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Il faut vraiment que je découvre moi aussi cet auteur ! Si on plus on rit, je signe tout de suite !
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On ne fait pas que rire, car il est bien connu que l’humour est souvent la politesse du désespoir, mais on rit beaucoup, quand même !
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Tu persistes et tu signes avec Jaenada, que je n’ai toujours pas lu, on se demande bien pourquoi. Je me souviens des billets enthousiastes de Véro il y a quelques années.
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Je croyais que ce n’était pas un auteur pour moi (parce que, je m’en suis souvenue, j’avais lu en bibliothèque il y a quelques années les deux premières pages de ce « Chameau sauvage » et m’étais dit « Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Pfft… ! ») , mais je pense simplement que je n’étais « pas réceptive à ce type d’humour » (mais oui, je me cite !) à ce moment-là. Comme quoi !
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4 parts? Que dire de plus, tu sais que je suis convaincue . (Méfie toi de Jaenada, ensuite on met des parenthèses partout (c’est chouette les parenthèses (on est bien d’accord)))
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Et oui, 4 parts : quand on aime, on ne compte pas !
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Et dire que j’ai failli souvent l’acheter…
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La prochaine fois sera peut-être la bonne !
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C’est un bouquin que les avis enthousiastes glanés ici et là m’ont fait sauver de la poubelle de l’immeuble, au boulot… mais que je n’ai toujours pas lu. Malgré mon sauvetage express, j’ai quelques réticences car avec ce genre de romans c’est quitte ou double. Comme tu le dis, le minimum est d’être « réceptif à ce type d’humour ». Le meilleur moyen de le savoir serait de le commencer, je sais. Mais tant d’autres attendent aussi leur tour.
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Oui, c’est vraiment quitte ou double, la preuve (voir ma réponse à Aifelle), c’est que je m’étais déjà vaguement frottée à cette écriture et m’étais aussitôt rebiffée ! A l’époque où j’avais effectué cette micro incursion, on parlait pas mal de l’auteur sur les blogs. Je ne sais pas à quoi je m’attendais mais ma première réaction a été négative. Décidément, les lecteurs sont de drôles de créatures (versatiles ?) !
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On m’en parle depuis longtemps, j’ai lu d’autres romans du même auteur, j’ai bien aimé « La Femme et l’ours »… et à présent, il faudra que j’attaque celui-ci! J’ai aussi lu plein d’avis très positifs à son sujet.
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« La femme et l’ours » ne m’attire pas beaucoup, j’ai l’impression (fausse ?) que ça fait un peu trop road trip de buveur invétéré.
« Le cosmonaute », peut-être…
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Je l’ai lu il y a longtemps celui-ci… je ne sais pas avec lequel continuer mais « Néfertiti dans un champ de canne à sucre » est un bien joli titre !
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« Le chameau sauvage » met la barre très haut, je trouve. Du coup, pas facile de trouver avec lequel poursuivre (de mon côté, je pense un peu au « Cosmonaute »).
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Ah, ça fait déjà deux fois que tu nous tentes avec TON Jaenada! C’est louche… 😉 Je vais faire comme ICB et essayer, puisqu’il n’y a que comme ça qu’on peut savoir si l’alchimie prend ou pas. Mais je me sais bon public, voire fille carrément facile niveau humour, donc ça devrait coller….
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Tsss ! C’est pas MON Jaenada, d’abord 🙂 !
(et c’est quoi, cette histoire de fille facile, Gwen : je ne te connaissais pas sous ce jour-là !)
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Il semble que ce soit le meilleur pour découvrir l’auteur. 4 parts de tarte ? Je ne peux que noter.
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« Plage de Manaccora » était une belle entrée en matière, qui m’a permis de me faire une idée du style de l’auteur dans un format court. Donc ça peut être bien de commencer avec celui-ci, malgré tout.
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J’avais adoré ce livre pour le style (je suis moi-même accro des parenthèses) mais honnêtement, je ne me rappelle plus du tout de l’histoire ;(
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Oups ! Bon, l’essentiel est que tu souviennes que tu avais adoré ce style 🙂 !
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La petite indienne va bien. Depuis elle s’est transformée en espagnole, danseuse et même maitresse. Au plaisir.
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Excellent souvenir de lecture, mais qui commence à dater !!! Il va falloir que je me plonge dans un autre Jaenada !
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