« L’insoutenable légèreté de l’être », Milan KUNDERA

Prague (Tchécoslovaquie), en 1968
Tomas est un chirurgien réputé. Et aussi un homme qui aime les femmes. Parmi elles, Sabina, une artiste qui semble le cerner mieux que les autres mais aussi la toute jeune Tereza, que le hasard a déposée sur son chemin et qui s’est installée chez lui.
Franz est un professeur, marié à une épouse qu’il n’aime plus guère. Il trouve en Sabina une femme qui l’extrait avec bonheur de son quotidien.
Les bouleversements politiques liés au printemps de Prague auront une influence décisive sur la vie de ces personnages…

J’ai lu ce roman sur pas loin de deux mois et je l’ai achevé en sachant que je le relirais (mais n’est-ce pas là la marque des plus grands, qu’une seule lecture ne peut épuiser ?).
Ma lecture morcelée ne m’a pas gênée. Car certes il y a une histoire, mais ce n’est pas elle qui m’a retenue, pour moi elle était accessoire et dès lors le délai n’avait plus d’importance. Seule comptait, à chaque reprise, la densité du fragment découvert (mais sans doute une relecture me permettrait-elle de mieux appréhender la manière dont chacun s’ajuste aux autres et d’améliorer ainsi ma vision d’ensemble de la pensée de l’auteur).
Le récit est introduit de manière surprenante par quelques pages de réflexion sur le mythe de l’éternel retour, exposant notre impossibilité à rejouer nos vies. Composé de chapitres courts brossant le parcours des divers protagonistes, il est entrecoupé des considérations diverses qu’il suscite au fur et à mesure chez l’auteur. Elles sont parfois isolées sous la forme de notes brèves, sortes de micro essais thématiques sur les sujets les plus variés, du hasard aux mots incompris (fidélité, trahison, cortèges, cimetière…), dont l’auteur dresse un « Petit lexique » en passant par quelques réflexions sur Beethoven sans oublier, bien sûr, la théorie relative au « kitsch ».
Il n’est guère besoin, ici, de croire et de s’attacher aux personnages (mais je ne dis pas qu’on ne peut pas y croire ni s’y attacher). L’auteur lui-même apparaît à diverses reprises pour rappeler qu’ils sont des personnages et le but dans lequel il les a créés, afin d’emprunter des voies qu’il aurait pu prendre et c’est ainsi que leurs vies et leurs questionnements nous renvoient directement aux siens et finalement aux nôtres.
Le roman dépasse donc l’histoire et l’analyse de la personnalité de ces quelques individus. Sous l’apparente simplicité d’un style très fluide et accessible, tout en immédiateté, il a une dimension psycho-politico-philosophique telle (l’essence des êtres et de quoi leurs rêves sont faits, les liens qu’ils nouent entre eux et leur solitude, le groupe organisé autour d’une idéologie…) qu’il s’y trouve en permanence matière à réflexion(s).

Traçant quatre trajectoires individuelles, « L’insoutenable légèreté de l’être » illustre à sa manière une époque et un lieu particuliers (la Tchécoslovaquie pendant et après le printemps de Prague) mais aussi une certaine conception du monde.

« L’insoutenable légèreté de l’être », Milan KUNDERA
Editions Folio (455 p)
Traduit du tchèque par François Kérel en 1984
Traduction revue par l’auteur en 1987

21 commentaires sur “« L’insoutenable légèreté de l’être », Milan KUNDERA

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  1. Quand je vois que tu as mis 4 parts de tarte, encore !!! ^^;-) j’ai du mal à avouer que je l’ai lu il y a très longtemps mais … que je n’en garde absolument aucun souvenir ! 😦

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    1. J’aimerais bien choisir mes lectures de telle sorte qu’elles recueillent toujours 4 parts de tarte 🙂 !
      Quant au livre, je te conseillerais bien de lui donner une seconde chance… mais il faut que tu en aies envie.

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  2. Lu quand j’étais au lycée, ce fut un coup de foudre. Depuis je voue un culte à cet auteur … Mon fils porte d’ailleurs aussi son prénom en deuxième position. 😉

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    1. Ah oui, quand même (dit celle qui a donné un deuxième prénom à une de ses filles en pensant à certain personnage de théâtre !) !
      Je découvre Kundera avec ce roman et je pense ne pas m’arrêter là (tu aurais un titre à me recommander plus particulièrement ?).

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  3. Je l’ai lu avec plaisir, mais il y a tellement longtemps que je ne m’en souviens plus du tout… Voilà une bonne raison pour une relecture, non ??? 😉

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    1. C’est ce que je dis souvent à ma fille des livres que je l’incite à découvrir… et qu’il faudrait que je relise maintenant pour pouvoir en parler avec elle, car mes souvenirs sont bien trop diffus.

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  4. Quel souvenir cette lecture ! Marquante. Alors oui, ton billet me dit qu’il faut le relire maintenant. Je l’ai confié il y a peu à mon ado de fille ( pour rester dans la thématique prénom littéraire 😉 ) qui refuse de me le rendre… Et j’en suis heureuse !

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    1. Mon ado de fille aussi veut le lire… et c’est aussi une voleuse de livres 🙂 !
      Au passage, je note que cette fois aussi nos goûts se rejoignent, du coup, zéro chipotage 😉 !

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  5. De ce titre – que je n’ai pas lu – je garde le souvenir d’un film que j’avais trouvé d’un barbant… Pas de quoi me donner envie de découvrir le texte original, malgré tes 4 parts de tarte 🙂

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    1. Mais le film est INSOUTENABLE ! J’ai tenu 10 mn (en me forçant) et j’ai arrêté le massacre… du livre que je venais de lire !
      Croisé pas plus tard que ce week-end un ami qui (il ya trèès longtemps) m’avait dit que « L’insoutenable légèreté de l’être » était un de ses livres préférés, et lui aussi n’a pas supporté de voir le film en entier.

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