« L’Art du jeu », Chad HARBACH

A l’occasion d’un match de base-ball, Mike Schwartz, étudiant et membre de l’équipe du Westish College, repère Henry Skrimshander, un jeune homme dont la qualité de jeu comme arrêt court le sidère. Mike décide de le faire entrer à Westish pour qu’il y intègre son équipe.
Grâce à lui, Henry est donc invité à rejoindre le Westish College. Il partage la chambre d’Owen Dunne, doit travailler comme plongeur pour subvenir à ses besoins et  trois mois s’écoulent avant que Schwartz se manifeste.
Celui-ci prend alors son entraînement en main et pendant deux saisons consécutives, les jours de dur labeur et les matchs se succèdent.
Alors qu’Henry est arrivé au milieu de la troisième saison de championnats, les recruteurs ont les yeux braqués sur lui car il est en passe de devenir l’arrêt court parfait, à l’image de cet Aparicio Rodriguez dont il connaît par cœur le traité, « L’Art du jeu »…

Après une entrée en matière très accrocheuse qui m’avait séduite (j’aimais cette vision de la beauté du geste de Henry et l’attention que Schwartz lui portait), « L’Art du jeu » m’a un peu surprise car je me demandais où l’auteur voulait en venir. En 70 pages, on survole deux ans et demi de la vie de Henry, Owen et Schwartz, avec un accent mis sur les entraînements et les matchs, mais sans que caractères et relations soient vraiment creusés. Tout au plus perçoit-on clairement le désir de perfection de Henry, jamais rebuté par le caractère éprouvant des entraînements et l’addiction de Schwartz aux anti-inflammatoires et autres médicaments qui l’aident à tenir le coup car le football et le base-ball ont mis son corps à trop rude épreuve.
Dans le paysage esquissé intervient alors le président de l’université, Guert Affenlight, âgé de soixante ans et fasciné par Owen, avec une parenthèse originale sur sa vie passée et la manière dont elle est indissociablement liée à celle de Westish. Surgit enfin sa fille Pella, fuyant un mariage contracté trop jeune et qui ne tarde pas à croiser Schwartz.
Ah, ça y est, les 100 premières pages sont écoulées et tous les protagonistes sont réunis quand un incident survient : Henry rate une balle… et le drame peut commencer, c’est donc vers cela que l’auteur s’acheminait !
Mais, sans m’ennuyer car ce roman se laisse lire (l’incident est de taille et ses conséquences affectent la vie de l’ensemble des personnages), la suite ne m’a pas captivée : les différents acteurs dudit drame ne m’ont semblé que peu intéressants et crédibles et leurs problèmes personnels-existentiels n’ont rencontré chez moi qu’un faible écho. Il n’y a guère que Pella qui ait trouvé grâce à mes yeux, non parce que c’est le seul personnage féminin mais parce que c’est celle qui m’a paru la plus vraie.
Et puis, quand on n’est pas tombé dedans tout petit, tel l’Américain moyen, et qu’on n’entend donc strictement rien au base-ball (et ce n’est pas faute de m’en être fait expliquer les règles mais il faut croire que les joueurs ne sont pas forcément pédagogues), il y a quand même, quoi qu’en disent d’autres lecteurs, tout un lot de passages qui vous passent complètement au-dessus et c’est fort dommage.

Bref, j’ai vu mieux comme roman de campus (et comme roman tout court). Et au final, ce que j’en retiendrai, ce sera l’évocation du campus (imaginaire, je précise) lui-même. L’auteur s’est amusé à inventer toute une histoire justifiant la place qu’y occupe l’écrivain Herman Melville (et la manière dont l’université en a tiré parti pour accroître sa notoriété). Pour couronner le tout, ce campus est situé dans le Wisconsin, au bord du lac Michigan, presque une petite mer intérieure : tout pour me plaire.

J’ai lu « L’Art du jeu » (repéré chez Voyelle et Consonne) avant « Karoo » et ce furent coup sur coup deux déceptions (et deux pavés) made in USA, alors que ces romans ont bonne presse (décidément, je fais ma difficile) : ma littérature de prédilection m’a joué des tours !

« L’Art du jeu », Chad Harbach
traduit de l’anglais (Etats Unis) par Dominique Delfert
Editions J.C. Lattès (664 p)
Paru en mai 2012

30 commentaires sur “« L’Art du jeu », Chad HARBACH

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  1. Je commence à me méfier des pavés made in USA dont j’étais très friande auparavant… et ton avis sur celui-ci me fait persister dans cette impression qu’ils ne sont pas tous des révélations extraordinaires.

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    1. Heureusement, dans les deux cas, ce sont les bibliothèques qui m’ont permis de satisfaire ma curiosité ! Plus qu’à espérer que mes prochaines lectures me conviendront davantage (mais « L’Art du jeu » et « Karoo » ont un peu plombé mon envie de lire).

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  2. Bon, ben en voilà un de moins sur la liste de mes envies! C’est bien, tu m’aides à faire le tri…Tes arguments me font penser que je n’aimerai pas. Et moi non plus je ne comprends pas grand-chose au base-ball, même sur la wii je ne comprenais pas ce qu’il fallait faire, alors…

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    1. Ta remarque sur la wii m’a bien fait rire !
      Quant à aider pour le tri, tu le fais aussi de ton côté : c’est ça qui est bien lorsqu’on trouve des blogueuses avec lesquelles on a des affinités de lecture :).

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    1. C’est qu’il y en a quand même un peu, beaucoup, du base-ball…
      Mais, bon, si le roman m’avait vraiment plu par ailleurs, je m’en serais accomodée, je pense.

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    1. Et tu cours vers quelle base, là, au juste ?!
      (parce que je n’y comprends rien, moi, à toutes ces bases ! Et ça me rappelle « Rain Man », avec Dustin Hoffman qui n’arrêtait pas de marmonner un truc du genre « Qui est le joueur de troisième base ? »)

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  3. Comme tu l’avais vu, j’ai plutôt bien aimé. J’ai trouvé les personnages assez justes (à part Pella qui m’a semblé trop caricaturale) et pris dans un moment intéressant de leur vie. Le côté base-ball ne m’a ni déplu ni ennuyé et pourtant je suis loin d’être connaisseur. Bref, nos avis sont pour le moins contrastés!

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  4. Bon, il ne m’attirait pas, je peux l’oublier, j’aime bien quand tu déblaies pour moi 😀
    ( et puis, la couverture, je n’accrocha pas du tout… moi, quand il n’y a pas d’images ;-))

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    1. C’est malin, j’ai l’impression d’être un engin de chantier maintenant (une pelleteuse ou un truc du genre !) !
      Et tu me fais rire avec tes images de couverture : si c’est pas une déformation professionnelle, ça !

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  5. Je m’étais laissée prendre aux bonnes critiques mais le base-ball me faisait un peu peur car je n’y connais rien. Bon je vais me ranger à ton avis, je passe mon tour !

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    1. Franchement, si j’avais davantage accroché, je pense que le baseball serait passé (la preuve, il est passé pour d’autres), mais là… Donc s’il n’y a que cela qui t’inquiète, ça vaut le coup d’aller te faire ta propre opinion.

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  6. c’est dommage en effet que tu n’aies pas trouvé echo, moi je les ai tous trouvés terriblement humain et attachant et j’ai pris énormément de plaisir à lire ce roman, malgré les passages sur le baseball auxquels je n’ai, effectivement, rien compris. Mais ça ne m’a pas gêné vois tu !

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    1. Je pensais prendre moi aussi plaisir à cette lecture, mais elle m’a déçue (et si j’avais aimé comme cela a été ton cas, le baseball serait passé sans problème, embarqué avec le reste, je pensais d’ailleurs qu’il en serait ainsi).

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  7. Ca tombe bien, il ne m’attirait pas des masses (pourtant pavé américain … 😉 ) mais le base ball bof. Pourtant, j’avais été voir un match à NY et j’avais aimé. Rien compris mais l’ambiance était chouette.

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    1. Ah, mais peut-être que tu trouverais l’ambiance du bouquin aussi chouette que celle du match, va savoir !
      (et puis, il a reçu hier le prix Page « America » de la part des libraires, au Festival America, ce roman : c’est dire s’il plaît… sauf à moi 😦 )

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  8. Rien à voir mais je t’ai croisée ce week-end. J’ai reconnu ta belle chevelure dont la fille aux cheveux raides que je suis ne peux qu’être jalouse.

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  9. Je ne l’avais pas vu ce billet-là. Quand je lis le mot baseball, j’ai déjà tendance à aller tout de suite ailleurs, alors avec ton avis, je passe résolument (dommage pour l’auteur qui avait l’air bien sympa).

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    1. Quand même, si tu en as l’occasion, tu pourrais essayer (pour l’auteur !), je serais curieuse d’avoir ton avis (il est tellement encensé par les libraires (le livre, pas l’auteur !)).

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